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Fiche éditée le 16 janvier 2011

Robert, Georges NIVELLE

Général

nivelle15 octobre 1856
23 mars 1924
polytechnique

Né à Tulle le 15 octobre 1856 dans une famille protestante, franco-britannique par sa mère, Robert Nivelle se révèle être un bon élève en plus de son bilinguisme. Il intègre l'Ecole Polytechnique en 1876 et en sort diplômé dans le corps des artilleurs en 1878.

Nivelle commence sa carrière militaire en Outre-Mer. A l'été 1900, il rejoint le corps expéditionnaire français envoyé en Chine lors de la révolte des Boxers puis sert ensuite en Afrique où il est particulièrement apprécié pour ses qualités relationnelles.

Colonel au début du premier conflit mondial, Nivelle se fait remarquer par son esprit offensif et sa conduite exemplaire en Alsace. En septembre 1914, lors de la bataille de l'Ourcq, il lance son infanterie contre les lignes du 4e corps de la 1ère armée du général von Kluck, autour de Meaux, sauvant ainsi la capitale de la menace allemande. Il est promu général de brigade en octobre 1914.
QG Nivelle Promu général de division l'année suivante, il est, en février 1916, à la tête du 3e corps de la IIe armée française sur le front de Verdun et succède à Pétain au commandement de cette même armée au mois de mai 1916.
Il va alors reprendre aux allemands les forts de Douaumont et Vaux en montrant déjà son peu de respect pour la vie de ses hommes.

À la suite de ces succès, le 25 décembre 1916 et parceque ses promesses d’une victoire rapide séduisent la Commission de l’armée à la Chambre, il remplace comme commandant en chef des armées le général Joffre, élevé à la dignité de maréchal de France mais jugé trop statique et usé par deux années successives de combat de tranchées sans aucune occasion de percée décisive.
Nivelle élabore un plan qui, mettant fin à la guerre d'usure menée autour de Verdun, devait permettre d'emporter la décision par des attaques frontales massives à l'abri d'un rideau de feu. Malgré l'opposition formelle de Lyautey, éphémère ministre de la guerre, ce plan est accepté, y compris par le premier ministre britanique, David Lloyd George, qui est séduit par cette propositon et accepte de placer les troupes anglaises sous le commandement de Nivelle.

chemin des Dames

Malheureusement, l'offensive initialement prévue en février dûe être reportée et les allemands, qui avaient saisi un exemplaire du plan Nivelle dans une tranchée qu'ils avaient conquise, avaient mis en place une très forte défense lorsque l'attaque se déclencha le 16 avril 1916. L'offensive n'eut donc aucun effet de surprise et les assauts de la bataille du Chemin des Dames, qui se succédèrent du 16 au 20 avril puis reprirent début mai se soldèrent par un échec total couteux en vies humaines.
Le bilan du Chemin des Dames est effroyable:

Une commission d’enquête dirigée par le général de division Henri Joseph Brugère, conclue à la responsabilité de Nivelle en mentionnant dans son rapport que "Pour la préparation comme pour l’exécution de cette offensive, le général Nivelle n’a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu’il avait assumée".
Convoqué devant le Comité de guerre les 11 et 15 mai 1916, Nivelle refuse de solliciter d'être relevé de son commandement. Il le sera cependant le 16 mai 1916 puis, en décembre 1916, il est envoyé en disgrace en prenant le commandement du 19e corps d'armée à Alger en qualité de commandant des troupes françaises d'Afrique du Nord.

Philippe Pétain, nouveau général en chef des armées, parviendra à calmer ces rébellions en adoptant une stratégie moins offensive que celle de son prédécesseur afin de limiter les pertes en hommes. Il prend également plusieurs mesures visant à améliorer le sort des poilus, concernant entre autres les cantonnements, la nourriture, les tours de permissions...
Toutefois, le pic d'intensité des mutineries se situe entre le 20 mai et le 10 juin 1916, soit après la nomination de Pétain. Pour y mettre fin, l'objectif étant de faire des exemples, il met en place une répression rapide des présumés mutins: les tribunaux militaires jugent sans véritable preuve; début juin, l'état-major parvint même à obtenir que la possibilité d'appel soit supprimée. Pétain a aussi la possibilité de bloquer les demandes de grâce auprès du président de la République Raymond Poincaré et il utilisera à 7 reprises ce droit.
Cette grande crise au sein de l'armée française amena son lot de sanctions contre les mutins. Environ 3 500 condamnations, en rapport avec ces mutineries, furent prononcées par les conseils de guerre avec une échelle de peines plus ou moins lourdes. Il y eut entre autres 1381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison et 554 condamnations à mort dont 49 furent effectives parmi lesquelles, il faut cependant noter que, 26 l'ont été pour actes de rébellion collective commis, bien après le "Chemin des Dames", en juin et juillet 1917.

nivelle

Nivelle rentre en France après la guerre. Celui qui fut surnommé "le boucher" dès les premiers jours de la bataille du Chemin des Dames fut cependant réhabilité une fois la paix revenue; il fut nommé au Conseil supérieur de la guerre, élevé à la dignité de Grand'croix dans l'ordre de la Légion d'honneur et décoré de la médaille militaire.
Il prend sa retraite en 1921 et décède à Paris, dans son lit, le 23 mars 1924. Il est inhumé dans la crypte de l'église de Saint-Louis des Invalides, sous la huitième arcade du tombeau des gouverneurs.

La chanson de Craonne:
Après le massacre du Chemin des Dames , une chanson était fredonnée par les mutins. Cette chanson était interdite, et un million de francs-or plus la démobilisation immédiate étaient promis à qui dénoncerait son auteur. Elle est restée anonyme...



Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.
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