17 décembre 1773 16 août 1846 |
Sylvain, Charles Valée nait en Champagne, dans le département de l'Aube, à Brienne le Château le 17 décembre 1773. Il voit le jour à la ferme de Bassefontaine, ancienne abbaye transformée en poste de garde-chasse où est logé son père, Charles Valée, piqueur des chasses du comte de Brienne et sa mère née Louise Bonjour.
Son père décède alors qu'il n'a que deux ans et sa mère se remarie aussitôt, elle décèdera accidentellement en 1792.
Alors qu'il n'a que huit ans, et grâce à l'appui de la famille de Loménie de Brienne, Sylvain Valée est admis en qualité d'élève du Roi à l'école militaire de Brienne.
Il y fera la presque totalité de sa scolarité jusqu'en 1792 où la fermeture de cet établissement l'amène à présenter et réussir le concours d'entrée de l'école d'artillerie de Châlons-sur Marne.
A Brienne, il croise la route du jeune Napoléon Bonaparte, de quatre ans son aîné, qui y est scolarisé de 1779 à 1784. La différence d'âge fera que les deux élèves se côtoieront sans se connaître et le fait d'avoir fréquenté le même établissement que l'Empereur n'aura aucune influence sur la carrière de Sylvain Valée.
La guerre aux frontières va abréger la durée de ses études; il sort de l'école en 1793, est nommé lieutenant d'artillerie et participe aux campagnes de 1793 et 1794 où il est remarqué par ses chefs, en particulier lors des sièges ou des défenses de villes de Quesnoy, Landrecies, Charleroi, Valenciennes, Condé et Maestricht.
En 1795 alors qu'il est à Doué, il fait la connaissance de la fille d'un médecin , Françoise, Caroline Von Moegling alors agée de 15 ans. Il l'épousera le 10 mai 1798, deux enfants naîtront de cette union, Adèle en 1803 mais qui ne survivra pas et en 1805 une seconde fille prénomée Marie-Thésèse,Caroline qui sera très proche de son père qu'elle soutiendra lors du décès de sa mère en 1828.
Nommé capitaine en 1797, il est affecté à l'armée du Rhin de Moreau et commande la 2e compagnie du 3e régiment d'artillerie à cheval placée pour emploi aux ordres du général Decaen.
Chef d'escadron en 1802, il est chargé de la formation dans les camps de l'artillerie de réserve puis affecté au parc général d'artillerie lorsqu'il est nommé major en 1804.
En 1805 à Austerlitz, il est inspecteur général du train d'artillerie; en novembre 1806, il est sous-chef d'Etat-major du général Songis, commandant en chef l'artillerie de l'armée.
Promu colonel le 12 janvier 1807, il se distingue aux batailles d’Eylau et de Friedland et est fait officier de la Légion d'honneur.
En décembre 1808, après une année de répit en garnison à Strasbourg, Valée est envoyé en Espagne auprès du maréchal Lannes qui assiègeait Saragosse. Après la réddition de la ville, Valée reçoit le commandement de l'artillerie du 3e corps devenu "l'armée d'Aragon" et est nommé général de brigade en 1809.
Appelé en 1818 par le général Gouvion-Saint-Cyr, ministre de la guerre, à la commission de défense du royaume, il siège dans cette instance pendant cinq ans et fait adopter un système général d’armement pour les places fortes et l’immense littoral de l’Ouest et du Sud.
En 1822, le gouvernement crée pour lui le titre et les fonctions d’inspecteur du service central de l’artillerie.
Valée va se consacrer sans relache au plan qu'il avait conçu et, en 1830, il avait mis en place un vaste système qui réorganisait toutes les branches du service et donnait au royaume un nouveau matériel de campagne, de siège et de montagne qui présentait l'avantage d'être de construction simple, solide et fonctionnel tout en étant particulièrement mobile.
En récompense de ses services, le gouvernement rétablit pour lui l’emploi et la dignité de premier inspecteur général, et le roi Charles X le nomme Pair héréditaire du royaume, par ordonnance en date du 27 janvier 1830.
La révolution de 1830 supprime le poste de premier inspecteur général de l'artillerie et Valée se retire dans le Loiret jusqu'en 1834. A cette date, il est nommé conseiller d’État, membre de la commission chargée des questions relatives à la fabrication de la poudre et au commerce du salpêtre, puis rappelé à la Pairie.
En 1837, lors des préparatifs pour la seconde expédition de Constantine, le cabinet obtint du roi que l’artillerie et le génie soient dirigés par le général Valée.
L'expédition, menée par le général Damrémont, gouverneur de l'Algérie, assisté du duc de Nemours, arrive sous les murs de Constantine le 6 octobre. Valée dispose ses canons afin d'ouvrir une brèche dans la muraille qui permettra l'assaut. Le 12 octobre, alors qu'il visite une batterie, le général Damrémont est frappé de plein fouet par un boulet qui le tue.
Le général Valée est hiérarchiquement le plus ancien, il prend le commandement de l'expédition et l'assaut donné le 13 matin sera un succès complet.
Après avoir mis en place l'organisation de la province et laissé à Constantine un détachement commandé par le général Bernelle, l'expédition est de retour à Alger ou Valée apprend que le Roi Louis-Philippe l'a nommé gouverneur de l'Algérie puis élévé à la dignité de maréchal de France le 11 novembre 1837.
Au poste de Gourverneur qu'il occupera jusqu'en février 1841, où Bugeaud le remplacera, Valée juge inévitable la reprise des hostilités avec Abdelkader. Soutenu par Soult, alors ministre de la guerre, il obtient du gouvernement l'autorisation d'occuper les villes de Koléa et Blida qui permettront de porter la frontière ouest sur le massif de La Chiffa et de sécuriser les places françaises d'Oran et d'Alger. Informé de ses intentions , l'Emir invoque le traité de la Tafna, Valée passe outre, occupe sans difficulté les deux villes et poursuit son objectif durant l'hivers 1838 en organisant la province de Bône.
Début 1839, se sentant peu soutenu par le nouveau ministère, Valée envoie sa démission. L'intervention de Soult appuyée par le Roi lui-même le convainc de la reprendre et Valée met à exécution le projet qu'il avait conçu pour occuper définitivement le plateau de Sétif. Le 28 octobre, c'est l'expédition des "portes de fer" conduite par le duc d'Orléans qui va contraindre Abdelkader, pressé par ses tribus, à dénoncer le 18 novembre 1839 le traité de la Tafna et reprendre la lutte.
La campagne qui suivit fut glorieuse pour les troupes françaises qui avaient, en juillet 1840, repoussé l'Emir au delà de l'Atlas et anéanti ses meilleures troupes. Elle amorça également son déclin qui se concrétisa le 23 décembre 1847 lorsqu'il fit sa soumission au duc d'Aumale.
Le maréchal poursuit alors son plan d'organisation du territoire avec la mise en place et la réussite de trois nouveaux centre de colonisation à Blida, Cherchell et Coléa.
Le 18 janvier 1841, le maréchal Valée quitte l'Algérie et rentre en France où il préside la commission pour l'armement de Paris.
Il décède à Paris le 16 août 1846 à l'âge de 73 ans. Les obsèques du maréchal sont célébrées le 20 août en l'église des Invalides où il est inhumé et repose sous la cinquième arcade du tombeau des gouverneurs.
Sur décision du roi Louis-Philippe une statue du maréchal Vallée est installée au musée de Versailles, dans la galerie des maréchaux.
La statue du maréchal, oeuvre de Gustave Crauk, inaugurée le 28 octobre 1866 à Constantine, a été rapatriée en France en 1963. Elle a été de nouveau érigée à Brienne-le Château le 5 juillet 2009.