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Le général MARULAZ

marulazJacob, François MARULAZ
Baron d’Empire
1769 – 1842
"Je suis Hussard de naissance"
armes

Il est difficile de dissocier le général MARULAZ de l’arme des Hussards et notamment du 8e régiment. En effet, ce grand cavalier léger fait partie de la lignée des Lasalle, Murat, Colbert, Fournier Sarlovéze, Curély, Pajol, Francheschi-Delonne, Montbrunn parmi les plus célèbres. Il a gagné ses galons et ses étoiles en traversant l’Europe au galop de charge, le bancal à la main et la pelisse au vent.
La famille Marulaz ou Marolla, savoyarde est originaire de Morzine. Le 6 novembre 1769, trois semaines après Bonaparte, Jacob François Marulaz voit le jour à Leiskam dans le Palatinat. Il va grandir nourri par les récits des combats racontés par son père et ses camarades de régiment, tout en admirant l’uniforme rutilant d’Esterhazy-Hussards. Le 16 septembre 1778, à Metz, il est admis en qualité d’enfant de troupe dans le régiment de son père. Le 1er novembre 1785, il s’engage au régiment. En janvier 1791, les régiments ne doivent plus porter les noms de leurs colonels propriétaires, Esterhazy devient le 4e régiment de Hussards. Marulaz est nommé brigadier fourrier, le 1er janvier1791 et maréchal des logis l’année suivante, le 23 juin. A cette date le régiment est cantonné à Cambrai. Marulaz assiste à la bataille de Valmy.
Le 1er octobre, il est affecté comme lieutenant au corps des éclaireurs volontaires de Fabrefonds qui vient d’être formé à Nancy, commandé par le colonel Fabrefonds. Il y retrouve son père, capitaine, qui commande la 2e compagnie. Par décret de la Convention Nationale en date du 26 février 1793, le corps des éclaireurs de Fabrefonds est versé dans l’arme des Hussards et prend le numéro 9. Le 10 mai, après l’immigration du ci-devant régiment de Saxe, tous les régiments avancent d’un rang à partir du 5e. Le 9e devient ainsi le 8e Hussards. Le 1er mai, Marulaz est nommé capitaine. Le régiment est intégré dans l’armée des Côtes de la Rochelle, il fait mouvement sur la Vendée. Marulaz apparaît déjà, comme un entraîneur d’hommes et un sabreur hors pair, mais aussi comme un homme d’honneur généreux.

Début 1794, le régiment est affecté à la brigade Vandamme avec mission de s’emparer de Menin. Le 27 avril, le capitaine Marulaz encerclé, est blessé d’un coup de sabre. Sur la route de Lille, à Booeboech. Marulaz pénètre dans les retranchements ennemis. Son cheval est tué, lui-même blessé. Les anglais quittent le champ de bataille. Ypres est prise, Ainsi que Bruges et Ostende.

Fin juin, les hussards commandés par Marulaz, chef d’escadron depuis le 7 mai, quittent la division Vandamme pour rejoindre la 6e division sous les ordres du général Delmas. Après la victoire de Fleurus, la Convention décide d’entrer en Hollande. La cavalerie rencontre à Boxtel, le 17 septembre, l’avant-garde ennemie. Marulaz avec trente cinq hussards charge et fait déposer les armes à deux bataillons Hessois. Le 8e participe à la prise de Bois le Duc et du fort de Crèvecoeur. Le général de Winter, à la tête d’une avant-garde, se dirige sur Haarlem et après la prise de la ville, atteint Alkmer. Le 18 janvier 1795, entre l’île du Texel et Helder, la flotte hollandaise est prise dans les glaces. Quatorze vaisseaux de ligne avec leurs équipages et huit cents cinquante canons sont capturés par la 1ère compagnie du 3e régiment de Tirailleurs en voitures et le 1er escadron du 8e Hussards.

En avril, le 8e hussards quitte la Hollande pour prendre position sur le Rhin en avant-garde. Le Rhin est franchi le 23 septembre. Le régiment se bat devant Mannheim. Devant la poussée ennemie, à Oppenheim, Marulaz arrête la progression des autrichiens. Lors de la reprise des hostilités en avril 1797, le 8e traverse le Rhin et se bat à Offenbourg contre des forces supérieures en nombre. Marulaz est blessé d’un coup de feu au bras droit. Il est félicité par le général Bourrier qui déclare "Il a toutes les qualités qui distinguent un bon chef. Ce régiment lui doit toute la gloire qu’il s’est acquise pendant la campagne. Son patriotisme est égal à sa bravoure".

En 1798, la cavalerie de l'armée d'Helvétie est composée des 7e et 8e hussards. Le 27 février, l’escadron Marulaz force le pont de Buren et combat sous les murs de Berne; le 2 mars, Marulaz charge à la tête des 7e et 8e hussards. Berne est prise, le corps zurichois capitule. Le 22 avril, à la reprise des combats, le 8e se distingue à Fremsberg, à Melligen, à Richterwyl et à Sion. Le 23 décembre 1798, à vingt neuf ans, Marulaz est nommé chef de brigade du 8e hussards. Les hostilités reprennent en mars. Les autrichiens passent à l’attaque. Le 2 juin, dès son arrivée, le régiment subit des pertes importantes aux combats de Zurich et de Bremgarten. Masséna jugeant sa position trop avancée se retire sur la ligne du mont Albis, qui est attaqué le 7 juin. Le 8e soutenu par la 106e demi-Brigade repousse l’ennemi, il couvre l’armée qui se retire de Zurich. Début juin, Marulaz lance deux escadrons dans le camp ennemi qui voyant la faiblesse numérique des hussards, contre attaque. Marulaz est encerclé, blessé de cinq coups de feu, quatre dans la poitrine dont l’un lui traverse le corps de part en part, brisant deux côtes. Dégagé, il est ramené vers l’arrière. Gravement atteint, ses blessures vont l’empêcher de poursuivre une carrière glorieuse. Début octobre, Marulaz reprend la tête de son régiment pour mettre en déroute des éléments cosaques à Célan près d’Andelfingen.

L’Armée d’Allemagne, passe le Rhin. Le 1er mai 1800, le 8e charge à Hohentwiele. Il pénètre dans Stockach, traverse la ville et se regroupe sur les hauteurs dominantes. Presque toute l’infanterie ennemie est capturée : deux mille prisonniers, cinq cents chevaux, huit pièces d’artillerie, des magasins immenses sont capturés par les hussards. Stockach sera inscrit sur l’étendard. Le 8e se distingue à Moeskirch, prend Landberg, se bat à Dillingen, à Freyberg, à Hochtaed.

Les hostilités reprennent le 28 novembre. Les six cent seize hommes du 8e, formant quatre escadrons et font partie de la 2e division. Il s’emparent d’Albing, se battent à Hohenlinden. Le 5 décembre, Marulaz pénètre dans Rosenheim. Toujours à l’avant-garde, il repousse l’ennemi sur Phalsbourg. Salzbourg est occupée. Marulaz, à l’avant-garde, s’empare des forts de Passeling et de Lebersten. L’armistice de Steyer est signé le 25. A la paix de Lunéville le régiment rentre en France.

Cantonné à Haguenau, le régiment se remet en état. Le 22 mars 1801, le premier Consul dote son colonel d’un sabre d’Honneur, ce qui lui confère la Légion d'Honneur qui lui sera remise officiellement au camp de Boulogne le 16 juin 1804. L’Empire est proclamé. Les relations avec l’Angleterre sont mauvaises et Napoléon forme sur les côtes le camp de Boulogne. Le 8e fait partie de la brigade Margeran. Ne pouvant assurer un service actif car son état de santé est très ébranlé surtout par les blessures reçues à Zurich. Marulaz se sépare du 8e hussards.
Il est nommé général de brigade le 1er février 1805. Le 1er mars, il reçoit le commandement du département de la Haute Saône. Il reprend le service actif fin mai 1806. En 1806, devant les signes avant-coureurs d’une prochaine guerre avec la Prusse, malgré les conseils des médecins et les supplications de sa famille, Marulaz demande un commandement actif. Début octobre, il prend à Posdam le commandement d’une brigade de Cuirassiers (division Hautpoul). "Hussard parmi les Cuirs"... A la tête de ses escadrons, il poursuit l’ennemi sur Lubeck. Le 5 décembre, il reçoit le commandement de la cavalerie du 3e corps, sous les ordres de Davout, composée des 1er, 2e et 12e régiments de Chasseur à Cheval. Il va mener la dure campagne de l’hiver 1806-1807. Blessé à Golymin, il charge à Eylau, fait trois cents prisonniers le lendemain. Mais les suites de ses blessures le font souffrir. Il a du mal à se tenir en selle. A Eylau, la cavalerie de Marulaz réduite à cinq cents sabres participe à la retraite des troupes russes. A bout de force, il doit prendre un repos prolongé.
Le 4 février 1808, il obtient le commandement territorial de la Haute Saône. Le 7 décembre, il est fait Baron d’Empire, commandeur de l’ordre de Hesse Darmstadt et de l’ordre militaire de Bade. Davout lui écrit "Nous n’oublierons jamais que l’on dort tranquille sous votre garde". Il passe l’année 1808 à Vesoul.

Début 1809, rappelé, Marulaz reçoit le commandement de la cavalerie légère, composée des 3e, 14 e, 19e et 23e Chasseurs à cheval. Le 10 mai, Marulaz est devant Vienne, avec ses quatre régiments de Chasseurs, les Chevau-légers Hessois et les Dragons Badois et Wurtenbergeois (sept régiments). De nombreuses charges sont menées devant Aspern sur l’infanterie ennemie. Marulaz a son cheval tué sous lui. Il reçoit l’ordre de galoper sur Essling. Devant Rosemberg, Lannes est mortellement blessé. Marulaz reçoit une balle dans la cuisse. Malgré sa blessure, il garde son commandement. La cavalerie légère regagne l’île Lobau. Le 5 juillet, la division Marulaz franchit le Danube derrière celle de Lasalle, elles se trouvent réunies dans la plaine de Wagram, face aux autrichiens. Masséna passe à l’offensive dans la plaine d’Essling, les escadrons de Lasalle et de Marulaz chargent les carrés autrichiens. Le général Lasalle et le colonel de Laborde à la tête du 8e hussards sont tués. Marulaz poursuit les charges, se trouvant près du 8e hussards dont le colonel vient d’être tué, il décide de prévenir la charge ennemie. Face au régiment, il s’écrie : "Houzards du 8e, je vous ai commandé pendant treize ans. Mon nom vous est connu. Voici l’ennemi, j’espère que vous ne démentirez pas votre ancienne valeur". Le régiment fier de se retrouver sous ses ordres et voulant montrer qu’il était toujours le même, s’élança avec fureur aux cris de "Vive l’Empereur. Vive Marulaz" suivi par les autres régiments. Les uhlans surpris sont taillés en pièces. Le 8e enlève un drapeau ennemi. Marulaz est à terre, son vingt sixième cheval tué, sa jambe est brisée par une balle, il est dans l’incapacité de se remettre en selle. Le 12 juillet, il est promu général de division. Il garde le commandement des deux divisions de cavalerie, la sienne et celle de Lasalle. Mais lui est impossible de poursuivre un service actif. En 1813, il reçoit le commandement de la 6e division militaire à Besançon.

L’invasion de la France est inévitable. Il organise la défense de Besançon. L’Empereur lui ordonne de tenir la ville jusqu’a la dernière extrémité. Marulaz fait renforcer les courtines, relever les parapets, doubler les fortifications de palissades et mettre en batterie cent vingt pièces d’artillerie. Afin de dégager les accès de la ville, tout ce qui peut servir d’abri à la progression de l’ennemi est détruit. L’état de siège est proclamé le 4 janvier 1814. Marulaz est nommé gouverneur. La première attaque autrichienne est repoussée le 31 janvier. La ville va résister jusqu’au 1er avril. A cette date, les troupes ennemies sont rentrées dans Paris mais les autrichiens ne sont pas entrés dans Besançon. L’armistice est signé le 16 avril. Le 2 mai, le siège est levé et les Autrichiens se retirent. Marulaz est nommé inspecteur de la cavalerie. Début 1815, il reçoit le commandement du département de l’Aube.

Napoléon a son retour de l’île d’Elbe lui confie par décret du 8 avril à nouveau le commandement de la 6 e division militaire. Marulaz est admis à la retraite, le 6 décembre 1815 et sera naturalisé français , le 17 septembre 1817. Il s’installe à Filain, arrondissement de Vesoul dans une propriété qu’il avait acquis en 1808. Entouré de toute sa famille, il y passera vingt sept ans. Devenu maire, il administrera ses concitoyens jusqu’en 1831. Il passe ses journées dans la campagne à diriger des travaux de culture et de reboisements. Il porte un grand intérêt à la vie des cultivateurs et s’entretient régulièrement avec eux. Sous une écorce rude bat un cœur bon et généreux. Il s’occupe beaucoup des enfants du village et des pauvres du pays. Il est mis définitivement à la retraite le 1e décembre 1834, à l’âge de soixante-cinq ans. Il a la joie d’apprendre la reconstitution de son ancien et cher régiment, le 8e hussards, le 14 octobre 1840. Il décède au château de Filain d’une attaque d’apoplexie foudroyante, le 10 juin 1842.



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Texte de Robert ALAZE.
Présentation et dossier audio par C.Aïcardi.

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