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29 avril 1762 23 novembre 1833 |
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Jean Baptiste Jourdan est né le 29 avril 1762, au 37 rue du pont Saint-Etienne à Limoges (Haute-Vienne). Il est le fils de Roch Jourdan, Chirurgien, et de Jeanne Fureau-Fransquinet qui meurt en couche, en octobre 1765, en mettant au monde une fille, le second enfant du couple.
A l’âge de six ans Jean-Baptiste est confié à son oncle, l’abbé Laurent Jourdan, qui venait d’ouvrir un établissement scolaire à Beaurecueil en Provence, berceau de la famille. A l’âge de 15 ans, après avoir obtenu la première partie du baccalauréat, il est placé chez le deuxième frère de son père, Jean-François, marchand de soieries à Lyon qui emploi son neveu comme commis aux écritures et à d’autres travaux plus contraignants. Considérant qu’il était exploité par son oncle, il s’engage à Lyon et regagne l’île de Ré, dépôt des colonies, où il est incorporé le 2 avril 1778.
Après huit mois d’instruction, Jourdan est affecté au régiment d’infanterie d’Auxerrois. En 1779, il rejoint son nouveau régiment en opérations à Saint-Domingue avec le corps expéditionnaire qui se replie sur la Martinique l’année suivante. En 1782, malade, il est rapatrié sur la France où il débarque en juillet. Le 12 novembre 1783, il réintègre son régiment, rentré en métropole depuis le 21 juillet.
Le régiment d’infanterie de l’Auxerrois étant dissous le 26 juin 1784, Jourdan se met à la recherche d’un emploi et, après biens des pérégrinations, il se retrouve à son lieu de départ : Limoges. Il trouve du travail chez un négociant en tissus un certain Michel Avanturier.
Les relations autant professionnelles qu’amicales qu'il noue avec son employeur font qu’il prend pour épouse la belle sœur de ce dernier: Jeanne Nicolas. Le mariage est célébré le 22 janvier 1788 en l’église Saint-Michel et le jeune couple s’établi à Limoges où il ouvre un commerce de mercerie. Cinq filles seront issues de cette union (Angélique 1791, Camille ?, Jeanne 1797, Sophie ?, Nina 1800).
Après la révolution, Jourdan milite en 1790 dans une société de Limoges "les amis de la constitution". Cette même année, devant l’insécurité grandissante, il est créé dans cette ville une milice bourgeoise. Fort de ses cinq années de campagnes et de ses galons de sous-officier Jourdan est promu capitaine de cette compagnie et acquiert une considération qui va lui servir de tremplin pour le démarrage d’une nouvelle carrière militaire, à temps plein cette fois.
En 1791, il est créé dans la citée limougeaude deux bataillons de volontaires. Le 9 octobre 1791, au cours d'un scrutin tenu en mairie de Limoges, après avoir été élu lieutenant-colonel à main levée, Jourdan se voit confier le commandement du 2e bataillon et va se consacrer entièrement à son métier militaire. Il quitte son comptoir de mercier et laisse à son épouse le soin s’occuper de cette affaire.
Le 2 novembre 1791, le 2e bataillon se déplace à Villers-Cotterêts et, après quelques séjours dans d’autres garnisons, il participe, sans être engagé, à la canonnade de Valmy avant de monter sur la frontière belge.
Durant cette période, Jourdan entretient un courant épistolaire avec ses amis des membres du club "de la liberté de l’égalité et de la république" de Limoges, ses écrits remontent jusqu’au club des Jacobins de Paris et contribuent à le faire connaître.
De février à mars 1793, après un passage à l’Etat major de Dumouriez, il est affecté à l’armée des Ardennes puis à l’armée du Nord et aura un avancement foudroyant dû autant à ses capacités d’organisateur qu’à ses protections politiques jacobines. Il est fait général de brigade le 27 mai 1793 et divisionnaire le 30 juillet suivant.
Remarqué pour ses actions et ses compétences il est promu général en chef à la tête de l’armée des Ardennes le 1er septembre 1793.
Le 8 septembre 1793, lors du siège de Dunkerque contre les troupes anglaises, il est blessé à la poitrine au cours des combats de Hondschoote.
Jourdan reprend sa mercerie dans sa bonne ville de Limoges et, grâce à sa notoriété, est élu député de la Haute Vienne au conseil des cinq cents le 12 avril 1797. Il y fera voter la loi sur la conscription le 8 septembre 1798.
Le 13 octobre 1798, nommé commandant en chef de l’armée de Mayence, Jourdan démissionne de sa charge de député. Il commande ensuite l’armée d’Helvétie le 5 novembre, puis le 2 mars 1799, il commande ces deux armées réunies avant de quitter son commandement pour raison de santé le 3 avril 1799.
De retour à Limoges, il est réélu député de Haute Vienne au conseil des cinq cents le 13 avril 1799 et acquiert le château de Coudrey près de Corbeil.
Lors du coup d’état du 18 brumaire an II, il est expulsé du conseil le 9 et menacé de déportation le 10 novembre 1799. Il sera effacé de la liste des déportés 15 jours plus tard.
Les rapports de Jourdan avec Napoléon seront bizarrement contradictoires; ce dernier le jugeait incapable de s’adapter à sa stratégie et avait tendance à mésestimer ses capacités militaires mais reconnaissait sa grandeur d’âme, son sens de l’honneur et son patriotisme. Jourdan, quand à lui, ne pardonnera jamais complètement à Napoléon d’avoir mis fin à la révolution.
C’est ainsi que le 1er consul Buonaparte place Jourdan à l’écart, en Italie, avec des postes honorifiques. Il sera successivement de 1800 à 1806: ambassadeur près de la république cisalpine, administrateur du Piémont avant d’être général en chef de l’armée d’Italie.
Le 18 mai 1804 l’Empire est proclamé et Jourdan est surpris de voir son nom en quatrième position dans la liste des promotions des maréchaux. La ville de Milan fête avec éclat le nouveau maréchal. En raison de l’éloignement il ne prête pas serment, à l’issue du sacre le 19 mai, mais seulement le 4 décembre 1804. Le 17 mars 1806 il sera nommé gouverneur de Naples poste qu’il quittera pour l’Espagne.
Jourdan y effectuera deux séjours. Durant le premier séjour du 17 juillet 1808 au 24 décembre 1809, il sera chef d’état-major de Joseph Buonaparte puis major général de l’armée d’Espagne. Malade, il demande son rappel en France et sa demande est agréée par l’Empereur en octobre 1809; remplacé par Soult, il quitte l’Espagne à la fin du mois.
Mais l’inimitié avec l’Empereur perdure et Jourdan se retire dans sa propriété de Coudray et va y vivre deux ans en se consacrant à sa famille.
Réclamé par le roi Joseph (frère de Napoléon), Jourdan est de retour en Espagne le 28 septembre 1811 comme chef d’état major général. Mais le 21 juin 1813, après la défaite de Victoria, malade, il quitte l’Espagne. Il est placé à la retraite d’office et se retire une nouvelle fois à Coudray le 7 août 1813.
En février 1814, Jourdan est nommé gouverneur des 14 et 15e division militaires de Rouen. Il quitte sa propriété de Coudray où il s’est retiré et rejoint son poste.
Après l’abdication de l’Empereur, le 7 avril 1814, le sénat proclame le comte de Provence Roi sous le nom de Louis XVIII. Jourdan, qui s'est rallié au gouvernement provisoire le 17 avril 1814, est confirmé dans son commandement. Par ordonnance royale du 1er janvier 1815 le maréchal Jourdan est fait comte, sans fief particulier.
Au retour des Bourbons, il ne lui fut pas tenu rigueur de son comportement, pour le moins ambigu, durant les 100 jours et Louis XVIII le nomme président du conseil de guerre le 1er septembre 1815. Ce sera par la suite une semi retraite: Du 10 janvier 1816 à 1830 il sera gouverneur de la 7e division de Grenoble. Le 6 mars 1819, il est élevé à la pairie et, contrairement à son attitude en 1815, il siégera cette fois à la chambre haute.
En 1822, pour être plus près de ses responsabilités, Jourdan achète à Paris un hôtel situé au 54, rue de Lille et le Coudray devient sa résidence de campagne. Lors de la promotion du 30 mai 1825, il est fait Chevalier de l’Ordre du Saint Esprit. Le 11 août 1830, le maréchal comte Jourdan est nommé gouverneur des invalides.
Dès le premiers mois de 1833 le maréchal Jourdan va rapidement décliner, il décède à Paris, à l’hôtel Royal des invalides le 23 novembre 1833; il était âgé de 71 ans.
Des obsèques nationales sont célébrées le 27 novembre en l’église Saint Louis des Invalides; le maréchal est inhumé dans la crypte des invalides, sous la première arcade du tombeau des gouverneurs, parmi d’autres gloires militaires.
La ville de Limoges honorera la mémoire de l’un des plus illustres de ses fils en organisant une cérémonie funèbre le 2 décembre 1833. Par la suite, en 1851, une plaque commémorative sera apposée sur sa maison natale et une place de la ville recevra son nom. Sur cette même place, en 1861, sera érigée une statue de bronze à l'effigie du maréchal. Enfin, en 1913, un ensemble de nouveaux bâtiments militaires sera baptisé "Quartier Jourdan".
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