retourFiche éditée le 29 décembre 2010
HISTORIQUE SUCCINCT
DU 11e REGIMENT DE CUIRASSIERS
(par le Lt colonel (H) Henri Azema)
Le 11e cuirassiers est un régiment à deux filiations:
- La première filiation:
En 1652, Monclard (Baron de Pons de Guimera) lève un régiment de cavalerie qui prend le nom de "Monclard Catalan"; ce corps est licencié le 18 avril 1661 à l’exception de la compagnie de Mestres de camps, qui maintenu sur pied, sert de noyau le 6 décembre 1665 à une nouvelle unité nommé "Maître de camps de la société de régiment de Montclard". En 1668 il est renommé "Royal Roussillon n° 6". En 1791 il devient "11e régiment de cavalerie" puis, en 1803, 11e régiment de cuirassiers. Il sera dissous en 1815.
- La seconde:
En 1693, où, suite au regroupement de compagnies de cavalerie "Royal Carabiniers" est créé. Puis en 1758 par décision du 7 juillet le marquis Poyanne est nommé lieutenant et inspecteur du régiment lequel change la dénomination du régiment qui devient "Royal carabiniers de monsieur le comte de Provence". En 1774 il prend le nom "Carabiniers de Monsieur".
Après la Révolution, par ordonnance du 1er janvier 1791, suite à une réorganisation de l’armée, il apparait sous le nom de "1er et 2e régiment de carabiniers" avant de retrouver en 1815, pour une courte période de dix mois, son ancienne dénomination.
En 1866, il est récréé sous le nom de "Carabiniers de la garde Impériale" pour devenir en 1871 le "11e régiment de cuirassiers", nom qu’il conservera avec quelques variantes jusqu’à sa dernière dissolution en 2010.
Sous les anciennes dénominations de la royauté, le régiment participe à la Fronde 1653-59, à la guerre de Dévolution 1667-68, la guerre de Hollande 1672-78, celle du Luxembourg en 1684; de la ligue d’Augsbourg 1688-97, de la succession d’Espagne 1701-13, de succession de la Pologne 1733-34, de succession de l’Autriche 1740-48 et la guerre de Sept-ans 1756-63.
LES CAMPAGNES DE LA REPUBLIQUE et de l’EMPIRE
Le 11e régiment de cavalerie sera successivement affecté à l’armée du Centre en 1792, l’armée de Moselle en 1793, l’armée du Nord en 1794, l’armée du Rhin en 1795, l’armée de Rhin et Moselle en 1796, l’armée d’Italie en 1797-98, l’armée du Rhin en 1800, puis sous le nom de 11e cuirassiers, à la Grande Armée de 1805 à 1807, l'armée d’Allemagne en 1809, en Russie 1809, en Allemagne 1813 et en Belgique 1815.
Le régiment est engagé:
- 1792: A l’armée du centre, il participe à la canonnade de Valmy le 20 septembre 1792 et à la poursuite. Son action post–bataille apporte au régiment sa première inscription à l'étendard:
"VALMY 1792"
Il combat à Wattignie le 26 juin puis à Hondschoote le 5 septembre.
- 1794: Avec l’armée de Jourdan il est engagé à Fleurus le 26 juin .
- 1796: De nouveaux combats à Schweinfurt, Hirschaid, Hisberg et Benbeg en août.
- 1797: C'est la victoire de Neuwied le 18 avril où le régiment se met en évidence.
- 1800: De nouveaux combats contre la 2e coalition le 3 mai à Stockart, à Engen le 4, Moeskirch le 5, Biberach le 9 puis la victoire de Hohenlinden le 3 décembre où sa détermination et ses charges bousculent l’ennemi, force la victoire, et apporte au régiment l'inscription à l'étendard de:
"HOHENLINDEN 1800"
- 1803: Suite au décret impérial du 24 septembre 1803, le 11e régiment de cavalerie devient le "11e régiment de cuirassiers".
- 1804: Le 11e régiment de cuirassiers tient garnison à Versailles, il est commandé par le colonel Fouler.
- 1805: Affecté à la Grande Armée avec les 1er, 5e et 10e cuirassiers, il est en compte à la division de cuirassiers lourde du général Hautpoul.
Sans déclaration de guerre, l’armée autrichienne attaque la Bavière. Napoléon réagit aussitôt en envoyant la Grande Armée. A partir de Versailles le régiment regagne Sélestat le 23 octobre 1805, franchit le Rhin à Kehl et se dirige vers Ulm. Le 2 décembre 1805, le 11ecuirassiers bivouaque à Austerlitz. Lors de la bataille, il fait partie de la réserve de cavalerie qui par trois charges successives disloque les troupes du prince de Lichtenstein interdisant l’accès du plateau du Pratzen. Le régiment sera récompensé par une troisième inscription de bataille à l’étendard:
"AUSTERLITZ 1805"
- 1806: Une nouvelle coalition est crée en octobre. La division Hautpoul quitte Landshut le 4 octobre pour se porter dans la région d’ Iéna. Puis c’est la marche sur la capitale polonaise où le régiment prend ses quartiers d’hiver dans la région de Varsovie.
- 1807: Commandé maintenant par le colonel De Brancas, le 11e cuirassiers est présent le 18 janvier à Heilsberg. Le 7 février il est engagé dans la terrible bataille d’Eylau contre les russes. Le 23 février le régiment est à Königsberg.
Le 15 octobre, la Grande Armée est dissoute, la brigade est affectée à l’armée du Rhin.
- 1809: Lors de la Ve coalition, le 11e cuirassiers est à l’armée d’Allemagne; il est en compte au corps de réserve Bessières, à la 2e division Saint Sulpice, brigade Gillon. Engagé le 22 avril à Eckmühl, sa conduite exceptionnelle apportera au régiment la quatrième inscription à l’étendard:
"ECKMÜHL 1809"
il combat ensuite le 22 mai à Essling, les 5 et 6 juillet à Wagram et à Znaïm le 10 juillet.
- 1812: Pour la campagne de Russie, il est à la réserve de cavalerie Murat, au corps de cavalerie Montbrun, brigade Wathier. Le 11e cuirassiers s’illustre tout particulièrement lors de la prise de la grande redoute de la Moskova le 7 septembre. Ce fait d’armes ouvre la porte sur Moscou et donne au régiment sa cinquième inscription à l’étendard:
"La MOSKOWA 1812"
puis ce sera le repli et les combats de retraite.
- 1813: Au corps de cavalerie Sebastiani, à la 2e division Saint-Germain, brigade Thirie, le 11e cuirassiers combat les 20 et 21 mai à Bautzen, à Hanau le 15 octobre et le lendemain c’est la bataille des nations à Leipzig puis, retraitant sur la France, le régiment franchit le Rhin le 2 octobre.
- 1814: La guerre s’étant porté sur le territoire national, le 11e cuirassiers est engagé dans divers combats de retraite et tout particulièrement à Vauchamps le 12 février 1814. Très diminué il se retrouve avec un effectif réduit à Paris lors de l’abdication de l’Empereur.
Après l’abdication de l’Empereur Napoléon le 11e régiment de cuirassiers est dissous.
Dans le cadre de sa deuxième filiation, les "1er et 2e régiments de carabiniers" qui avaient succédés en 1791 au carabiniers de Monsieur, ont participés à toutes les batailles de l’Empire précitées. Après l’abdication de l’Empereur Napoléon, par décret du 12 mai 1814 de la 1ère restauration, les 1er et 2e régiments de carabiniers sont dissous, mais leurs restes entrent dans la composition d’un nouveau régiment qui prend le titre de "Carabinier de Monsieur". Cette nouvelle unité ne conservera sa nouvelle appellation que 10 mois.
- 1815: Les Cent-Jours.
Le 1er mars Napoléon quitte l’île d’Elbe. Le 20 mars il entre dans la capitale. Mais les alliés reprennent les hostilités. Très vite il faut réorganiser l’armée et chaque régiment reprend son ancienne dénomination.
Affecté à la réserve de la cavalerie lourde de Murat, le 1er carabiniers (Colonel Roge) et le 2e carabiniers (Colonel Beugnat) sont engagés le 16 juin à Ligny où ils participent à la défaite de la cavalerie prussienne. Le 18 juin, ce sera Waterloo où les deux régiments de carabiniers, tout comme le 11e cuirassiers (Colonel Courtier) qui est en compte à la division Hautpoul, se distinguent, mais subissent de lourdes pertes après avoir chargé les carrés anglais.
Le 30 août 1815, après la seconde abdication de l’Empereur, le 11e régiment de cuirassiers est dissous.
Sous la seconde Restauration, par ordonnance Royale du 30 août 1815 les restes des 1er et 2e régiments de carabiniers sont rassemblés dans un même régiment qui reprend son ancien nom de "Carabiniers de Monsieur"’ qui deviendront de nouveau en 1825 les 1er et 2e régiments de carabiniers.
1854: La 2e garde Impériale est rétablie par Napoléon III par fusion des deux régiments de cuirassiers et les carabiniers en un seul régiment. Ils sont en compte à la brigade lourde de la division de cavalerie.
Avec la Garde Impériale ils participent à la guerre de Crimée en 1854 et celle d’Italie en 1859.
LA GUERRE de 1870-1871
Durant cette guerre, la garde Impériale n’est pas engagé mais est assiégée dans Sedan. Après la capitulation de l’Empereur Napoléon III la république est proclamée. A partir des restes des régiments des 5e, 7e, 10e cuirassiers et des cuirassiers de la garde, il est formé le "11e régiment de cuirassiers de marche".
Le 30 janvier 1871, après les préliminaires de paix, le 11e R.C.M contribue, suite au décret du 4 février 1871, à la reconstitution du "11e régiment de cuirassiers" le 26 mars 1871.
Il convient de noter que le décret du 4 février 1871 institue expressément les 11e et 12e régiments comme héritiers des carabiniers et cuirassiers de l’ex-garde.
De 1871 à 1914, le 11e régiment de cuirassiers mène une vie tranquille, entrecoupée de manœuvres, dans de nombreuses garnisons: Lunéville et Saint-Germain-en-Laye en seront les principales.
LA PREMIERE GUERRE MONDIALE
- En 1914:
Le 11e régiment de cuirassiers fait partie, avec le 12e cuirassiers, de la 6e brigade à la 7e division de cavalerie. Le 1er août, il quitte sa garnison de Saint-Germain en-Lay. Transporté par V.F. en Meuse, il débarque à Voidt et va cantonner dans la région de Raubecourt. Puis il rejoint la 6e brigade entre Bouconville et Apremont.
Le 4 août à la déclaration de guerre le régiment fait mouvement sur la Lorraine et stationne à Richecourt le 5 août avant de se replier avec la division, le 7 août, sur Fresnes en Woëvre. Le 14 août; le régiment cantonne à Herméville, le 28 à Mazeray. Le 22 août après les bombardements de Landres il se replie sur Etain–Spincourt. Le 6 septembre, il est à Neuville sur Orne, le 8 septembre à Bar le duc, le 12 septembre à Courouvre, le 21 septembre il est engagé à Heudicourt puis se replie en direction de Saint-Mihiel.
Le 1er octobre, le régiment est dirigé sur Commercy. Il embarque le 2 en gare de Loray pour les Flandres et débarque à Armentières le 4. Le 6 octobre, avec des éléments du 12e cuirassiers, il contribue à la reprise des ponts sur la Deule, puis se seront les combats de Richebourg le 11, Pont Richon les 14 et 15, avant de se diriger vers Ypres où il sera employé aux tranchées avec des changement de cantonnements qui l’amèneront au sud d’Arras le 20 mars 1915.
- 1915:
Le 6 mai, Ie 11e cuirassiers stationne à Etrée-Warmin. Durant sa présence en Artois il sera, par unités élémentaires, placé alternativement au repos et aux tranchées dans la région de Liévin. Embarqué le 11 septembre en gare de Conty pour la région parisienne il rejoint Mailly le 21 septembre, Suippes le 29 puis Mourmelon et sera aux tranchées dans ce secteur jusqu’en mai 1916.
- 1916:
Le 16 mai, le général de division Urbal annonce, au cours d’une visite, la formation de six régiments à pied, avec les six derniers régiments de cuirassiers, le 11e est du nombre.
Le général Telaud commandant la 7e division de cavalerie fait ses adieux à la 6e brigade de cuirassiers qui est dissoute le 1er juin.
Le 30 mai, par ordre n° 13809, le régiment de cuirassiers est démonté et ses escadrons concourent à former le "11e régiment de cuirassiers à pied".
- 1917:
Le régiment participe à l’offensive de printemps; déplacé le 10 avril, il stationne dans la région de Meaux et est affecté à la division provisoire de cuirassiers à pied qui regroupe les 4e, 9e et 11e cuirassiers. Le 27, il embarque en auto pour Montgobert près de Soissons. Le 5 mai 1917, le 11e cuirassiers se couvre de gloire lors de l’attaque du Moulins de Laffaux où, suite à une attaque rapide jusqu’aux pentes du Mont Laffaux, il déborde l’objectif principal, combat dans les tranchées de Rouge-gorge, la carrière Allement, puis résiste à de nombreuses contre-attaques ennemies en conservant le moulin. Après quelques jours de repos le régiment est embarqué en auto, le 24 mai, pour Coucy le Château sur l’Ailette où il combattra à Folembray, Blerencourt de mai à décembre 1917.
- 1918:
Le 14 mars, le régiment est regroupé à Senlis. Il participe ensuite à des opérations de couverture dans la région de Noyon. Il est engagé dans la bataille de Picardie de mars à avril sur le canal de Crozat, Varesne, Pontoise, dans la bataille du Martz (juin) d’Hauzy et Massignes (juin à août). Il sera déplacé en Champagne en septembre dans la région de Mourmelon avant de participer aux derniers combats en Argonne.
L’Armistice du 11 novembre trouvera le 11e régiment de cuirassiers à pied dans la région de Grandpré-Vouziers. Les noms de
"LAFFAUX 1917" - "NOYON 1918" - "ARGONNES 1918"
seront après cette guerre inscrits à l’étendard.
Après l’armistice du 11 novembre le régiment sera dissous en 1919.
LA SECONDE GUERRE MONDIALE
- La Belgique:
Début mai 1940, le 11e cuirassiers, commandé par le colonel Labouche, quitte sa garnison de Saint-Germain-en-Laye pour se positionner dans la région du Chesnois. Affecté à la 5e division Légère de cavalerie, il est en compte à la 6e brigade du général Brown de Colston. Affecté au groupement du colonel Evain, il est articulé de la façon suivante:
- 1er groupe: capitaine Pinaz. 1er escadron: capitaine Beau, 2e escadron: capitaine Grognet.
- 2e groupe: commandant Laballe. 3e escadron: capitaine Pillafort, 4e escadron: lieutenant Cavalie, 5e escadron: capitaine Seguin.
Le 10 mai 1940, le régiment franchit la frontière et ses groupements se dirigent vers Namur par deux itinéraires différents. Quelques accrochages ont lieu avec des reconnaissances allemandes à Martelange par un escadron.
Dans la nuit du 10 au 11 mai, sous la pression ennemie, les unités se replient sur Staimont, Gribomont, La Vierre. A l’aube le P.C. du colonel est à Petit-Bois. En fin d’après midi ses unités stationnent:
- le premier groupe sur la ligne V.F. Namur – Arlon,
- le second, prés de Tournay (3e) Neufchâteau (4e)
Les 14 et 15 mai, après s’être replié avec la 5e DCL sur la France, il fait front à l’ennemi dans la région de Bouvellemont. Puis le régiment au prix de lourdes pertes mène un combat retardateur jusqu’à Valery-en-Caux où ses restes seront fait prisonniers lors de la reddition de la ville le 11 juin 1940.
L’escadron de dépôt caserné à Lyon sera l’ambrion de la renaissance du régiment en zone libre
- La résistance:
Le 27 novembre 1942 la Wehrmacht envahit la zone libre, le lieutenant Geyer de permanence au quartier du régiment à Lyon s’empare de l’étendard du 11e cuirassiers et entre dans le "maquis". Il se réfugie dans la forêt de Thivollet à laquelle il emprunte le nom et reconstitue partiellement sous le nom de "Premier corps franc" le "11e cuirassiers".
En janvier 1944, désigné comme chef militaire du Vercors, il reçoit ordre de regagner le plateau qu’il transformera en véritable forteresse. Reconstruction, instruction, patrouilles, embuscades, récupération de parachutages seront le lot de ses activités durant le 1er semestre 1944.
Le 1er juillet 1944, le gouvernement provisoire d’Alger donne l’autorisation de donner le nom de "11e régiment de cuirassiers" au groupement des 9 escadrons.
Un de ces escadrons est constitué à partir d’africains prisonniers de guerre lesquels, employés au port pétrolier de la Wehrmacht à Lyon, s’évadent et retrouvent le 20 juillet les cavaliers du 11e cuirassiers au Vercors.
Du 4 au 23 juillet 1944, le régiment résiste au mieux aux assauts des SS lors de la bataille du plateau des Glières, puis se replie vers Rimet, Bouvane le Haut, Beaume d’Hostain. Le 29 août, avant l’arrivée des troupes U.S, il récupère la ville de Romans après le repli de la 11e Panzers. Le 3 septembre, le régiment participe à la prise de Lyon et occupe de vive force le quartier de la Part-Dieu.
Le Commandant Geyer la Thivollet à la tête du 11e cuirassiers retrouve avec émotion son ancien cantonnement. Le nom de
"VERCORS 1944 – 1945"
viendra s’ajouter à l’étendard.
Le 11e régiment de cuirassiers, rattaché à la 1ère division de la France libre, continue le combat à Romchamp, Champagny, Giromany, Massevaux, Belfort, Huttenheim, et Benfeld.
En 1946, la guerre terminée, le PC, l’EHR, les 1er, 2e et 3e escadrons du 11e cuirassiers prennent garnison à Orange. Le 4e escadron, pour sa part, s’installe au camp des garigues à Nîmes.
Le régiment sera dissous le 30 juin 1964.
- Epilogue:
Le retrait des troupes françaises d’Allemagne, suite aux événements survenus en 1989, donne une nouvelle vie au régiment. La création des RC 80 permet de reformer partiellement le régiment qui devient le deuxième groupe d’escadrons du 1–11e cuirassiers d’un nouveau groupe blindé installé à Carpiagne.
Ce groupe blindée portant l’appellation de 1-11 cuirassiers, suite à une nouvelle organisation de l’armée, change une nouvelle fois de dénomination le 1er juillet 2010 et devient, sans changer de garnison, le 4e régiment de dragons en compte, avec le 501e R.C.C à la 2e brigade blindée de Strasbourg.
De ce fait, le 11e régiment de cuirassiers est dissous à cette date.
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