retour profilsFiche éditée le 13 mai 2013
Auguste-Frédéric-Louis VIESSE de MARMONT
Maréchal d'Empire
Duc de Raguse
| | 20-07-1774 03-03-1852 | |
Auguste, Frédéric, Louis Viesse de Marmont est né le 20 juillet 1774, il est le fils unique de Nicolas Viesse de Marmont, ancien capitaine au régiment de Hainaut, membre de la petite noblesse et riche propriétaire de forges en Bourgogne, et de Clotilde Chappron.
Auguste de Marmont passe son enfance au château familial de Châtillon-sur-Seine où il reçoit l'éducation d'un précepteur avant d'entrer au collège de la ville.
En 1789, grâce aux relations de son père, il obtient un brevet de sous-lieutenant pour servir au bataillon de garnison de Chartres puis poursuit ses études à Dijon où il rencontre pour la première fois Napoleone Buonaparte.
Admis à l'Ecole d'Artillerie de Chalons en janvier 1792, il en sort breveté, le 31 août, pour être affecté au 1er régiment d'artillerie à Metz et participer avec cette unité à la campagne de l'armée des Alpes aux ordres de kellermann.
Il fera partie des renforts d'artillerie envoyés par Kellermann au siège de Toulon où il se trouve placé sous les ordres du capitaine Bonaparte. Les deux hommes sympathisent et va s'ensuivre une longue période où Marmont va s'élever sous la protection et par la volonté de son mentor.
Nommé capitaine le 12 novembre 1793, il sert pendant deux ans à l'armée du Rhin. Le 3 février 1796, est rappelé à Paris à l'Etat-major du général Bonaparte commandant l'armée de l'intérieur puis le suit à l'armée d'Italie où, le 23 octobre suivant, il est promu colonel et premier aide de camp.
A cours de cette campagne, il se fera particulièrement remarquer:
- à la bataille de Lodi (10 mai 1796) où il effectue plusieurs charges de cavalerie qui lui valent un sabre d'honneur;
- lors des opérations contre les armées du Pape, ponctuées par l'armistice de Bologne apportant aux français d'immenses ressources militaires et financières;
- en août 1796, aux batailles de Lonao et de Castiglionne où il commande l'artillerie de la division Augereau;
- le 15 septembre 1796 à la bataille de Saint-Georges où il mène une charge de cavalerie qui oblige l'armée de Wurmser à se retirer dans Mantoue;
- le 17 novembre, aux côtés de Bonaparte lors de la fameuse charge du pont d'Arcole.
- après le victoire de Rivoli le 17 janvier1797 et la prise de Mantoue le 2 février, en réalisant plusieurs missions lors des négociations d'armistice avant de rentrer à Paris au côtés du général Bonaparte victorieux.
Le 15 mai 1798, la flottille qui conduit l'armée d'Orient en Egypte quitte Toulon, Marmont fait partie de l'expédition. Le 10 juin, faisant escale devant Malte, les français, qui veulent se ravitailler en eau, se voient interdire l'entrée dans le port. A la tête de cinq bataillons, Marmont investit la place forte où Desaix et ses troupes le rejoignent. Malte capitule, Marmont est fait général de brigade et l'armée d'Orient poursuivra sa route vers l'Egypte après avoir complété ses réserves.
Le 1er juillet, le général Marmont débarque vers Alexandrie à la tête d'une brigade de la division Bon. Il participe à la prise de la ville en enfonçant la porte dite "de Rosette". Avec le même commandement, il est à la bataille des Pyramides et entre au Caire avec l'armée victorieuse.
Après ces batailles Bonaparte lui confie l'administration militaire d'une zone entre Rosette et Alexandrie comprenant l'important canal reliant Alexandrie au Nil.
Le 23 août 1798, Bonaparte remet le commandement de l'armée à Kleber et rentre en France. Marmont fait partie des quelques officiers qui l'accompagnent.
Etroitement associé à la préparation et au coup d'Etat du 18 brumaire, Marmont est nommé Conseiller d'Etat à la section de la guerre puis commandant de l'artillerie de l'armée de réserve.
En mai 1800, c'est en organisant le passage de pièces d'artillerie par le col de Saint-Bernard qu'il permet de gagner un temps précieux dans le succès de la deuxième campagne d'Italie. Après la prise de Milan le 2 juin, il établit un pont sur le Pô pour le passage de l'armée et à Marengo, le 14 juin, ce sont les feux de ses batteries qui contribuent au renversement de la situation et permettent la victoire. Pour ces succès, Marmont est promu général de division. Après un bref retour à Paris où il accompagne le premier consul, Marmont reprend le commandement de l'artillerie de l'armée d'Italie puis est chargé des fortifications avant de rentrer à Paris en mai 1801.
Responsable de la préparation de l'artillerie de l'armée de Boulogne en 1803, il quitte ces fonctions pour devenir général en chef de l'ex-armée de Hollande, près d'Utrecht, au camp de Zeist.
Le 29 juillet, les troupes de Marmont, qui ont pris le titre de 2e corps de la Grande Armée, embarquent au port d'Ostende pour envahir l'Angleterre. L'opération est annulée, les troupes débarquent et sont dirigées sur Mayence à marches forcées, la campagne d'Autriche vient de commencer.
La position du 2e corps ne lui permet pas de participer à la prise d'Ulm; il en est de même lorsqu'il est chargé d'empêcher l'armée autrichienne de l'archiduc Charles de déboucher sur Vienne lors de la bataille d'Austerlitz. Après la paix signée le 28 décembre 1805, Marmont reçoit la mission de marcher sur Frioul, cédé par l'Autriche au royaume d'Italie, où il arrive le 4 mars 1806.
Le 15 juillet 1806, Marmont est envoyé à Raguse avec un détachement du 2e corps, la traversée de l'Adriatique, plus longue que prévue, le fait arriver après Molitor qui, parti de Dalmatie, a déja fait lever le siège de la cité où Laurison était assiégé par les russes. Nommé gouverneur de Dalmatie, Marmont livre quelques combats peu significatifs contre les russes puis s'occupe efficacement de l'administration de la province; il est fait duc de Raguse le 28 juin 1808.
En avril 1809, à la reprise des hostilités, Marmont est chargé de marcher sur les arrières de l'armée autrichienne d'Italie qu'il battra les 21 et 22 mai à la bataille de Gospich. Le 2e corps est à Vienne le 4 juillet où il est mis en réserve et n'est pas engagé à la bataille de Wagram. Il participe cependant à la poursuite et, dépassant l'armée autrichienne en retraite, livre bataille, malgré son infériorité numérique à Znaim le 11 juillet 1809. Cette action pousse l'archiduc Charles à réclamer, dès la fin du combat, un armistice. Marmont félicité par l'Empereur, reçoit son
bâton de maréchal le 12 juillet 1809 sur le champ de bataille.
De retour en France en octobre 1809, Marmont est nommé gouverneur général des provinces Illyriennes et arrive à Laybach le 16 novembre 1809. Il occupe ce poste jusqu'au 26 avril 1811 où, après un bref séjour à Paris, il va remplacer Massena comme commandant en chef de l'armée du Portugal.
Bloqué aux pieds de la ligne de forts des Torres Verdes et ne pouvant compter sur aucun renfort, Marmont décide de replier son armée sur Salamanque et arrive à Merida le 18 juin. En position dans la vallée du Tage il manœuvre adroitement et, sans combattre, interdit aux troupes de Wellington le passage de la frontière espagnole pendant tout l'hiver.
En mars 1812, il reprend, sur ordre, l'offensive. La mésentente entre les maréchaux et le Roi Joseph, mais aussi entre les maréchaux eux-mêmes, va conduire à l'échec français à la bataille de Salamanque (ou bataille des Arpiles) du 22 juillet 1812. Ne recevant aucun renfort et engagé seul contre les troupes anglo-espagnoles, Marmont est grièvement blessé et évacué du champ de bataille; le général Bonet prend le commandement et est blessé à son tour. Devant l'absence de chef et de directives énergiques, les troupes françaises se débandent et se replient en catastrophe sur Alba Tornes.
Partiellement rétabli après une longue hospitalisation Marmont reçoit le 20 mars 1813 le commandement du 6e corps de l'armée d'Allemagne. Le 2 mai, à l'avant-garde de l'armée, il résiste au choc de l'attaque russo-prussienne permettant ainsi à Napoléon d'arriver avec des renforts et de remporter la bataille de Lutzen.
Le 20 mai 1813, le 6e corps participe activement à la bataille de Bautzen. Placé au centre du dispositif, Marmont est en première ligne et contribue au succès de la journée.
Après l'armistice du 2 juin 1813 et la reprise des hostilités le 14 août, les corps d'armées de Marmont et de Victor sont envoyés au secours de l'armée de Bohème à Dresde. Ils y arrivent, par marches forcées, pour participer à la deuxième journée de combat et remporter une grande victoire.
Mais les manœuvres et combats de l'Empereur ne peuvent pas endiguer l'avance des trois armées coalisées et la Grande Armée est acculée dans la plaine de Lezpzig. Du 16 au 18 octobre, les succès défensifs de Marmont, positionné au nord du champ de bataille, permettent de sauver le gros des troupes françaises. Il recevra ensuite le commandement des débris des 3e,5e,6e et 7e corps avec lesquels il participera activement à la bataille de Hanau avant de se replier sur Mayence le 2 novembre 1813.
Au cours de la première phase de la campagne de France, le 6e corps de Marmont va reculer de Mayence à Vitry-le François, soit de 380km sans combattre, au grand dam de l'Empereur; mais Marmont n'avait pas besoin de se justifier car il ne disposait alors que de 8.500 hommes pour faire face aux 60.000 hommes de l'armée adverse.
Jusqu'à la fin de la campagne à Paris Marmont se battra courageusement:
- à La Rothière le 1er février 1814;
- le lendemain à Rosnay qui sera, en raison de la disproportion des forces, le plus beau fait d'armes de la carrière militaire de Marmont;
- à Champaubert le 11 février;
- puis, attaqué à Vertus le 13 février par les 20.000 hommes de Blücher, il replie ses 3.000 hommes en menant un efficace combat d'arrière-garde et rejoint l'empereur à Montmirail le 14 février;
Les 8 et 9 mars, chargé de mener une diversion par la route de Reims lors de l'attaque de Laon par Napoléon, Marmont se retrouve isolé au milieu du dispositif prussien et perd la moitié de ses effectifs. Cette défaite contraint l'Empereur à rompre le combat et à se retirer derrière l'Aisne.
Marmont sera cependant encore en première ligne le 13 mars lors de la bataille de Reims qui permet d'écraser le corps russe du général Saint-Priest.
Le 25 mars, ignorant l'échec de Napoléon à la bataille d'Arcis-sur-Aube, Marmont suivi de Mortier s'enfonce au milieu du dispositif des coalisés et subi une grave défaite à la Fère-Champenoise.
Les débris des corps Marmont et Mortier parviennent à rejoindre Paris et participent à la bataille où, le 30 mars, 33.000 français, font face à 130.000 coalisés. Marmont est au centre du dispositif avec moins de 15.000 hommes et reçoit le gros du choc de l'ennemi. Joseph Bonaparte qui commandait initialement les troupes, lui remet le commandement et l'autorise à entamer des pourparlers avec l'ennemi lorsqu'il estimera la défaite inévitable. Après avoir poursuivi le combat toute la journée, et malgré l'héroïsme des troupes françaises qui combattent à un contre trois, les troupes coalisées sont sous les murs de Paris en fin d'après-midi. Marmont demande et obtient un armistice pour évacuer la capitale.
Le 31 mars les restes du 6e corps de Marmont prennent position à Essonne, au sud de Paris.
Les bonapartistes appelleront "la trahison de l'Essonne" le revirement de Marmont qui, initialement fidèle à l'Empereur, changera d'avis lorsqu'il apprend, le 4 avril, que Napoléon envisage de poursuivre le combat. Pour Marmont la bataille est déjà perdue et il entame des négociations avec le général autrichien Schwarzenberg, prévoyant le déplacement du 6e corps en Normandie qui interdirait de ce fait la reprise des hostilités mais permettrait aussi le retour des Bourbons ardemment souhaité par Talleyrand.
Les évènements du 5 avril vont précipiter la conclusion du conflit:
- Napoléon envisage d'abdiquer en faveur de son fils et cette proposition, qui pouvait être acceptée par le Tsar, rendait inutile le déplacement du 6e corps.
- Malheureusement Souham qui commandait le 6e corps en l'absence de Marmont est convoqué à Fontainebleau par Napoléon. Affolé, car il pense, à tort, que l'Empereur a été informé du déplacement du 6e corps envisagé par Marmont, Souham réunit les généraux du 6e corps qui d'un commun accord décident d'anticiper le déplacement du 6e corps sans attendre l'ordre de Marmont.
- Le Tsar est informé de ce déplacement et exige alors une abdication sans condition de l'Empereur.
Le 3 mai 1814 Louis XVIII fait son entrée dans Paris sous les acclamations de la foule. Marmont reçoit le commandement d'une compagnie de la Maison du Roi; le 1er et 4 juin, il est fait chevalier de Saint-Louis puis pair de France.
Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, Marmont qui est exclus de l'amnistie décrétée par l'Empereur et rayé de la liste des maréchaux suit le Roi à Gand en Belgique.
De retour à Paris le 8 juillet 1815, Marmont est nommé le 6 septembre Major-Général de la Garde-Royale mais s'éloigne du pouvoir dans son château de Chatillon. Le 20 août 1817, il est rappelé par le Roi pour mâter une révolte à Lyon. L'ordre rétabli, il est fait ministre d'état pour ses bons services mais commet l'imprudence de publier une lettre pour défendre son aide de camp accusé de diffamation qui lui vaut une courte disgrâce du Roi.
En février 1826, il est nommé par Charles X, ambassadeur extraordinaire de Russie auprès de Nicolas 1er, nouveau Tsar de Russie. De retour en France fin novembre, il découvre qu'il est complètement ruiné par les travaux entrepris dans son château et de mauvais placements; il est contraint de vendre Châtillon.
En 1830, il se voit refuser le commandement de l'expédition d'Algérie qui est attribué à de Bourmont, puis le poste d'ambassadeur en Russie. Il rejoint Paris avec rancœur ne pouvant se passer du salaire que lui procure son service de Major-Général de la garde Royale.
Nommé gouverneur général de Paris par Charles X, Marmont n'a pas d'autre alternative que de suivre le Roi qui s'exile en Angleterre après les trois Glorieuses. Il parcourt ensuite l’Europe, avec un passage à Vienne où il devient tuteur du duc de Reichstadt.
À l'hiver 1838, lors d'un voyage à Venise, il décide de s'y installer. Il meurt d'apoplexie au palais Loredan le 3 mars 1852 et son corps, rapatrié en France, est inhumé le 6 mai 1852 au cimetière Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine.
Véritable bête noire de l'historiographie napoléonienne, honni par les bonapartistes qui inventeront le terme "raguser", employé pendant longtemps comme un synonyme de trahir, accusé également de cette faute par les royalistes et par le peuple qui lui reproche aussi sa répression sanglante de la Révolution de juillet, le maréchal Marmont passera la fin de sa vie à rédiger ses mémoires où il tente de se justifier.
Le Maréchal avait épousé en 1798 Anne-Marie Perregaux fille d'un riche banquier. Le couple ne sera jamais très uni et finira par se séparer en 1814 sans laisser de descendance.
Le nom de Marmont est inscrit sur la 24e colonne (pilier Sud) de l'arc de triomphe de l'Étoile.
Biographie réalisée par Claude Aïcardi.
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