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HISTORIQUE DES SPAHIS
de 1830 à nos jours
(par le Lt colonel (H) Claude Aïcardi)
ETYMOLOGIE:
Spahi: mot d’origine turque, les "Sibahis" étaient des cavaliers fournis par les tribus inféodées de l’empire
Ottoman qui venaient renforcer les effectifs de Mamelouks (troupes régulières) lorsque l’ampleur des opérations
le nécessitait.
Ils se payaient sur le terrain en pillant les lieux ou ils intervenaient et, une fois l’opération terminée,
rejoignaient leurs tribus d’origine.
LEUR UTILISATION PAR LES FRANCAIS:
Le Dey d’Alger, destitué lors de l’arrivée des français, disposait de "Sibahis", en majorité de nationalité turque.
Se trouvant "sans emploi" ils se rangent en 1830 sous la bannière de Yousouf (1). Il sut en faire des troupes
efficaces et redoutées qui ont largement contribuées à la conquête de l’Algérie.
A noter que le phonème "P" n'existe pas en arabe ou ce mot se prononce "sBahi", déformé par la prononciation
française il est devenu "Spahi".
LES SPAHIS EN ALGERIE:
Ces cavaliers recrutés par Yousouf seront d’abord appelés "Mamelouks", puis deux ans plus tard "Spahis" et
seront officialisés par trois textes législatifs :
- en 1831 où une loi autorise les généraux commandants les pays occupés à former des corps militaires
composés d’indigènes et d’étrangers. Ce sera la première consécration des tirailleurs, spahis et légionnaires;
- le 7 décembre 1841 par une ordonnance royale de Louis Philippe qui créé un corps unique de cavaliers
indigènes régularisant ainsi leur emploi depuis plus de dix ans par le corps expéditionnaire français;
- le 2 juillet 1845 par une nouvelle ordonnance royale qui décide de la création de trois régiments de spahis :
- le 1er régiment de spahis algériens à Alger;
- le 2e régiment de spahis algériens à Oran;
- le 3e régiment de spahis algériens à Bône.
Ces formations se sont couvertes de gloire dans la quasi-totalité des combats qui ont émaillés la conquête de
l’Algérie et ont largement contribué au succès des armes de la France.
Pour ne citer que les principales victoires, elles ont participé aux succès de:
- Constantine en 1836 et 1837;
- Les Portes de fer en 1839;
- Collo en 1843;
- La prise de la smala d’Abdelkader en 1843;
- La bataille d’Isly en 1844;
- Les Aurès 1846;
- La prise de Zaatcha en 1849;
- La prise de Laghouat en 1852;
- Hodra en 1864;
- La Kabylie en 1871.
LES SPAHIS HORS D'ALGERIE
Le "modèle" spahis a été répété ailleurs par l’armée française:
- En Crimée en 1854 ou Yousouf fut chargé de mettre sur pied des escadrons de cavaliers autochtones;
- En Tunisie ou le 4e Spahis a été formé le 1er octobre 1886.
- Au Maroc avec la participation d’escadrons algériens à l’expansion française, puis la création en 1912 de
dix escadrons de spahis formés avec les tabors de cavalerie du Sultan du Maroc
- Au Sénégal avec une esquisse en 1843, puis la participation effective aux opérations de pacification de
1872 à 1881;
- Et aussi lors de la grande œuvre d’expansion coloniale de la IIIe République ou des unités algériennes et
marocaines prendront une part active aux campagnes d’extrême orient, d’Afrique et à Madagascar.
PREMIER CONFLIT MONDIAL:
Dès le début des hostilités les spahis prendront part aux combats : les détachements d’Algérie deviendront le
6e Spahis et un détachement marocain s’appellera "régiment de marche des spahis algériens".
En 1915, le 5e régiment de spahis marocains est engagé sur le front, il est rejoint en 1916 par le
7e régiment de spahis algériens.
ENTRE DEUX GUERRES:
Dans cette période le nombre de régiments de spahis sera multiplié par trois par rapport aux effectifs de 1914.
On dénombre en 1921 douze régiments de spahis :
- 5 en Algérie;
- 4 au Maroc;
- 2 au Levant;
- 1 en Tunisie.
DEUXIEME CONFLIT MONDIAL:
De nombreux escadrons de spahis constituent les unités de reconnaissance des formations militaires françaises.
La part la plus importante sera prise par les 2e régiments de spahis algériens et marocains qui
formeront la 3e Brigade lors de la campagne de France de mai-juin 1940.
Après l’armistice de 1940, les régiments seront reformés en Afrique du Nord puis, après le débarquement allié de
1942, ils feront partie du corps expéditionnaire français d’Italie aux ordres du général Juin ; de la 1ère
armée du général de Lattre de Tassigny; de la célèbre 2e division blindée du général Leclerc.
AUJOURD’HUI:
1962 sonne le glas de ces formations.
Aujourd’hui, seul subsiste le 1er régiment de spahis stationné à Valence. Il est le dépositaire de toutes les
traditions de ses glorieux ancêtres et participe activement aux interventions militaires extérieures menées par
la France dans le cadre de ses accords de défense.
(1) Yousouf: général de division, l'une des figures légendaires de l'armée d'Afrique.
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