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Fiche éditée le 7 octobre 2010

Antoine ARGOUD

Colonel

argoud26 juin 1914
10 juin 2004
polytechnique

Né le 26 juin 1914 à Darney , dans les Vosges, Antoine Argoud , après de brillantes études secondaires est admis à l'Ecole Polytechnique et opte pour la carrière militaire lorsqu'il sort en 1934, à 20 ans, parmi les premiers de sa promotion.
Lors du désastre de 1940, il supporte mal l’effondrement militaire de la France devant la Wermacht. Il choisit de rallier au Maroc l'armée française que tente de reconstruire le général Weygand en Afrique du Nord plutôt que la France libre de de Gaulle.
Lors du débarquement allié en novembre 1942, chef d'escadrons, il rejoint la 2e division blindée de Leclerc, participe à la campagne de Tunisie, à la libération de la France et à la campagne d'Allemagne.
Diplomé de l'Ecole de guerre, il est affecté pendant trois ans à l'Etat-major de de Lattre qu'il admire, mais ne le suivra pas lorsqu'il sera nommé commandant en chef en Indochine, préferant se consacrer à l'arme blindée qui le passionne.
C'est Antoine Argoud qui apportera son talent à la création de la brigade "Javelot" au sein de la 7e division mécanique, première unité de l’armée française de l’ère atomique.

argoud

Attaché militaire auprès du secrétaire d'état à la défense en 1954, il est le plus jeune colonel de l'armée française lorsqu'il reçoit en 1956 le commandement du 3e régiment de chasseurs d'Afrique (RCA) stationné en Algérie dans le secteur de l’Arba.
Les contacts avec ses camarades revenant d'Indochine ont déja révélé à Argoud la nécessité de répondre à la guerrilla par des actions appropriées de contre guerilla, très éloignées des modèles prévus dans les conflits classiques.
Il écrit à cette époque " L’exemplarité est obtenue par la sévérité et la célérité. Il existe une justice pour les temps de paix et une législation pour les temps de guerre or nous sommes en temps de guerrre révolutionnaire ! ", et va appliquer des méthodes expéditives qui vont impressionner les fellaghas et rassurer la population locale de L'Arba.

En 1957, à l'issue de son temps de commandement, il est éloigné de l'Algérie où son attitude dérange les politiques, pour un séjour en sein des forces françaises en Allemagne qui le tient à l’écart de la bataille d’Alger et du coup d’État du 13 mai 1958.
Il retrouve toutefois l'Algérie, en qualité de chef d’État-major du corps d’armée d’Alger sous les ordres du général Massu.
Le 24 janvier 1960, Argoud est maintenu à son poste lors du limogeage de Massu et son remplacement par Crespin . En première ligne lors de la journée des barricades, il est convaincu que ce soulevement civil appuyé par des chefs militaires doit nécessairement provoquer un changement de politique de de Gaulle ou son départ du pouvoir.
Malgré une entrevue avec Michel Debré venu discrètement à Alger, le changement espéré ne viendra pas et Argoud est muté à Montpellier puis à Metz.

Le 21 avril 1961 c'est le Putsch. Le général Gardy et le colonel Argoud qui ont été envoyés par Challe à Oran pour persuader le général de Pouilly, chef du corps d’armée d’Oran, de rejoindre leur mouvement se retrouvent complètement isolés du fait du départ de la ville du général de Pouilly et du préfet d'Oran, de l'échec du Putch à Alger et de la rédition du général Challe.
Argoud opte alors pour l’exil et la clandestinité et gagne l’Espagne.

Argoud est condamné à mort par contumace le 17 juillet 1961. A la demande du gouvernement français il est arrêté et interné par les espagnols aux Canaries. Il s'en évade en février 1962, rallie le Conseil National de la Résistance (CNR) de Georges Bidault et Jacques Soustelle, entre en contact avec le capitaine Pierre Sergent et le lieutenant Godot, et devient le chef de l'Organisation Armée Secrète (OAS) en France.
argoud Il est en Allemagne, le 25 février 1963, lorsqu'une opération «Barbouzes», menée par les mafieux Boucheseiche et Renucci, l'enlève à la sortie de son hôtel à Munich et le ramène en France.
Le colonel Argoud est à nouveau, condamné à la détention criminelle à perpétuité en décembre 1963 par la cour de sûreté de l’État. L’amnistie du 15 juin 1968 le libère. Il quitte la prison de la Santé pour gagner à pied son village de Darney dans les Vosges en passant par Colombey les deux Eglises.


argoud

Antoine Argoud va alors se consacrer à sa première passion : la graphologie. Il ouvre un cabinet et est consulté en qualité d'expert par le tribunal de Nancy.
Il restera toujours fidèle à ses amis politiques et consacrera son bénévolat à la défense de ses compatriotes.
En 1974, Il publie son unique livre, « La Décadence, l’Imposture, la Tragédie », ouvrage de mémoires autant qu’un manifeste contre la trahison gaulliste.
Le colonel Antoine Argoud décède le 10 juin 2004, à 89 ans, à l'hopital de Vittel dans les Vosges . Il est inhumé dans son village natal à Darney.


Celui que l'écrivain pied noir Jean Brune qualifiait de dernier paladin du monde occidental a rejoint la petite phalange de ses camarades d'infortune et de fidélité, les colonels Gardes et Godard, le commandant Guillaume, le général Salan, et tous ceux qui, il y a un demi-siècle, on écrit cette page de l'histoire de la France.

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Texte, présentation et dossier audio par C.Aïcardi

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