10/06/1899 03/07/1984 |
Raoul Salan est né le 10 juin 1899 à Roquecourbe dans le Tarn, il est le fils de Théophile, fonctionnaire des contributions indirectes, et de Emma Roucayrol.
Après un cycle primaire à Alès dans le Gard, il effectue ses études secondaires au Lycée de Nîmes et y prépare le concours d'entrée de Saint Cyr où il est admis le 21 août 1917, promotion "La Fayette".
Nommé aspirant le 25 juillet 1918, il est affecté au 5e régiment d’infanterie coloniale à Lyon le 14 août 1918; il commande une section
à la 11e compagnie avec laquelle il participe aux combats dans la région de Verdun et reçoit sa première citation le 29 décembre 1918.
Rappelé à Saint-Cyr avec sa promotion pour terminer sa formation, il est promu sous-lieutenant à titre définitif le 21 septembre 1919 et affecté, le 3 décembre, au régiment d'infanterie colonial du Maroc stationné à Landau en Allemagne.
A sa demande, il va servir en Syrie où il est promu lieutenant le 11 septembre 1921. Grièvement blessé le 24 octobre 1921 au combat d'Accham, il est cité à l'ordre de l'armée et reçoit la Légion d'honneur.
Rapatrié sanitaire sur la métropole, après son hospitalisation et sa convalescence à Paris, il demande à être affecté en indochine et rejoint le Tonkin le 15 avril 1924.
Hormis deux brefs retours en France en 1929 et en 1933, il restera en Extrème-Orient jusqu'au 8 avril 1937.
Adjoint au chef de poste de Nguyen-Binh en 1924, puis détaché dans la province du haut Mékong, il est nommé capitaine le 25 mars 1930, commande la 6e compagnie du 19e régiment mixte d’infanterie coloniale et assume les fonctions de délégué administratif de Dinh-Lap au Tonkin.
De retour en France et détaché au ministère des colonies comme adjoint au chef du 2e bureau , il est promu chef de bataillon le 22 mars 1938 et prend la direction du service de renseignement inter-colonial en avril 1938.
En juin 1940, à la tête d’un bataillon du 44e régiment d’infanterie coloniale mixte sénégalais, Salan est en première ligne sur la Somme. Il se replie, sur ordre, avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la Seine puis sur la Loire.
Il est cité deux fois à l’ordre du régiment, puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la Légion d’honneur le 21 août 1940.
Lieutenant-colonel le 25 juin 1941, il rejoint Dakar le 8 mars 1942 comme chef du 2e bureau à l’état-major du commandement supérieur en AOF
où il est promu colonel le 25 juin 1943. Affecté à Alger, dans les mêmes fonctions le 31 août 1943, il sera évincé de ce poste et mis à la disposition de la 9e Division d’Infanterie Coloniale (DIC) sous les ordres du général Magnan le 4 mai 1944.
Commandant le 6e régiment de tirailleurs sénégalais stationné en Corse, il débarque, le 19 août 1944, sur la plage de La Nartelle dans le Var, atteint Toulon le 26 août 1944 où il livre six jours de combats intenses.
Le régiment, devenu le 6e régiment d’infanterie coloniale par note du 13 octobre 1944, démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs, puis à Blotsheim dans le haut Rhin, libère Village-Neuf, Huningue, Loechle et l’usine hydro-électrique de Kembs.
Général de brigade le 25 décembre 1944 et assurant le commandement de l'infanterie de la 9e DIC, Salan participe à la réduction de la poche de Colmar; il est cité à l’ordre de l’armée et promu commandeur de la Légion d’honneur.
Le 20 février 1945, il prend le commandement de la 14e division d’infanterie et termine la guerre sur le front européen près de Donaueschingen dans la Forêt Noire. Durant cette période, il sera à nouveau cité deux fois à l'ordre de l'armée
De retour en Indochine en octobre 1945, il commande les forces françaises en Chine et Indochine du Nord et participe, avec Hô Chi Minh, aux négociations concernant le départ des troupes chinoises du Tonkin.
En 1947, il est promu général de division, commande les troupes françaises du nord Viet-Nam, assure un intérim comme commandant en chef en Indochine et est nommé, le 6 décembre 1950, adjoint militaire du général de Lattre de Tassigny, haut commissaire en Indochine.
Le 1er septembre 1951, Salan est élevé au grade et appellation de général de corps d'armée. Après le décès du général de Lattre, il est nommé le 6 janvier 1952, commandant en chef en Indochine puis en juin 1954, adjoint militaire du général Ely, haut commissaire en Indochine.
En désaccord avec ce dernier, il demande et obtient sont rappel en France qu'il rejoint le 9 octobre 1954.
Après un court intermède parisien le général Salan est nommé, le 12 novembre 1956, commandant supérieur interarmées de la 10e région militaire (Algérie), il rejoint ce commandement le 1er décembre 1956 et est élevé, à la même date, au rang et appellation de général d'armée.
Le 16 janvier 1957, il échappe à un attentat perpétré par des extrémistes manipulés de Paris qui voulaient remplacer Salan, perçu comme le "bradeur de l'Indochine" par le général rené Cogny. Des personnalités françaises de premier plan furent mises en cause dans cette affaire qui fut étouffée et dont l'enquête n'aboutira jamais.
Le 13 mai 1958 c'est le Putch d'Alger et Salan cumule les pouvoirs civils et militaires en Algérie. Son ralliement au général de Gaulle est décisif dans le retour au pouvoir de ce dernier le 1er juin. Malgré cela, le 11 décembre 1958, Paul Delouvrier est nommé Délégué général en Algérie et le général Challe prend, le 12 décembre, le commandement en chef en remplacement de Salan qui reçoit le poste honorifique d'inspecteur général de la Défense nationale.
Le général Salan quitte le service actif le 10 juin 1960 et s'installe avec sa famille à Alger le 30 juillet. Le 11 septembre, il se voit notifier l'interdiction de résider à Alger et rentre à Paris. Menacé d'arrestation pour ses déclarations favorables à l'Algérie française, il s'exile en Espagne en octobre 1960 et rejoindra le 23 avril 1961 le Putch des généraux à Alger.
Après l'échec de l'entreprise, Salan dirige l'Organisation Armée Secrète (OAS) en Algérie. Arrêté le 20 avril 1962 à Alger, après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l'OAS, il est condamné, le 23 mai 1962, par le haut tribunal militaire à la peine de détention criminelle à vie. Ce verdict fut considéré comme trop clément par le général de Gaulle qui dissoudra ce tribunal quatre jours plus tard.
Le 8 décembre 1962, le général Salan est transféré en même temps que le général Jouhaud à la prison de Tulle où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.
Le 15 juin 1968, dernier occupant des prisonniers militaires de Tulle, il est libéré par grâce présidentielle à la suite des évènements de mai 1968.
En 1982, après l’amnistie votée par le Parlement, le général Salan est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d’honneur.
Il s’éteint le 3 juillet 1984 à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce.
Il est inhumé au cimetière de Vichy où sa tombe porte seulement, en plus de son identité et de ses années de naissance et de mort, la mention "Soldat de la Grande Guerre".
Grand-croix de la Légion d'honneur, décoré de la médaille militaire, le général Salan était titulaire des croix de Guerre 1914-1918, 1939-1945, des théâtres d'opérations extérieures et de la croix de la valeur militaire pour lesquelles 17 citations lui avaient été décernées.