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![]() | 24/09/1771 19/07/1813 |
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Jean, Andoche Junot est né le 24 septembre 1771 en Côte d'Or, à Bussy-le-Grand, près d'Alésia. Issu d'une famille bourgeoise, son père était fermier du comte Buffon à Montbard.
Lors du déclenchement de la révolution française, Jean Junot, qui a terminé sa scolarité secondaire, est à Dijon où il suit des études de droit.
En septembre 1791, cette formation terminée, il s'engage dans le bataillon des volontaires de la Côte d'Or et se signale immédiatement par son courage et sa témérité à la limite de l'inconscience qui lui valent le surnom de "Junot la tempête". Grièvement blessé d'un coup de sabre à la tête au combat de La Glisuelle près de Maubeuge, il est nommé sergent dès juillet 1792.
Le sergent Junot est au siège de Toulon en 1793 et va y faire une rencontre capitale.
Répondant à la requête d'un capitaine d'artillerie qui demande un volontaire ayant une belle écriture pour rédiger un ordre, Junot se propose et écrit. La lettre à peine terminée, une bombe anglaise explose près de lui et le couvre de débris, "Tant mieux, dit en riant Junot, nous n'avions pas de sable pour sécher l'encre". Impressionné par ce calme et ce courage, le capitaine Bonaparte en fait son secrétaire permanent et plus tard son aide de camp.
Dès lors, c'est un véritable culte que le sergent de Toulon va vouer à Napoléon Bonaparte. Ainsi, lorsque le général Bonaparte est mis en disponibilité pour avoir refusé de servir en Vendée, Junot partage avec lui l’adversité et son existence précaire. Il ne sera pas oublié et profitera de sa fortune après de 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795) et suit Bonaparte à la campagne d'Italie en qualité de premier aide de camp.
Junot se distingue à nouveau par sa bravoure à Millesimo, à Lonato où il est gravement blessé et à Venise. Promu colonel, Bonaparte le charge de porter au Directoire les drapeaux pris à l'ennemi.
Vient l'expédition d'Égypte. Junot est un des premiers avertis des projets de Bonaparte et désigné pour le suivre.
Promu général dès son arrivée en Egypte, il montre qu'il mérite cette distinction en réalisant un exploit qui le rend populaire dans l'armée et lui vaut le qualificatif de "Gloire Nationale":
Lors du siège de Saint-Jean-d'Acre, qui commence le 20 mars 1799 et se termine le 21 mai suivant par le retrait des troupes françaises,
une puissante armée levée en Syrie par Djezzaer Pacha arrive au secours de la place encerclée par les français. Informé du danger, Bonaparte envoie 500 hommes en reconnaissance sous les ordres du général Junot. Assailli par 3000 cavaliers, Junot forme sa troupe en carré et se replie en combattant faisant 600 morts dans les rangs ennemis et lui prenant cinq drapeaux.
Rejoint à Nazareth par Kleber, accouru à son aide, Junot repart à l'attaque mais se retrouve devant 8000 hommes qu'il parvient à repousser.
Lorsque le 16 avril Bonaparte, prévenu du danger, arrive au Mont Thabor avec la division Bon et la cavalerie de Murat, il ne reste plus que 2000 hommes à la division Kleber sur le point de succomber sous les coups des bandes ottomanes.
Sous la charge des renforts français, ces dernières sont dispersées et débandent, dans le plus grand désordre, vers le Jourdain. Elles sont arrêtées par la cavalerie de Murat qui occupe le pont d'Iacoub, les fuyards se jettent alors dans le fleuve où beaucoup périssent noyés.
Les deux armées ennemies n'ont pas pu effectuer leur jonction, en grande partie grâce à l'action initiale de Junot.
Peu de temps après, sa dévotion totale pour Bonaparte le pousse à provoquer en duel le général Lanusse qui, à son goût, contestait trop le général en chef. S'en suivit un duel au bord du Nil, en présence de Murat et Bessières, où Junot reçoit un terrible revers de sabre qui le blesse gravement au ventre.
Bonaparte qui rentre en France après avoir cédé son commandement à Kleber ne peut le ramener avec lui.
Junot, convalescent, quitte l'Egypte en octobre 1799; au cours de la traversée, il est fait prisonnier par les Anglais qui le libèreront le 14 juin 1800, le jour même de la bataille de Marengo.
Le 27 juillet 1800, le Premier Consul nomme Junot gouverneur de Paris puis général de division l'année suivante.
Mais tout est excès chez Junot, et commence alors une vie déréglée favorisée par les revenus considérables dont il est doté et qu'il dépense sans compter. Il est éloigné de Paris et envoyé à Arras pour instruire le corps nouvellement constitué des grenadiers réunis. Il y fait merveilles et cette troupe, parfaitement entrainée, sera réputée lors de ses engagements dans les guerres de l'Empire sous les ordres d'Oudinot.
Le 19 mai 1804 parait la première promotion des maréchaux. Junot n'y est pas et écoute de mauvais conseillers qui le persuadent que son mérite n'a pas été reconnu. Son mécontentement, qu'il laisse maladroitement percer, provoque une réaction immédiate de l'Empereur qui l'envoie hors de France comme ambassadeur au Portugal. Apprenant que la Grande Armée est en campagne, il quitte son poste et la rejoint à temps pour participer à la bataille d'Austerlitz.
De retour à Paris, Junot commet une nouvelle bévue en intervenant auprès de l'Empereur pour obtenir un prêt au Banquier Récamier dont la femme tient un salon où se retrouvent des opposants du régime. En réponse, il est envoyé à Parme pour y réprimer une insurrection.
Junot s'acquitte de sa tâche avec brio, l'Empereur pardonne une nouvelle fois et lui redonne, le 19 juillet 1806, le poste de gouverneur de Paris.
Malheureusement, Junot ne modifie pas son comportement et ses extravagances provoquent a nouveau la colère de l'Empereur et entrainent un nouvel exil: il est mis à la tête d'une armée chargée de conquérir le Portugal jugé trop favorable aux anglais.
Junot passe la Bidassoa le 8 octobre 1807 et, après une chevauchée fantastique, s'empare de Lisbonne début décembre. Il est fait duc d'Abrantès et nommé gouverneur du Portugal.
Le 1er août 1808, une armée anglaise forte de 10 000 hommes, commandée par Arthur Wellesley, débarque à l'embouchure du Mondego. Elle va battre les troupes françaises à Roliça et Vimeiro et contraindre Junot à des négociations qui aboutissent, le 30 août, à la signature de la convention de Cintra permettant le rapatriement de l'armée française.
Toujours en quête de son bâton de maréchal, Junot va participer à toutes les batailles possibles:
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Le général Junot avait épousé en 1800, Laure Permon née le 6 novembre 1784 à Montpellier, fille de Charles Pernon, administrateur civil en Corse. Sa mère, Panoria, prétendait descendre d'une branche de la famille Commène, dynastie déchue des empereurs byzantins.
La prodigalité outrancière de la future duchesse d'Abrantes a largement contribué aux déboires financiers de Junot. Malgré l'affection et la générosité de Napoléon pour son couple, elle n'hésitera à se répandre en sarcasmes et calomnies à son égard.
Connue comme mémorialiste, grâce au concours d'Honoré de Blazac dont elle sera la maîtresse en 1828, et perdant toute audience après leur rupture, elle finira sa vie, le 7 juin 1838, ruinée et misérable dans une mansarde d'hôpital. Elle est inhumée au cimetière de Montmartre, où sa tombe est ornée d'un médaillon de David d'Angers.