- La guerre qui oppose depuis 1937 la Chine au Japon, a permis à ces derniers d’occuper la Chine du sud et de contrôler tous ses ports.
- Le 6 mars 1945, l’importance capitale des ressources et la position stratégique de l’Indochine conduisent le Japon à soumettre à la France un ultimatum inacceptable (contrôle par les nippons des forces navales et terrestres) puis d’envahir progressivement le territoire.
- Le 15 août 1945, la capitulation du Japon met fin à son expansionnisme.
- Les accords de Posdam de juillet-août 1945 (auxquels la France n’est pas conviée) prévoient le partage du territoire en deux zones d’occupation, séparées par le 16e parallèle, chinoise au nord, anglaise au sud.
- Le 16 août, le viet minh constitue à Hanoï un gouvernement provisoire présidé par Ho Chi Minh, leader communiste.
Le même jour, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire constitué en septembre 1944, nomme l’amiral Thierry d'Argenlieu haut-commissaire en Indochine, avec mission de "rétablir l’autorité française dans les territoires de l’Union indochinoise".
- Octobre 1945, arrivée du corps expéditionnaire français à Saïgon sous les ordres du général Leclerc.
- En 1946, à l’issue de traités avec la Chine et le Vietnam de Ho-Chi-Minh, les français reprennent position au Laos, au sud Annam et au Tonkin.
- En 1947, après de nombreuses frictions, la rupture est consommée entre la France et Ho-Chi-Minh qui dispose à présent d’une armée de 35.000 hommes organisée par Giap, son ministre de la guerre.
Malgré leurs actions offensives les français ne parviennent pas à détruire les troupes du Viet-minh qui se dérobent.
- En 1950, la victoire de Mao-Tse-Tung en chine et l’appui sino-soviétique permettent à Ho-chi-Minh de renforcer son armée, d’entreprendre des actions d’ampleur et d’infliger aux français une grave défaite.
En décembre 1950, le général de Lattre arrive en Indochine avec les pleins pouvoirs; il brise plusieurs puissantes offensives de Giap et obtient un renforcement conséquent des armées vietniamiennes de Bao-Dai qui luttent aux côtés des français.
- En 1952, le général Salan qui lui succède poursuit son action et réalise méthodiquement le nettoyage du delta du Tonkin.
- En juin 1953, le général Navarre le remplace et décide, en novembre, de créer, un vaste camp retranché à Diên-Biên-Phu où Giap va engager toutes ses forces, soit 100.000 hommes. La chute de la place le 7 mai 1954 termine la guerre et la conférence de Genève met théoriquement fin aux hostilités le 27 juillet 1954.
La guerre d’Indochine a coûté aux forces de l’Union française 100.000 tués et 114.000 blessés.
Constitution et arrivée sur le territoire:
Régiment de reconnaissance placé sous le commandement du colonel Buron, le 5e Cuirassiers (RC) est recréé en 1945.
Sans ses matériels blindés, qu'il percevra en Indochine, il embarque début janvier sur le SS "Pasteur" et arrive à Saïgon le 2 février 1946.
Il est constitué d'un Escadron Hors Rangs (EHR) et de trois escadrons de combat commandés respectivement par les capitaines Keller, Bellier et Léonardi.
Chaque escadron perçoit le matériel, laissé sur place par les anglais, pour armer deux pelotons lourds équipés d'auto-Mitrailleuses (AM ) Coventry et deux pelotons "légers" de scout-cars Humber.
Cette organisation initiale sera modifiée:
- dès août 1946 avec:
- la création des 5e, 6e et 7e escadrons en provenance du 1er chasseurs,
- puis du 8e escadron, constitué par la dissolution du Groupement Blindé du Cambodge équipé de chars japonais et de chenillettes françaises.
- en 1948, formant deux Groupes d'Escadrons (GE) le régiment a un effectif de 1300 hommes dont 270 autochtones qui constituent des commandos à pied d'une remarquable efficacité.
- fin 1951, le passage d'un escadron AML transféré à l'armée vietnamienne ramène l'effectif à 1100 hommes dont 515 autochtones.
- début 1952, un deuxième escadron d'AM rejoint l'armée vietnamienne.
- 1953, les Coventry anglaises sont remplacées par des AM M8 américaines.
Implantation:
- A son arrivée sur le territoire le régiment s'installe à Saïgon, les escadrons entrent dans la composition de groupements qui vont réaliser des opérations de reconquête au Cambodge, au Laos, Anam et Sud-Vietnam pendant toute l'année 1946.
- 1947-1949: Le régiment a deux escadrons détachés au Cambodge et un en Sud-Annam. Avec le reste de ses unités il assure la responsabilité territoriale d'un secteur du Sud-Vietnam.
- En 1951 le PC du régiment est à Thu-Dau-Mot et les six escadrons à Dau-Tieng, Suzannah (près de Ben Hoa), Dian, Chon-Thanh, Ban-Me-Thuot et Phan-Thiet.
Misions:
Les missions qui sont confiées au régiment peuvent être classées en deux catégories, la période des grands raids puis celle de la stabilité territoriale:
- A partir de 1946, la période de reconquête, après le coup de force des japonais du 9 mars 1945 où les unités françaises d'abord repliées dans la jungle vont, dès l'arrivée du général Leclerc en Indochine, reprendre le contrôle du territoire.
Engagé dès le lendemain de son arrivée, à pied et sans avoir encore perçu son matériel blindé, le 5e RC au complet participe à une vaste opération,
Dès la perception du matériel blindé, chaque escadron, au sein d'un groupement opérationnel, va combattre pour la libération du Cambodge, du Laos, du Sud-Vietnam et de l'Annam.
- A partir de 1947, tout en conservant son rôle de régiment de reconnaissance lors des opérations interarmes, le régiment va connaître une certaine stabilité géographique en recevant une responsabilité territoriale dans la zone Est du Sud-Vietnam où il s'emploiera à la sécurisation de sa zone et à sa pacification avant que la dégradation des relations avec le Viet-minh ne redonne la priorité aux combats.
Chronologie des évènements:
Là aussi, il convient de séparer la chronologie des évènement en deux périodes, l'année 1946 où chaque escadron à sa propre histoire, puis les années suivantes où le régiment est en grande partie regroupé.
- de 1946 à 1947:
- Le 1er escadron:
- le 1er mars 1946, le 1er escadron quitte Saïgon pour le Moyen-Laos où il va renforcer les unités du lieutenant-colonel Crevecoeur à qui le général Leclerc a confié le commandement des forces du Laos.
- le 9 mars l'escadron est à Paksé, au PC des forces françaises du Laos.
- du 11 au 17 mars, les cuirassiers participent à l'action d'un groupement qui libère la ville de Savannakhet après un accrochage serieux avec les chinois et la perte de 16 fantassins du 5e RIC (4 tués et 12 blessés).
- du 18 au 21 mars, la prise de Thakhek sera le plus dur combat livré lors de la libération du Laos. La garnison lao-viet qui tient la ville compte 1300 hommes retranchés dans des installations fortifiées et dispose d'un armement lourd. Les pertes françaises sont sérieuses: 19 tués dont 4 officiers, mais l'ennemi est décimé, il a près de 400 morts et il lui est fait 150 prisonniers.
- du 22 au 26 mars, une colonne comprenant le 1er escadron est chargée du dégagement de la RC 9 reliant Savanhakheth à Hué. Baptisée "colonne Alpha" elle parvient à Lao-Bao, à la frontière de l'Annam, le 26 après avoir reconquis la ville de Tchepone tenue par 300 viets, reconnu 28 ponts et subi quelques embuscades.
- le 29 mars, après les négociations de Khe-Sang du 28 mars, la "colonne Alpha" reprend sa progression, ralentie, à l'approche de Hué, par les nombreux barrages du viet-Minh qui tient à démontrer que le passage des français est soumis à son autorisation. Hué est atteint en milieu d'après-midi sous les acclamations d'une foule agitant des drapeaux tricolores.
- du 29 mars au 6 mai: Installation et séjour dans la capitale des empereurs d'Annam où l'unité sera relevée par un escadron du 1er régiment de chasseurs à cheval.
- Mai-juin, repli sur le Laos, puis juillet-août retour sur Saïgon.
- Le 2e escadron:
- le 5 avril 1946, le 2e escadron quitte Saïgon pour une destination demeurée secrète jusqu'au départ. Par la RC 13 et via le Cambodge, il se dirige vers le Laos où, à l'issue d'un raid de 1500 kilomètres, il rejoindra un groupement français charger de libérer Ventiane, capitale administrative du Nord-Laos puis Luanhg-Praban, capitale religieuse, et libérer le roi qui y est retenu prisonnier.
- du 5 au 10 avril, par étapes vers le nord, après avoir dépassé Paksé, l'escadron arrive le 10 à Savannakhet où se trouve le PC avancé du lieutenant-colonel Crevecoeur. Il confirme la mission de l'escadron qui doit être à Ventiane au plus tard le 25 avril.
- du 13 au 25 avril: après une première étape à Thakhek qui est atteint dans la journée du 13, la seule piste existante, abandonnée depuis longtemps, est envahie par une vegétation luxuriante. Malgré les difficultés, le 15 avril, le village de Ban-Loa-Ka est atteint, le 16, celui de Ban-Boc (à seulement 5km du précédent), le 21 avril la rivière Nam-Ca Dinh est franchie sur un bac rafistolé et le 24, les cuirassiers sont à Paksane, à 20 km de Ventiane. Le délai fixé a pu être respecté.
- Le 25 avril, avec les autres formations françaises qui se sont portées sur Ventiane, l'escadron, paré pour le combat, investit la ville et trouve une cité totalement vide. Les rebelles Lao-Issarak ont fui vers la Thaïlande et la 93e division chinoise qui occupait les lieux s'est repliée au nord vers Luang-Prabang.
- Le 27 avril, la poursuite est lancée, la 93e division qui se dirige vers la Chine est dépassée. Successivement les villages tenus par les lao sont conquis : Ban-Namone, Vang-Vieng, Ban-Patang puis Muong-Kassy qui oppose un peu plus de résistance et où les français, qui ne déplorent aucune perte dans leurs rangs, vont prendre un peu de repos.
- Le 30 avril, départ de Muong-Kassy vers le nord et la barrière rocheuse du Phou-Khoum (1658m). Sur cette voie étroite et glissante, bordée souvent de précipices, encombrée d'abattis, coupée par des ponts branlants où détruits, les cuirassiers arrivent enfin le 4 mai dans la vallée, à proximité de leur objetif. Une surprise les y attend, la 93e division chinoise, passée par la montagne les a précédés et entend interdire la route de Luang-Prabang. Trois jours de tractations seront nécessaires pour obtenir le droit de passage sans avoir à livrer combat avec nos "alliés".
- Du 7 au 12 mai, les français se regroupent pour le bond final, l'escadron en attente dans le village de Xien-Ngeun.
- le 12 mai, un ultimatum est lancé aux chinois qui occupent la ville. Ils l'évacuent dans la nuit du 12 au 13 et les troupes françaises entrent dans la ville où elles sont acclamées par la population.
- du 16 mai au 9 juin : départ de Luang-Prabang, arrivée à ventiane le 23, défilé à Ventiane devant le général Leclerc le 9 juin.
Sa mission terminée, l'escadron quitte le Laos et par le même itinéraire qu'à l'aller, il rejoint Saïgon au début du mois de juillet.
- Le 3e escadron:
- Elément de réserve des Troupes Françaises en Indochine Sud (TFIS), le 3e escadron participe, jusqu'à la fin juillet, à quelques opérations à proximité de Saïgon et effectue des escortes de convois.
- Début août, une bande rebelle de Khmers Issaraks effectue un coup de main sur Siem-Reap, chef lieu de la région d'Angkor au Cambodge. Le commandement français y envoie un détachement de la 13e DBLE renforcé par les chars du 3e escadron.
- Par deux itinéraires, se rejoignant 150km avant Siem-Reap, les cuirassiers se dirigent vers leur objectif situé à 500 kilomètres de Saïgon.
Le capitaine Leonardi, prend l'itinéraire sud (plus rapide) avec la rame légère afin d'être le plus vite possible sur place; son adjoint, le lieutenant Vincent emprunte l'itinéraire nord qui seul peut supporter le passage des Coventry (13T).
- La colonne blindée, retardée par une passage laborieux du Mekong, arrive à la jonction des itinéraires sud et nord et croise un convoi sanitaire rapatriant les blessés et les morts du combat livré dans la journée pour la reconquête de Siem-Reap. Le capitaine Léonardi, gravement blessé à la poitrine est parmi eux, un sous-officier et un cuirassier ont été tués.
- Les blindés foncent sur Siem-Reap qui est atteint à l'aube. Les khmers, malmenés par les assauts français se retire vers le nord, au delà d'Angkor, dans une région où la mousson ne permettra pas de les poursuivre.
- Le 3e escadron, sous les ordres du lieutenant Vincent, est la seule unité qui restera sur place pour assurer la sécurité des temples et de la cité. En fin d'année, lors de la reprise du contrôle des provinces par le Siam, l'escadron glisse par bonds successifs vers l'ouest et fin janvier 1947, sa mission terminée, il est de retour à Saïgon.
- Evènements majeurs survenus de 1947 à 1955:
- 1948-1949, renforcement de la sécurité des initéraires par la construction de tours. La pression viet-minh s'intensifie sur les routes et les plantations.
- 1950-1951, la pacification commence à prendre le dessus, le 5e Cuirs inflige des pertes sévères au viet-minh.
- 1952-1954:
- Nombreuses opérations de ratissage, notamment en 1952 dans les régions de Vinh-Lot et de Rach-Thi-Thinh où l'ennemi subit de lourdes pertes.
- Opération "Atlante" de janvier à juillet 1954, au cours de laquelle les chars des 3e et 6e escadrons redressent à plusieurs reprises la situation difficile des groupements français.
- 1955, le régiment accueille, après l'armistice, 13.000 réfugiés tonkinois qu'il installe dans son secteur.
Fin de ca mpagne et bilan:
La guerre d'indochine est terminée et le 5e régiment de cuirassiers est dissous sur place le 15 novembre 1955.
Sa présence pendant sept années sur le territoire est marquée de manière indélébile sur la soie de son étendard qui porte l'inscription:
"INDOCHINE, 1946-1954"
Le courage de ceux qui l'ont servi a été reconnu et récompensé par la croix de guerre des TOE avec trois palmes et la fourragère à ces couleurs que porte l'étendard du 5e cuirassiers et aussi par cette décoration qu'ont reçue six fanions d'unités du régiment.
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