

FICHE 1939-1945
du 5e Dragons
(Par le Lt colonel (H) H. Azema et la participation du Lt colonel (ER) Guy Besson )
La Mobilisation
En 1929, le "Colonel Général", reprenant les traditions du 6e groupe de chasseurs cyclistes et du 5e dragons, renaît sous l'appellation de "5e Bataillon de Dragons Portés" (BDP).
Fin août 1939, la menace allemande sur l’Europe Centrale se fait de plus en plus pesante et, à titre préventif, l’armée française se déploie près des frontières du nord.
- Le 27 août 1939: Le 5e BDP transformé en 5e Régiment de Dragons Portés (RDP) quitte sa garnison de Lyon pour l’Aisne où il rejoint la 1ère Division de Cavalerie (DC) dans le région de Saint-Quentin.
- Le 1er septembre 1939: Suite à l’attaque de la Wehrmacht sur la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne hitlérienne et, le 3 septembre 1939, décrètent la mobilisation générale.
La drôle de guerre:
En septembre 1939: Un Corps de Cavalerie (CC) comprenant deux Divisions Légères Mécanisées (DLM) est mis sur pied. Le régiment intègre la 2e DLM qui est placée aux ordres du général Prioux.
Dans cette organisation, le régiment, commandé le lieutenant-colonel Drand de Villers, est en compte à le 11e Brigade Légère Motorisée (BLM) du général Moulin avec le 1er RAMA, le 1er E.D.A.C. et le 1e E.D.R.
Au cours de cette période baptisée la "drôle de guerre" car les adversaires ne s'étaient encore pas affrontés directement, le 5e RDP qui s’est déplacé dans les Ardennes, continue son instruction au sein de sa nouvelle division.
La Belgique:
- Le 10 mai 1940: Les troupes allemandes envahissent le Luxembourg et la Belgique. Suite à cette attaque, le plan Dyle est déclenché et le régiment, avec la 11e BLM, quitte Rocroy, passe la frontière franco belge à Revin sur la rive gauche de la Meuse, par Philippeville se dirige sur Dinant, puis, en avant de l'infanterie qui reste positionnée sur la Meuse, pousse vers l’Est jusqu’à la vallée de l’Homme.
- Le 11 mai 1940: Le 5e dragons, après avoir résisté un temps à la poussée de la 7e panzerdivision, est contraint au repli devant le déséquilibre des forces et passe la Meuse.
- Le 12 mai 1940: Le pont de Dinant saute après le passage des derniers cavaliers de la 2e DLM. Le 5e dragons s’organise en position de résistance autour d’Onhaye et dans les bois de Freyr sur la Meuse, le PC étant positionné à Morville.
- Le 13 mai 1940: L’ennemi attaque en force sur Onhaye et les bois de Freyr. Les unités amies s’étant repliées, les deux bataillons de "Colonel-Général" sont isolés et tiennent jusqu’à l’encerclement.
- Le 14 mai 1940: Pour bloquer l’axe Dinant-Philippeville, le PC qui est à Morville ne dispose que de quelques pelotons motocyclistes, de pionniers et d’observateurs, il se retranche pour faire face aux panzers et à l’infanterie allemande.
- Le 15 mai 1940: Les combats sont féroces, le régiment tient un jour et une nuit faisant payer à l’ennemi chaque mètre de terrain.
- Les 16-17 mai 1940: Au petit jour, l’ordre parvient de se replier largement vers l’ouest. Quelques dizaines de dragons se replient en bon ordre autour de leur chef en direction de Couvin. Le médecin-capitaine Marchetti qui est resté dans Morville en flammes où gisent une quarantaine de chasseurs tués au cours du combat, veille sur cent quinze blessés intransportables et attend les allemands.
Le soir même, près de Couvain, le colonel de Villers est tué. Le Capitaine Dombey prend le commandement des survivants du 5e RDP qui continuent leur repli, passent la frontière franco-belge à Macquenoise, combattent sur l’Oise près de Hirson et sur le canal de la Sambre vers Ors où le capitaine Dombey est grièvement blessé.
Sur le territoire national:
- Le 18 mai 1940: Du 5e dragons, il ne reste qu’une trentaine de cavaliers qui, sous les ordres du capitaine de Bellescize, arrivent à se dégager et se dirigent plein ouest.
Au cours de ce repli, peu avant Bohain, ce qui reste du régiment est encerclé et fait prisonnier.
- Le 19 mai 1940: Le train régimentaire subsiste encore aux ordres du capitaine Drevet; isolé, sans ordre, s’éclairant et se couvrant lui-même, il réussit à rejoindre les débris de la division puis se replie près de Rambouillet.
Après 10 jours de combats incessants, il manque à l’appel 40 officiers sur 47 et 895 sous-officiers et cavaliers sur 1197.
En hommage à son sacrifice lors des combats de Morville, le régiment reçoit sur son étendard l'inscription:
"MEUSE, 1940"
La 4e Division Légère Motorisée (DLM):
Les unités de cette division, qui était en voie de constitution le 10 mai, avaient été dispersées. Une nouvelle 4e DLM est reformée le 10 juin 1940.
Mise sur pied à Méré, dans la région de Rambouillet, la 4e DLM prend forme à partir des unités de la 1ère DLC, complétées d’éléments du 17e Groupe de Reconnaissance de Corps-d'Armée (GRCA), du 2e Groupe de Reconnaissance de Division d'Infanterie (GRDI) et du Groupement de la Roch.
Un nouveau le 5e RDP est reconstitué à partir des débris de régiments divers et est placé sous les ordres du lieutenant-colonel Chavanne de Dalmassy qui commandait l’ex 17e GRCA.
- Du 12 au 14 juin 1940: Affecté à la 4e DIM, le régiment est en couverture de la XIe armée et mène des actions retardatrices à Lagny, Grecy, Dammartin-sous-Tigneux (Seine-et-Marne), Montigny puis à Sens où il participe à l’organisation défensive de la cité.
- Du 15 au 22 juin 1940: Il enraye sur l’Yonne une attaque ennemie puis décroche et se replie sur Gien, Vierzon, Mereau (Cher), Velles (Indres) et la Souterraine (Creuse).
- Le 22 juillet 1940: Ce nouveau régiment est dissout à la Souteraine, l’étendard, soustrait aux allemands, est caché au château de Meyrieu jusqu'à la libération.
Extrait de l'Ordre Général n° 133 du 5 Août 1940 citant à l'ordre de l'Armée le 5e Régiment de Dragons Portés:
"...a combattu sans interruption du 10 au 19 mai 1940, jusqu’au sacrifice total de toutes ses unités combattantes. S’accrochant au terrain sans esprit de recul, organisant inlassablement des points d’appui encerclés, indifférent au débordement des chars ennemis.
A l’extrême limites des forces humaines, donnant à tous un magnifique exemple des plus hautes vertus militaires."
Signé: WEYGAND
L’Armée d’Armistice:
En août 1940, le 5e Régiment de Dragons (RD)est reconstitué à Macon sur le modèle de l’armée d’armistice. Il est aux ordres du colonel Watteau.
Jusqu’au débarquement des alliés en AFN, sa vie est celle de toutes les unités de l’embryon d’armée qu’a toléré l’occupant.
Après de 8 novembre 1942, il est dirigé sur Toulon pour participer à la défense de la côte, contre une "agression possible". Son attitude amène le commandement allemand à annuler cette mesure et le 5e Dragons rentre à Macon après dix jours d’absence.
La résistance:
Le 17 novembre 1942 les allemands envahissent le quartier Duhesme au petit jour; le régiment est désarmé et dispersé aux quatre coins de la France, cependant la majorité des officiers et sous officiers reste en Bourgogne.
C’est dans cette région qu’ils luttent dans la clandestinité et payent un lourd tribu pour leur résistance à l’ennemi.
Le colonel Wateau (chef de corps), le capitaine d’Herouville (chef de l’ORA de Macon), les adjudants-chefs Salin et Meyer et le MdL Giraud sont arrêtés en 1942. Le commandant Bellecombe est arrrêté en janvier 1943.
A la même époque, l’adjudant-chef Mangin le brigadier-chef Desvigne et une vingtaine de cavaliers seront tués dans des combats contre l'envahisseur.
Ces groupes FFI, à fortes composantes d’anciens du 5e dragons, se joindront en septembre 1944 aux forces de la 1ère armée française débarquée en Provence le 15 août 1944. Ils participeront, du 4 au 15 septembre, aux combats victorieux lors des prises de Macon, Montceau-les-Mines, Chalon-sur-Saône, puis Autun.
L'action de ces hommes a permis à l'étendard de recevoir dans ses plis l'inscription:
"Résistance-Bourgogne, 1944"
Le 5e dragons de la libération:
Le 15 septembre 1944, le colonel Valette d’Osia formant la division alpine demande au capitaine de la Ferté qui a succédé au commandant de Bellecombe en tant que chef départemental FFI de Saône et Loire, de réunir les éléments nécessaires à la mise sur pied d’un régiment de reconnaissance.
Ainsi se constitue un corps à deux escadrons et un Escadron Hors Rangs (EHR) avec des cavaliers venus des maquis de la région d’Autun. Il sera complété ensuite par trois autres escadrons venus l’un de Charente, l’autre de la Drome et le dernier de Savoie. Le colonel de la Ferté Senectère prend le commandement de ce nouveau régiment
Dirigé près de Chambéry, il occupe début 1945 et durant trois mois, les forts de Tournoux et Cuguret et mène la vie dure aux allemands et aux italiens.
- Le 2 avril 1945: Le nouveau 5e dragons reçoit son étendard, le lundi de Pâques, des mains du général de Gaulle, puis prend en compte le secteur de l’Ubaye où, au sein de la division Alpine, il participe à l’ouverture du col de Larche.
- Du 22 au 24 avril 1945: Au dessus de Barcelonnette, la vallée de l’Ubaye est barrée par des ouvrages fortifiés interdisant la route du col de Larche. L’assaut débute le 22 avril avec les 99e , 159e et 141e Régiment d’Infanterie Alpine (RIA), le 5e dragons et le 24e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA) soutenus par l’artillerie et l’aviation.
Axé sur le fort de Roche-la-Croix dans la nuit du 22 l’escadron Coulonges escalade les crêtes de la Sylve et enlève le fort, position clé de l’Ubaye. Plus au sud, l’escadron de la Ferté se rend maitre des ouvrages de Saint-Ours haut et bas, ouvrant la route de Larche.
- Le 24 avril 1945: Suite à ces actions et à la situation en Italie, l’ennemi abandonne ses positions dans la zone sud et se replie laissant dans le secteur du 5e dragons un important matériel d’infanterie et 150 prisonniers.
- Début septembre 1945: Le régiment quitte Chambéry pour les environs de l’Arbois où il reçoit un complément de matériel.
- Le 8 septembre 1945: Il quitte ses cantonnements pour l’Autriche.
- Le 8 novembre 1945: Il est passé en revue par le général Betourd à Dornbirn puis fait mouvement à partir du 10 novembre pour le Tyrol ouest.
Les escadrons s’installent à Lermoos, Ehrwald, Mühl, le PC et EHR à Reutte.
Le 5e Régiment de Dragons est de nouveau dissous le 10 avril 1946 et ses personnels sont ventilés au 25e DAP, à l’Ecole de cavalerie de Saumur et le 2e dragons qui est stationné en Autriche. Recréé le 15 avril 1948, il retrouve l'Autriche où il reprend à Schwaz et à Hall les cantonnements que vient de quitter le 2e dragons.
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