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Fiche éditée le 17 juillet 2010

cavaliers3hussards





HISTORIQUE DU
3e REGIMENT DE HUSSARDS (1764- 1914)

(par le Lt colonel (H) Claude Aïcardi, d'après un document édité par Berger-Levrault en 1938)

Les premiers hussards étaient originaires de Hongrie et formaient une troupe irrégulière dans les rangs de l'armée Française au XVIIesiècle sous Louis XIII.
Cavaliers infatigables, ils battaient l'estrade en avant du front, excellant, grâce à leur hardiesse et à leur endurance, dans le combat d'avant-garde, l'action de surprise, le harcèlement des convois ennemis.
Dès 1692, sous Louis XIV, on essaie de les constituer en troupes régulières ; l'expérience ne fut pas encourageante ; la discipline convint assez mal à ces gaillards solides au feu, mais difficiles à mener dans le chemin de la morale usuelle. Il était encore trop tôt encore pour les astreindre à la rigidité monotone de la vie de garnison.
Le 1er régiment de hussards commandé par le colonel Corneberg ayant été dissous par Louvois en 1697, seules subsistèrent quelque temps des compagnies de hussards, puis d'autres régiments furent créés pour être ensuite dissous.
En 1720, 1733 et 1758, furent successivement formés Bercheny, le futur Chamborant et Royal Nassau, et c'est par réunion d'éléments prélevés sur ces trois régiments que fût fondé le 10 février 1764, à Phalsbourg, Esterhazy-Houzards, ancêtre direct et incontestable du 3e hussards actuel.

Son premier colonel était Valentin Ladislas, comte Esterhazy, dont le père Valentin Joseph, venu jeune en France, après avoir émigré de Hongrie, avait levé en 1733 un premier régiment Esterhazy qui prit, après lui, les noms de ses colonels successifs : David, Turpinet, enfin, Chamborant, le 2e Hussards actuel.
Valentin Ladislas n'avait, lorsqu'il fût nommé propriétaire mestre de camp du régiment, que vingt-quatre ans. Il avait déjà fait 6 campagnes de 1757 à 1762 en Allemagne et s'y était distingué.
De fait, vingt ans plus tard, tout en conservant la haute main sur son régiment, il avait été successivement : commandant en second de la province de Hainaut, gouverneur de Rocroy, chevalier de Saint-Louis, maréchal de camp, inspecteur général et chevalier des Ordres du Roi.
Un de ses portrait le représente en pelisse et veste vertes à parements et retroussis blancs. Cet uniforme devait disparaître en 1776, date à laquelle le régiment se vit attribuer une nouvelle tenue qu'il devait conserver et illustrer pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire : pelisse, dolman et culotte gris argentin, tous les ornements, tresses, passepoils, hongroises, cramoisis. Et, pour compléter cet uniforme, chaque houzard était tenu de porter la moustache longue, tombante, avec des pointes effilées d'un noir de jais ; ceux qui n'étaient pas dotés d'un système pileux suffisant devaient se munir de moustaches postiches ou, tout au moins, se peindre au cirage les deux formidables moustaches réglementaires.
Sans doute, estimait-on qu'un aspect aussi martial, non seulement engagerait l'ennemi à tourner bride, mais contribuerait encore à créer un puissant esprit de corps, base de la cohésion au combat.
Et, puisque nous avons abordé ces détails vestimentaires, notons en passant que, pendant toutes les guerres de l'Empire, le 3e Hussards devait être le seul régiment de cavalerie à porter les buffleteries noires au lieu de blanches.

Dès la fin de l'ancien régime, les éléments hongrois avaient peu à peu disparu. Le recrutement se faisait parmi les populations riveraines du Rhin, depuis l'Alsace jusqu'à Coblentz, particularité qui explique pourquoi, à cette époque, les commandements pour la manoeuvre se faisaient en allemand.
Au début de la Révolution, le 1er janvier 1791, par ordre de l'Assemblée Nationale, tous les régiments de hussards durent abandonner le nom de leur ancien propriétaire et prendre le numéro de leur ancienneté de création : le régiment d'Esterhazy devint le 3e régiment de hussards.
Si, depuis sa fondation, au lendemain du traité de Paris, une longue période de paix l'avait empêché d'acquérir sur les champs de bataille le moindre titre de gloire, il allait montrer, au cours des campagnes de la Révolution et de l'Empire, de quelle profonde empreinte l'avait marqué son fondateur et prouver ce dont il était capable.
Affecté successivement aux armées du Nord, de la Moselle, de Sambre-et-Meuse, sous les ordres de Hoche, puis de Kléber, il acquiert aussitôt la réputation d'une troupe d'élite.
Pendant ces premières campagnes, la cavalerie n'est pas employée en grandes masses et si le 3e eût l'occasion de faire quelques charges, c'est dans les petites opérations, les engagements d'avant-postes, les surprises et les coups de main où il excellait.
Dur métier à cette époque. Engagée dans des conditions toujours précaires, la cavalerie ignorait ce que pouvait être un ravitaillement, le commandement se fiait à l'audace, à l'adresse, à la bravoure des houzards pour se procurer ainsi qu'à leurs chevaux de quoi ne pas mourir de faim. Les hommes allaient presque nus, les bottes remplacées par des houseaux de paille, les harnachements tenant par un bizarre assemblage de ficelles et de fil de fer. Malgré cette situation misérable, les hauts faits se comptent par centaines et quelques-uns méritent d'être rappelés.

Ainsi, de jour en jour s'accroissait la renommée du 3e, et le 3 octobre 1793, le général Delaunay, commandant provisoirement l'armée de la Moselle, écrivait de Sarreguemines au ministre de la Guerre:
"Permettez, citoyen Ministre, que je vous entretienne de la bravoure avec laquelle le 3erégiment de hussards a agi dans 3 actions consécutives ; il est au-dessus de tout éloge."

Mais revenons au régiment que nous avons laissé à l'Armée de Moselle.
Après 2 mois de repos accordés à la demande de Hoche, il passe au début de mars 1794 à l'armée du Nord où il devait rester jusqu'en 1799, sans cesse sur la brèche et toujours au point le plus exposé.

"Si, pendant toute cette période, écrit Marcel Dupont dans Nos Vieux Hussards, le 3e de hussards figura rarement à des combats importants, par contre chaque fois qu'il y eût une action périlleuse à exécuter, coup de main, raid hardi, nos hommes étaient là, ardents, l'oeil aux aguets, la poigne ferme, prêts à foncer comme la foudre."
A toutes ces qualités, communes aux autres régiments de hussards, le 3e en joignait une autre, moins brillante à première vue, mais dont le prix est encore plus grand: la discipline. Jamais on n'y vit de mouvement de révolte, jamais de protestation, jamais même de ces pétitions aux représentants du peuple, dont les troupes de cette époque ne manquaient pas de se servir, quand elles estimaient avoir à se plaindre de leurs chefs ou de leurs effroyables misères. Et cependant, plus que tout autre, il eût à souffrir des conditions pénibles dans lesquelles les armées de la République devaient tenir la campagne.

Après avoir occupé Mayence au début de 1800, le régiment resta à l'armée du Rhin, jusqu'à la paix d'Amiens (1803) en période d'occupation.
En 1803, il vient tenir garnison à Compiègne et passe les années 1804 et 1805 au camp de Montreuil, et à l'armée des Côtes entre Le Havre, Rouen et Chartres.
Mais, subitement, l'armée française qui faisait face à l'Angleterre, abandonne les côtes de la Manche, en faisant face à l'Allemagne, se dirige sur le Rhin. Alors, allait commencer l'ère des grandes chevauchées à travers l'Europe, de l'Espagne à Moscou, période des ruées glorieuses sus à l'ennemi, des grandes charges de cavalerie, des amples moissons de gloire et de lauriers, et le 3e de hussards allait écrire quelques unes des plus belles pages de son Histoire.

Au début de la campagne de 1805, le 3e de hussards est embrigadé avec le 10e de chasseurs sous les ordres du colonel Colbert. Celui-ci n'a que 27 ans. Il fait partie de la glorieuse pléiade des officiers de légère du Premier Empire, si riche en brillants cavaliers d'avant-garde et c'est sous ses ordres que le 3e de hussards et le 10e de chasseurs vont courir de victoire en victoire.

Jusqu'en 1813, le 3e de hussards ne cessera de prendre sa part de gloire et de misère dans les guerre de la péninsule.

Au début de la Restauration, le 3ede hussards change momentanément de nom et devient: "Hussards de la Moselle", nom qu'il conserva jusqu'en 1825.

Durant la période de paix qui va de 1870 à 1914, le 3e hussards, après avoir séjourné deux ans en Algérie, tient garnison à Lyon, à Verdun et à Senlis.
Le 1er août 1914, il quitte Senlis, au milieu de l'enthousiasme de la population, et se dirige vers la Belgique où il rejoint le corps de cavalerie Sordet. La grande guerre de 1914 à 1918 vient de commencer.

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