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Fiche éditée le 7 juin 2010

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HISTORIQUE DU
8e REGIMENT DE CUIRASSIERS

(par le Lt-colonel (H) Henri Azema
d'après un fascicule édité par le régiment)

"Veut, sa Majesté, réduire les compagnies de cavalerie en régiments et escadrons sous le nom de personne qu’elle estime avoir la volonté et le pouvoir de les faire subsister"


C’est en ces termes qu’une ordonnance royale de 1635 a crée en France les régiments de cavalerie.
Le cardinal de Richelieu fait revêtir à ce régiment une cuirasse par-dessus l’habit et le confit au Mestre de Camp Marquis d’Aumont. Celui-ci charge à Rocroi (1643) à la tête de cette unité et s’y couvre de gloire ainsi qu’à Fribourg où il repousse mille cavaliers ennemis avec trois cent hommes de son régiment. Sous les ordres des Mestres de Camp Chappe puis Villequier, le régiment participe à toutes les campagnes.

1665 - CREATION:

Louis XIV, qui voulait avoir un régiment "à l’instar de ceux de l’Empereur" crée en 1665 le corps de cuirassiers du Roi, ancêtre du 8ecuirassiers. Partout et toujours à la pointe de tous des combats, ce régiment devait immortaliser la cuirasse complète qu’il était le seul à porter.
Sous les ordres du marquis de Villequier, qui commande au nom de Sa Majesté avec le titre de Mestre da Camp-Lieutenant, le régiment reçoit le baptême du feu pendant la guerre de dévolution où il participe au siège de Lille, à la défaite de l’armée espagnole du comte de Manon, puis sous les ordres de Charles de Broglie, comte de Revel, son nouveau Mestre de Camp, à l’investissement de la Franche-Comté qui fut mené avec un tel brio que la Cour d’Espagne indignée s’écria : "Le roi de France aurait pu envoyer ses laquais au lieu se s’y rendre en personne".

1672:

L’invasion de la Hollande, le régiment se rend célèbre le 4 juin 1672, par le fameux passage du Rhin à Wesel qu’on regarde "comme l’action de guerre la plus éclatante du siècle, comme une de ces entreprises hardies que seul le résultat peut justifier".
Un procédé curieux de passage de cours d’eau est inauguré au cours de cette action par nos cavaliers: la violence du courant, combinée avec l’intensité du tir de l’ennemi, ayant noyé de nombreux combattants, les escadrons protégés par une canonnade intensive s’élancent en une masse homogène, créant un véritable barrage vivant qui leur permet de passer et de s’élancer brutalement sur les hollandais médusés.
Ceux-ci, pourtant beaucoup plus nombreux, prirent la fuite sans insister devant une telle audace. Le roi et Condé sont enchantés de la tenue de ces cuirassiers dont Boileau dit que "Le Rhin à leur aspect, d’épouvante frissonne".
A Cassel en 1677, l’ennemi abandonne 17 étendards, 44 drapeaux et 3000 prisonniers.
Les cuirassiers chargent à Neerwinden en 1693, bataille gagnée par le duc de Luxembourg.
L’organisation des cuirassiers durant cette période est l’objet de fréquents changements tant dans la composition que dans les effectifs; le nombre des escadrons varie de deux à trois, celui des compagnies de six à douze. Une compagnie d’élite dite de carabiniers, sera créée dans le régiment et recevra la mission de "Toujours marcher en tête".
Au cours des guerres du règne de Louis XIV, dans lesquelles il brille par son allant et de sa belle tenue, le régiment perd malheureusement la presque totalité de ses officiers et de ses cuirassiers. Chaque fois réformé et remis sur pied par la volonté du Roi, il vole de gloire en gloire avant d’entrer dans la période de paix relative qu’amène avec lui l’avènement du Roi Louis XV.

1715:

Au cours de ces années d’inactivité forcé à laquelle ils ne sont pas accoutumés, les cuirassiers font connaissance avec les premiers principes de la discipline et de balbutiants essais de manœuvre. Nous assistons également à la création des premiers camps d’instruction. Les cuirassiers sont envoyés au camp dit de la Saône où ils subissent quelques transformations et une instruction intensive.
Le régiment se distingue pendant la guerre d’Espagne et d’Autriche et mérite plusieurs mentions particulières dans les comptes-rendus des maréchaux de Cogny et de Noaille sous lesquels il sert successivement. De nombreux officiers et cuirassiers sont tués ou blessés aux batailles de Dettingen, Fontenoy, Raucoux, Lawfeid.
Il est curieux de noter également, que tous les Mestres de camp-Lieutenants qui se sont succédés à la tête des cuirassiers du Roi, ont été promus Brigadiers de cavalerie (Général de Brigade) mais qu’ils ont conservé pendant un certain temps, malgré leurs fonctions plus importantes, le commandement direct du régiment. En 1788, le Roi renonce à son titre de Mestre de Camp de ses cuirassiers.

1789 - GRANDE REVOLUTION:

En 1789 le Comte Charles de Lameth qui commande depuis l’année précédente est élu député de la noblesse aux Etats Généraux.
La révolution française et les lois de réorganisation de l’armée font perdre aux cuirassiers du Roy leur nom glorieux; le régiment devient le "8e régiment de cavalerie cuirassiers". On l’appellera plus communément, car il est le seul à porter la cuirasse, le régiment des cuirassiers. L’entête de certaines pièces officielles portent même cette appellation curieuse "8e Régiment ci-devant Cuirassiers du Roy". Entre temps les Mestres de camp sont devenus des Colonels.
De tous les rapports d’inspection de l’époque, il ressort qu’il est un "des plus beaux sinon le plus beau corps de cavalerie". Il participe à toutes les campagnes de la Révolution, du Directoire, du Consulat et la liste des batailles où il s’est couvert de gloire serait trop longue à citer. On se contentera de Valmy, Hoobschoote, Wattignies, Fleurus, Altendorf, Hoschstaedt, Hohenlinden entre autres. La tenue du régiment à Valmy fait dire à Kellermann que "les cuirassiers ont été un modèle de courage et d’intrépidité".

LE CONSULAT:

En 1801 le 1er régiment decavalerie reçoit des cuirasses, ce qui crée une véritable dissension entre le colonel commandant le 1e régiment et le 8e, le colonel Merlin. Celui-ci fort de l’ancienneté de son corps s’appuyant sur le fait qu’il est le seul à porter la cuirasse depuis cent trente cinq ans, demande à prendre le n° 1 des Cuirassiers. Mais malgré ces bonnes raisons il n’obtient pas satisfaction.

1803:

Le consulat décrète la création de 12 régiments à l’instar du 8e de cavalerie. Ils porteront le nom de régiment de cuirassiers et seront dotés de la cuirasse et le nom de régiment de cavalerie disparait pour être remplacé définitivement par celui de "8ecuirassiers".

1804 - L’EMPIRE:

C’est donc plein d’expérience avec des cadres formés à la dure école de la guerre que le 8e cuirassiers assiste à l’avènement de l’Empereur Napoléon 1er qui reconnait la valeur de ce splendide régiment en faisant figurer sur les deux premières promotions de la Légion d’Honneur de nombreux officiers du cops. Les noms retentissants des victoires de l’Empire viennent s’ajouter au glorieux palmarès de nos cuirassiers. L’Europe entière devait vibrer sous les lourds sabots de leurs chevaux et se souvenir longtemps du cliquetis de leurs sabres. Ce périple incessant passe par Caldiero, Tagliamento, Heilsberg, Friedland. La paix de Tilsitt stoppe net une charge de nos escadrons contre les russes. La grande armée dissoute, le régiment se rend à Sandow d’où, après une période de calme dont il profite pour panser ses plaies, il repart pour se jeter dans les combats d’Essling, de Wagram, Wagram, belle bataille pour l’empire, mais bien triste souvenir pour ceux du 8e qui en revinrent. Dans le cadre de la 3e division de cuirassiers commandé par le duc de Padoue, le 8e régiment effectue, sous une chaleur torride, une progression extrêmement pénible pris sous de violents tirs qui tuent et blessent nombre d’hommes et chevaux; la division reçoit l’ordre de charger les autrichiens terrés dans de solides positions, à travers un terrain particulièrement mouvementé sur lequel n’est guère possible de grouper plus d’un escadron. Etonné d’une telle décision contraire au simple bon sens le duc de Padoue se fait confirmer l’ordre en question et c’est la mort dans l'âme qu’il doit accomplir cette action qui, menée à bien grâce au courage de ses cuirassiers n’en laisse pas moins sur le terrain une grosse partie de ses effectifs.
Une partie du 8e rattachée au 3e régiment provisoire de cuirassiers participe à la campagne d’Espagne au cours de laquelle cette unité s’illustre par de nombreux faits d’armes, tel que celui mettant aux prises un sous-officier et huit hommes avec deux pelotons de hussards qui, chargés fougueusement prennent la fuite après une résistance acharnée mais vaine.
Les cuirassiers font maintes fois l’objet de la sollicitude toute particulière de l’Empereur et c’est sur eux qu’il compte pour ouvrir la marche de ce qui devrait être la glorieuse mais qui fut la désastreuse campagne de russie. Elle sera néanmoins l’occasion d’apporter un nouveau fleuron à la gloire des cuirassiers. En ouvrant à la grande armée les portes de Moscou par la prise de deux redoutes ennemies, le régiment pourra inscrire un nouveau nom à son étendard ‘"La Moscova".
Les cuirassiers participent ainsi à toutes les batailles et le nom de Hanau viendra encore s’ajouter à leurs couleurs. A Waterloo, ils remplissent fidèlement leur devoir jusqu’au bout. Ainsi le 16 juin 1815, au combat des quatre-bras, le régiment charge et anéantit un carré anglais, le cuirassiers Henry s’empare du drapeau du 69e régiment d’infanterie anglais.
Dissous en 1815, il est reformé en 1826 mais nulle bataille ne viendra s'ajouter à son palmarès avant la guerre de 1870.

1870:

Guerre dure, guerre meurtrière, guerre de sacrifice qui lui valoir au cotés du 9e cuirassiers avec qui il forme la brigade Michel, le plus beau, mais aussi le plus triste fleuron de sa couronne de gloire: la bataille de Morsbronn, plus connu sous le nom de "Charge de Reichshoffen".
En fin de matinée du 6 août 1870, la bataille engagée s’annonce peu favorable à nos armes, le feu augmente d’intensité et se rapproche du régiment qui à cheval se tient prêt à intervenir. Toute l’infanterie est engagée, le commandement ne dispose plus d’aucune réserve, nos forces refluent en désordre sous une poussée des lignes prussiennes. Seule une action héroïque peut stopper cette avance, c’est à la brigade Michel qu’on demande de se sacrifier. La charge est sonnée, le 8e s’engage en tête, et c’est un véritable raz de marée qui descend sur le village de Morsbronn. Un déluge de feu creuse des coupes sombres dans les rangs des fougueux cavaliers, qu’importe, ceux qui restent continuent. Ils arrivent en trombe dans le village où ils sont tirés à bout portant des fenêtres, ils chargent désespérément avant d’être arrêté par une barricade devant laquelle ils font demi-tour sous le feu. Les débris des deux régiments luttent encore dans le fond du ravin qui borde l’agglomération. Quelques officiers et cuirassiers se regroupent autour du colonel. Puis pris à parti par les hussards ennemis, ils réussissent à s’engager dans la forêt de Haguenau et cherchent à regagner nos lignes qu'il rejoindront dans la nuit.
Au cours de cet engagement historique, le 8e cuirassiers a perdu les deux tiers de son effectif. Le général Guiot de la Rochere écrira plus tard "Ils n’ont à espérer, ni secours, ni appui; ils accomplissent leur mission avec vigueur, l’entrain et le dévouement que l’ont trouve toujours chez les cuirassiers. Ils se sacrifient et arrachent aux ennemis des cris d’admirations".
Sous la vive impulsion de son colonel, le régiment, se réorganise; les rescapés du 9e cuirassiers viennent combler les pertes. Après un bref séjour au camp de Chalons, il est de nouveau engagé et, malgré des prodiges de valeurs, à la bataille de Sedan, il entend avec tristesse la sonnerie du "Cessez le feu" qui amène avec elle le signal de la capitulation.
Fait prisonnier, le régiment est perpétué en France par le 8e Régiment de Marche, formé avec des éléments d’origines diverses; Ce corps n’aura qu’une vie brève, car le colonel et de nombreux officiers, sous-officiers et cavaliers sont libérés et reforment avec le 8e Régiment de Marche et le dépôt une unité qui participe au deuxième siège de Paris avec l’armée de Versailles.

1875 - III° REPUBLIQUE:

Aucun fait marquant n’est à signaler durant la période qui s’étend de 1871 à 1814 et sur laquelle prend fin le remarquable ouvrage du capitaine d’Amonville "Les cuirassiers de Roy" qui a servi à la base de ce travail. Il fourmille d’anecdotes amusantes telle que celle-ci:
"A Lodi le colonel Martin voulant éviter à ses hommes le mal du pays, les obligeait à jouer aux barres, et dès qu’un cuirassier était pris à rêvasser, un camarade était chargé, à l’aide d’une chambrière, de le faire courir autour du manège".
Une autre fois, alors que le 8e s’apprêtait à charger en face de la cavalerie ennemie, un lieutenant admirait le cheval d’un officier adverse, son maréchal des logis lui propose de le lui vendre. Aussitôt dit, aussitôt fait et notre maréchal des logis de fondre comme la foudre sur la ligne ennemie désarçonnant l’officier devant la troupe médusée et de ramener le cheval.

1914 – 1918:

1914: Petits-fils des héros de la Moskova et de Morsbronn, les cavaliers du 8e cuirassiers ont continué les glorieuses traditions de sacrifices léguées par leurs ainés. A cheval, le régiment prend part le 20 août 1914 à la bataille des frontières puis à la poursuite de la Marne. Pied à terre en Belgique, il concourt à arrêter la première ruée allemande sur les Flandres.
1915: Il est employé à pied et à cheval dans l’Aisne, en Alsace et l’attaque du 25 septembre en Champagne.
1916: Déposant sabres et cuirasses, les cavaliers du 8e cuirassiers prennent allégrement le sac, le fusil et la baillonnette des fantassins.
1917: Le 16 avril, le régiment se trouve à l’attaque sur l’Aine et traverse les lignes ennemies à la ferme du Cholera près de Berry au Bac; il devient une solide troupe d’infanterie à pied.
1918: En avril, il participe à la bataille de la somme, devant Montreuil (4 avril) le régiment gagne sa première palme. Luttant pendant huit jours, malgré des pertes élevées, il contribue à endiguer et arrêter la poussée ennemie vers Amiens.
En mai, nouvel instant critique, où on fait appel à son héroïsme. Du 28 au 13 juin, trois fois il est engagé au nord le l’Aisne sur le plateau de Juvigny et de Wassen, puis au sud devant Ambleny enfin aux lisières de Villers-Cotterêts, ferme de Vertefeeille et de Beauve. Partout il parvient à rétablir la situation. Les 12 et 13 juin il contre-attaque fougueusement et réussit à reprendre une tranchée qu’occupait un détachement du génie et où avait pris pied les éléments d’une brigade fraîche d’Alpins Bavarois. Ils les en chasse faisant des prisonniers. Il perd durant ces héroïques journées un tiers de ses effectifs; officiers et cavaliers tombent à leur poste mais l’ennemi ne passe pas. La percée de Villers-Cotteret est définitivement enrayée, notre ligne entièrement rétablie et quelques jours plus tard après elle servira de base à notre offensive.
En septembre, retour du 8e cuirassiers à pied sur les Hauts de Meuse. Aussi mordant dans l’attaque que dans la défense, il conquiert sa deuxième palme à la brillante offensive de Saint- Mihiel. D’un seul bon il pénètre de plus de 5 kilomètres dans les lignes ennemies fortement organisées, il dénombre plus de 2000 prisonniers dont 60 officiers, capture 80 mitrailleuses, 3 canons, plusieurs dépôts de munitions et des matériels de toute nature. Le 10 novembre à Mézières sous un bombardement intense et des feux violents de mitrailleuses, il franchit la Meuse sur de fragiles passerelles de fortune et s’apprêtait porter à l’ennemi un coup décisif lorsque l’armistice survint.
Par sa belle endurance et sa magnifique tenue au feu le 8e cuirassiers mérite le titre de "La Garde" et est classé "Régiment d’élite" par le maréchal commandant en Chef.
Au nom de Fleurus, Wagram, La Moskova, Hanau, inscrits dans les plis de l’étendard vont désormais s’ajouter ceux de la Marne, L’Avre, Saint-Miheil. Tout comme leurs ainés de 1871, qui avec leurs camarades du 9e méritent la légendaire appellation de "Cuirassiers de Reichshoffen" nos cuirassiers de la grande guerre gagneront celle aussi héroïque de "Cuirassiers de Moreuil" pour avoir su dans le cadre d’une division de cuirassiers à pied, rééditer des exploits dignes de ceux de Mosbronn et perpétuer ainsi la tradition des missions de surface.
Tournant de l’histoire militaire 1914-1918 sera également un tournant dans la tradition des cuirassiers: ils perdent la cuirasse qu’ils portaient depuis 1665, mais ne perdent pas leur allant et leur culte du panache.
Fidèle à ses traditions, le 8e cuirassiers gagnera ainsi le port de la fourragère pour deux citations à l'ordre de l'armée dont les textes élogieux méritent d'être mentionnés:
"Sous les ordres du lieutenant colonel Léandri à donné dans la journée du 4 avril 1918 la mesure d’une troupe ne sachant épargner aucun sacrifice. A maintenu pendant 6 heures toutes nos positions malgré une poussée très violente. Ne s’est replié légèrement en arrière que sur le point d’être encerclé, n’a cédé que pas à pas, faisant subir à l'ennemi les pertes les plus lourdes et multipliant dans toutes les unités les preuves d’un héroïsme qui animait au même degré tous les combattants". "Régiment d’élite, aussi tenace dans la défense que mordant dans l’offensive, après s’être distingué aux combat de Moreuil (avril 1918) et dans la forêt de Villers-Cotterêts (juin 1918), vient de donner une nouvelle preuve de ses admirables qualités manoeuvrières. Le 12 septembre 1918 sous l’impulsion de ses officiers, le colonel Léandri et ses chefs d’escadrons Flavigny et Dubois, a réalisé d’un seul élan une avancée de cinq kilomètres dans les lignes ennemies. Malgré les obstacles de toutes natures accumulés depuis quatre ans. Par son avance foudroyante, a favorisé la progression des troupes voisines, capturé 1780 prisonniers et pris 88 mitrailleuses."
Dissous à la fin de cette première guerre mondiale, dans l’euphorie d’une paix retrouvée que d’aucun pouvaient croire éternelle .

1936:

Issu du 5e groupe d’automitrailleuses récemment rentré du Levant, le 8 cuirassiers est recréé en 1936 au moment même où l’Allemagne se lance dans la formation des Panzers. Désireux de rester à armes égales avec son vieil ennemi le régiment abandonne avec regret ses fidèles montures pour les remplacer par des chevaux-vapeur les engins blindés. Il va tenir garnison à Saint-Germain-en-Laye.

1940:

"Il est une de nos plus belles unités mécaniques" et c’est à ce titre qu’il est désigné comme le régiment de découverte de la 2e D.L.M.
"Toujours à l’avant", telle est la devise qui lui vaut d’être le premier élément de l’armée française à franchir la frontière Belge au matin du 10 mai 1940. Rapidement au contact de l’ennemi dans les plaines du Brabant-Wallon une nouvelle citation à l’ordre de l’Armée lui est décernée:
"Magnifique régiment de découverte rempli d’allant où ne se compte pas les exploits d’équipage. Sous les ordres de son chef, le colonel Mario, s’est porté partout où le danger menaçait, pour former un premier barrage qui a pu arrêter l’avance ennemie partout où elle était menaçante, même lorsqu’elle était appuyée par de puissants chars".
Après avoir suivi le repli général de notre armée et connu les heures sombres de la défaite, le régiment est reformé dans le cadre de l’armée d’armistice et tient garnison à Châteauroux.

1942 - 1944:

Dissous en novembre 1942 comme tous les régiments de l’armée d’armistice, le 8e cuirassiers se reconstitue dans la résistance et participe à de nombreux coups de main contre les forces d’occupation dans la région de Châteauroux; il suffit de ne citer que le combat d’Ecueille le 25 août 1944 au cours duquel le 1er escadron obtient la citation à l'ordre de la division suivante:
"Escadron d'élite qui au cours des opérations de guerilla de l'Indre en août-septembre 1944, sous la conduite de son chef le Capitaine Colomb, magnifique entraineur d’hommes, n’a cessé de mener une lutte acharnée contre un ennemi très supérieur en nombre et pourvu d’un armement redoutable. A notamment le 25 août 1944 à Ecueille, surpris et anéanti une batterie d’artillerie allemande de 88 mm. Après trois heures d’un très dur combat de nuit, tuant vingt soldats ennemis, en faisant 50 prisonniers dont 2 officiers et s’emparant de 6 canons de 88 mm et d’un important matériel".
Reformé officiellement le 1er octobre, il est envoyé sur le front de l’atlantique, pour contenir l’ennemi qui s’est replié sur la poche de Saint-Nazaire et y restera jusqu’à la fin de la guerre.

1945 - 1954:

L’après guerre voit le régiment successivement à Tours puis à Montrichard (Loir et Cher) qu’il quitte en novembre 1945 pour s’installer à Orange dans le Vaucluse.
Désigné pour servir en Tunisie, le régiment embarque à Marseille sur le porte avions "Dixmude" à destination de Bizerte où il débarque le 26 février 1946.
En 1954 le 8e cuirassiers change d’appellation et devient 8e Régiment de Chasseurs d’Afrique, son étendard revient à Lyon. Le régiment va ensuite prendre ses quartiers au camp de la Valbonne dans l’Ain où il s’efforce de perpétuer les traditions du glorieux passé dont il est l’héritier.

1964:

Victime des décisions de réorganisation de l’armée, le glorieux 8e régiment de cuirassiers est dissous, alors qu’il s’apprêtait à célébrer le tricentenaire de sa création le 10 juin 1964.
Lors d’une émouvante prise d’armes le régiment dit "Adieu à son étendard" qui sera déposé le 17 juillet 1965 au Service Historique de l’Armée de Terre à Vincennes.

Par une main anonyme il a été ajouté en fin de ce fascicule: "Pourtant l’étendard du 8e cuirassiers fut une nouvelle fois sorti le 2 mai 1965 dans la cour de l’Hôtel des Invalides à l’occasion des cérémonies marquant le tricentenaire du régiment des "CUIRASSIERS du ROY".

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