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Fiche éditée le 23 décembre 2011


Charles, Louis, Marie LANREZAC
Général

lanrezac30 juillet 1852
18 janvier 1925
casoard

Charles Lanrezac est né à Pointe-à-Pitre le 30 juillet 1852.
Les origines du général Lanrezac sont contestées par certains spécialistes qui les attribuent au général lui-même "pour ne devoir sa gloire qu'à sa valeur personnelle". Voici cependant cette généalogie, telle qu'elle a été transmise dans la tradition familiale.
blason Originaire de la région toulousaine, l'arrière grand-père du général Lanrezac était le colonel de Quinquiry d'Olive, marquis de Cazernal, garde de la Reine, arrêté aux Tuilleries et guillotiné le même jour qu'elle, le 16 octobre 1793.
Son grand-père Auguste (1774-1840), pour échapper à la terreur, change son nom en "Lanrezac", anagramme du nom précédent, avant d'émigrer à Hambourg puis en Guadeloupe où il est enterré au cimetière de Pointe-à-Pitre.
Son père, Victor Lanrezac, né à Basse-Terre le 10 décembre 1815, est un officier sorti du rang qui terminera sa carrière comme commandant; sa mère, Marie-Louise Dutau, est une créole née au Moule.
Le jeune Charles quitte la guadeloupe dès 1856, il suit son père lors de ses affectations successives et jusqu'à de son décès à Cherbourg. Il entre alors au Prytanée militaire de la Flèche grâce à une bourse qui lui est délivrée par le prefet de la Manche.
A la Flèche, contre l'avis de ses professeurs, il veut présenter simultanément le baccalauréat et le concours d'entrée à Saint-Cyr, il est renvoyé du Prytanée. Il termine son année scolaire à Cherbourg, est reçu au baccalauréat avec la mention "très bien" et, la même année, après avoir obtenu une dispense d'âge pour présenter le concours, est admis à Saint-Cyr, classé 75e sur 250.

Charles Lanrezac sort de Saint-cyr en 1870, à dix huit ans, avec le grade de sous-lieutenant. La guerre ne lui permet pas de rejoindre son régiment encerclé à Sedan et il est versé dans l'armée de la Loire. Il participe aux combats de Coulmier, le 9 novembre 1870, puis aux combats autour d'Orléans, le 24 novembre. Son comportement lui vaut sa promotion au grade de lieutenant à titre provisoire et la croix de chevalier de la Légion d'honneur.
En 1871, son régiment ayant rejoint l'armée de l'Est, il participe aux affrontements d'Héricourt du 15 au 17 janvier et, à l'issue du combat de Larnod, échappe de justesse à l'internement en Suisse le 20 janvier.

Rappelé à Paris pour un stage de perfectionnement, il est logé chez son oncle maternel, y rencontre sa cousine qu'il épouse en 1873.
Cependant, dès le début de sa carrière et jusqu'à la fin de sa vie, un trait de caractère va desservir Lanrezac: sa propension à toujours dire ce qu'il pense et la pertinence de ses critiques qui ne plaisent pas à sa hiérarchie. Ainsi, et malgré sa conduite exemplaire lors de la guerre, il ne sera promu capitaine "qu'à l'ancienneté" le 21 février 1876.
De même, après deux années passées à l'Ecole de guerre, qu'il quitte en 1879 avec la mention "très bien", il aurait dû logiquement accéder très vite au grade supérieur qu'il n'aura pourtant qu'en juillet 1892.
lanrezac En 1879, le capitaine Lanrezac est professeur d'art militaire à Saint-cyr, puis affecté pendant cinq ans en Etat-major en Tunisie.
Professeur à l'Ecole supérieure de guerre en 1891, lors de sa promotion au grade de lieutenant-colonel en 1898, il est nommé sous-directeur des études et est, sans conteste, le meilleur tacticien de sa génération.
Nommé colonel en 1901, il prend le commandement du 119e régiment d'infanterie de Paris où comme l'écrivent ses chefs, il "se révèle aussi bon chef de corps qu'éminent professeur".

Reconnu par sa hiérarchie, le colonel Lanrezac reçoit ses étoiles de général en mai 1906, alors qu'il commande par intérim la 43e brigade à Vannes et va poursuivre son ascension au cours de ses affectations successives: Chef d'Etat-major d'une armée lors d'exercice de mobilisation dans les Vosges, gouverneur militaire de la place de Reims, membre du Comité technique d'état-major au mois d'août 1909, commandant la 20e division d'infanterie de Saint-Malo et général de division en mars 1911.
Lyautey, sous les ordre duquel Lanrezac avait servi écrivait le 13 novembre 1911:"...quand une armée possède un chef de cette valeur, c'est au premier rang qu'il doit être." et c'est sur ses conseils et sa recommandation que Lanrezac entre au Conseil supérieur de la guerre le 10 avril 1914.

Le 24 avril 1914, le généralissime Joffre, qui le considérait comme l'un de ses plus brillants généraux, le nomme à la tête de la Ve armée en remplacement de Gallieni atteint par la limite d'âge. La V° armée est celle dont la manoeuvre est la plus délicate à mener et les hautes qualités d'intelligence, d'initiatives et le sens tactique de Lanrezac le désigne tout naturellement pour ce poste.
Cependant, contrairement à l'hypothèse retenue par le Grand Quartier Général (GQG), Lanrezac est certain que l'armée allemande pénètrera en Belgique dès les premières heures du conflit. Il explore le terrain des possibles interventions et en revient persuadé que l'offensive aura bien lieu sur la Meuse et la Sambre. Il fait part de ses observations à Joffre mais n'est pas écouté.
guise La guerre est déclarée le 28 juillet, et dès le 4 août, tandis qu'on mobilise, l'armée allemande bouscule belges et luxembourgeois, avance vers l'ouest, dépassant la V° armée, comme l'avait prévu Lanrezac.
Le GQG, pensant qu'il s'agit d'une diversion et que la véritable attaque aura lieu à l'est, réagit tardivement et lorsque l'ordre est enfin donné de monter au contact des divisions allemandes, l'ennemi a déjà franchi la Sambre et la Meuse. La V° armée se porte vers Charleroi mais le corps expéditionnaire anglais du maréchal French n'a pas suivi et la V° armée est menacée d'être encerclée par l'ennemi qui le 20 et 21 août poursuit son mouvement en tenaille. Les 22 et 23 août la bataille fait rage et Lanrezac sait que si son armée est obligée de capituler, c'est la France qui est perdue. Le 24 août à 3 heures du matin, il décide de passer outre les consignes de combat à outrance de Joffre, il se replie et regroupe ses forces devant Guise où, le 29 août il bat les troupes allemandes.
Cette victoire va permettre à l'aile gauche de l'armée française de se regrouper et de reculer en bon ordre et oblige les allemands à dévier leur axe de déplacement. La 6e armée de Maunoury peut alors quitter la défense de Paris, et frapper les allemands sur l'Ourcq, qui sera le premier choc de la bataille de la Marne.
Lanrezac qui a reçu l'ordre de se replier sur Laon y trouve des trains et des autobus qu'il va aussitôt utiliser pour déplacer ses soldats et combler le trou de son aile gauche, dégarnie par la défection des anglais. Le 3 septembre, il a ramené son armée, en bon état, derrière la Marne, préparant en cela la bataille victorieuse qui va s'y dérouler trois jours plus tard. Mais lui-même n'en sera pas: Joffre, se rendant aux réclamations de French, le destitue et le remplace par Franchet d'Esperey, à la tête de la V°armée.

Lanrezac est mis à la disposition de Gallieni qui n'en a pas besoin à Paris et l'envoie à Bordeaux où il se voit confier des misions ponctuelles et mineures.
Lanrezac Après le limogeage de Nivelle qui avait remplacé Joffre jugé trop statique, l'Etat-major et le gouvernement cherchent à réparer l'injustice qui lui a été faite en lui proposant des postes en rapport avec ses capacités, tel que celui de major général des armées qu'il refuse en 1917.
Cependant l'entreprise de réhabilitation des mérites du général Lanrezac se poursuit, le 3 juillet il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur, de nombreux articles mettent en lumière l'importance de la victoire de Guise et contestent le bien fondé de son limogeage. Ses adversaires allemands de 1914 eux-mêmes, reconnaissent ses exceptionnelles aptitudes tactiques.
En 1922, il est décoré de la Grand-croix de la couronne de Belgique. Le 29 août 1924, date anniversaire de la bataille de Guise, il est élevé à la dignité de Grand-croix de la Légion d'honneur.
Pour raison de santé, le général Lanrezac quitte le service actif le 1er août 1917.
Mais, comme à son habitude, il ne peut s'empêcher de dire ce qu'il pense et publie en 1920 un ouvrage dans lequel il conteste, preuves à l'appui, la conduite des opérations par Joffre et son entourage.
Ce sera sans doute une critique de trop qui ne lui sera pas pardonnée et il ne sera pas maréchal comme tous les grands acteurs de cette épopée: Joffre, Foch, Pétain, Gallieni, Maunoury et Franchet d'Esperey.
Le général Lanrezac décède à Neuilly sur Seine le 18 janvier 1925. Sur sa tombe, au cimetière de Montmartre, est inscrit:

"A celui qui, en août 1914, sauva la France"

Une ultime consécration rend hommage au grand homme qu'il fut lorsqu'en 1933, ses restes sont transférés aux invalides où ils reposent sous la dizième arcade du tombeau des gouverneurs.
Aujourd'hui, seule une petite rue de Paris, proche de la place de l'Etoile porte le nom de Lanrezac, mais qui se souvient encore de ce personnage atypique , oublié même par sa terre natale où aucun lieu ne lui a jamais été dédié.

monument


Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.
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