retour profilsFiche éditée le 16 février 2011
Edmond JOUHAUD
Général
 | 2 avril 1905 4 septembre 1995 |  |
Né le 2 avril 1905 à Bou-Sfer, près d’Oran en Algérie, Edmond Jouhaud est le benjamin d'une famille de six enfants, son père est instituteur et descend d'une lignée originaire de Limoges, établie en Algérie depuis 1848.
Il fait ses études primaires à Oran puis obtient le baccalauréat au lycée Lamoricière d'Oran. Il entre à Saint-Cyr en 1924, en sort en 1926, choisit l’armée de l'air et est affecté au 35e régiment d’aviation.
Il sert de 1930 à 1932 en Afrique Occidentale Française (A.O.F.). Promu capitaine en 1935, il sert de nouveau en A.O.F. jusqu’en 1937.
Admis en 1938 à l’Ecole supérieure de guerre aérienne, il est promu commandant le 3 septembre 1939.
Affecté à l’état-major des forces aériennes et des forces terrestres antiaériennes du nord-est, il prend par la suite le commandement d’un groupe aérien de reconnaissance. Affecté en 1942 au cabinet militaire du Secrétaire d’Etat à l’aviation, il est placé en 1943, sur sa demande, en congé d’armistice.
Après avoir tenté sans succès de rejoindre l’Angleterre, il entre dans la résistance, dans le réseau de Bordeaux, sous les ordres du général Revers, chef de l’Organisation de Résistance de l’Armée (O.R.A.)qui a succédé au général Fère arrêté par la gestapo.
Rappelé en activité en 1944, il prend le commandement du groupe aérien spécial 1/36, puis est affecté au commandement des transports aériens militaires.
Colonel en 1946, il est sous-chef d’état-major de l’air en 1947 et est appelé en 1948 au commandement de l’armée de l’air en Tunisie.
Promu général de brigade aérienne en 1949, il commande les forces aériennes tactiques en Afrique du nord, puis l'école des mécaniciens de l’armée de l'air.
En 1951, il prend le commandement de la 1ère région aérienne, puis il est désigné comme auditeur au Centre des Hautes Etudes Militaires.
En 1952, est nommé commandant de la 1ère division aérienne puis commandant des forces aériennes françaises en Allemagne.
En 1954, promu général de division aérienne, il est commandant de l’armée de l’air en Extrême-Orient. De retour en métropole, il est nommé major général de l’armée de l’air puis, le 1er février 1955, chef d’état-major des forces de l’armée de l’air. Il prend rang de général de corps aérien en 1956, prend le commandement de la 5e région aérienne en Algérie en 1957 et devient adjoint interarmées au général Salan, commandant supérieur interarmées en Algérie.
Général d’armée aérienne en 1958, il est chef d’état-major de l’armée de l’air, puis, en 1960, inspecteur général de l’armée de l’air.
Mis en disponibilité sur sa demande en 1960, il participe au coup d’état d’Alger (21-25 avril 1961) avec les généraux Challe et Zeller bientôt rejoints par le général Salan. Après l'échec du putch, il plonge dans la clandestinité sous le pseudonyme de Gerbert et devient l’adjoint du général Salan à la tête de l’OAS, en charge de la région d’Oran.
Arrêté le 25 mars 1962, il est condamné à mort le 13 avril 1962 par le Haut tribunal militaire. Il échappe de très peu à l’exécution, sa peine étant commuée en une peine de détention criminelle à perpétuité le 28 novembre 1962 après plus de sept mois passés dans une cellule de condamné à mort sous le matricule 66985.
Prison de Tulle 1963:
Gracié, il est libéré de la prison de Tulle en décembre 1967, puis, amnistié en 1968 il est réintégré dans ses grade et prérogatives en 1982.
Il est élu en 1969 à la présidence du Front National des Rapatriés.
Grand Officier de la légion d’honneur, croix de guerre 39-45 et des T.O.E., croix de la valeur militaire, médaille de la résistance et titulaire de nombreuses décorations étrangères, Edmond Jouhaud est l’auteur de plusieurs ouvrages :
- Histoire de l’Afrique du Nord - Editions des deux coqs d’or
- Ô mon pays perdu - De Bou-Sfer à Tulle - Editions Fayard 1969
- La vie est un combat - Souvenirs : 1924-1944 - Editions Fayard 1975
- Ce que je n’ai pas dit - Sakiet, OAS, Evian - Editions Fayard 1977
- Youssouf Esclave, mamelouk et général de l’armée d’Afrique - Editions Robert Laffont.
- Serons-nous enfin compris ? - Editions Albin Michel 1984
Edmond Jouhaud est mort le 4 septembre 1995 à Royan . Depuis 2002, son épouse qui l'a tant soutenu dans les épreuves de sa vie repose à ses côtés au cimetière de Royan.
EPILOGUE:
Pour comprendre la trajectoire du général Jouhaud, il convient de lire celle-ci à travers un seul mot, un maître mot, celui de la LOYAUTE,
- Loyauté d'abord à la France souffrante de juin 1940 quand, avec le général Vuillemin, Chef d'Etat Major de l'armée de l'air, il rapatrie au cœur de la débâcle, son unité sur l'Algérie, afin de la soustraire à l'occupant.
- Loyauté ensuite à la France combattante quand il devient un des principaux responsables de la résistance en Aquitaine et tout particulièrement à Bordeaux.
- Loyauté également à sa communauté dans la défense de l'Algérie française.
- Loyauté enfin jusque dans sa terrible épreuve du putsch, au nom d'une parole donnée qui prend à ses yeux, comme à ceux de nombreux autres soldats, la valeur d'un serment. Comme l'immense majorité de ses compatriotes pieds-noirs, il pense que l'abandon de l'Algérie équivaut à livrer sa terre natale aux mains d'un parti unique et dictatorial qui conduira ce pays à la désorganisation, à la ruine et au désastre.
C'est au nom de cette loyauté et de ce pacte qu'il décide de continuer la lutte en entrant dans la clandestinité en août 1961 et prend le commandement de la résistance en Oranie.
Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.
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