12 janvier 1852 3 janvier 1931 |
Joseph-Jacques Césaire Joffre, né le 12 janvier 1852 à Rivesaltes (Pyrénées Orientales), est le fils de Gilles Joffre tonnelier et de Catherine Plas. Il est le benjamin des dix enfants du couple.
Enfant sage, curieux et réservé il entre à 5 ans à l’école primaire de Rivesaltes tenue par des frères des écoles chrétiennes. Il va y rester 5 bonnes années. A
11 ans le jeune Joffre est pensionnaire au lycée Arago à Perpignan où il effectue de belles études récoltant moult lauriers puis, après le baccalauréat, en octobre 1868
, il se rend à Paris et suit comme externe des cours de mathématiques au lycée charlemagne.
Admis à l'Ecole Impériale Polytechnique en juillet 1869 (14esur 132), il est à 17 ans et 10 mois le plus jeune de sa promotion. Hélas, l’année suivante, le
conflit contre l’Allemagne interrompt les cours, les élèves sont casernés à Vincennes où il reçoivent une instruction militaire avant d’être affectés dans des régiments
chargés de la défense du camp retranché de Paris. Placé au Bastion 39, près de la Villette, tenu par le 8e R.A. il est nommé sous-lieutenant le 21 septembre
1870 puis sert successivement au 4e R.A. le 4 novembre et au 21e RA le 1er décembre. Joffre est alors âgé de 19 ans.
Les émeutes sanglantes de 1871 libèrent les polytechniciens qui sont envoyés dans leurs foyers. La commune vaincue et l’ordre rétabli, "Polytechnique" rouvre ses
portes et Joffre se retrouve élève officier le 3 juillet 1871.
En fin du cycle d’étude, il choisit l’arme du génie et est affecté le 15 novembre 1871 à Montpellier au 2erégiment du génie.
C’est le début d’une riche carrière militaire qui s’annonce fort classique.
Son titre d’ingénieur militaire en fait durant quelques années un officier itinérant. Affecté au 1er régiment à Versailles en mars 1874, il participe à
la reconstruction de l’enceinte fortifiée de Paris. Nommé capitaine le 6 avril 1876, il est muté à Pontarlier pour travailler aux fortifications du Jura; en 1883 il
est affecté dans son Roussillon natal pour les même travaux à Mont-Louis puis à Villefranche-de-Conflent.
Peu "carriériste" au lieu de préparer l’école de guerre, il opte pour une voie différente et comme Gallieni, Mangin, Gouraud choisit le service colonial.
En janvier 1885, le capitaine Joffre quitte la France pour l’île de Formose. Nommé chef du génie, il fortifie la base de Keelung, puis nommé dans les mêmes fonctions
en Indochine il rejoint Hanoï le 13 juillet 1885. Très satisfait de son subalterne, l’amiral Courbet le fait décorer de la Légion d’honneur en septembre 1885.
Début 1887, il est engagé pour un travail de sape contre la position retranchée de Ba-Dinh où plusieurs milliers de rebelles sont enfermés. Pour son rôle joué dans la
victoire, il est cité à l’ordre de la division en mars 1887.
De retour en France en octobre 1888, promu au grade de commandant il est affecté au 5e génie à Versailles où il se spécialise dans la logistique ferroviaire
. En octobre 1892, le commandant Joffre est envoyé en Afrique, au Soudan français, pour y diriger la construction d’une voie ferrée reliant Kaye et Bamako. Mêlé à la
"Campagne de 1894", il prend part au dégagement de Tombouctou le 12 février, en assure la pacification et est promu commandant supérieur du Soudan avec le grade de
lieutenant-colonel. Il quittera l’Afrique en juillet 1894.
Nommé colonel le 13 août 1894, il prend le commandement du 5e génie à Versailles. Placé hors cadre, il est affecté à Madagascar où il participe à la
colonisation de l’île (1895-1896) puis est chargé de la fortification de Diego-Suarez. Après un court séjour en métropole, il est nommé général de brigade en octobre
1901. Sur l’insistance de Galliéni, il retourne à Madagascar en avril 1902 pour reprendre sa mission: terminer les fortifications de Diego-Suarez.
En avril 1903, son travail achevé, il rentre en France au printemps 1903.
Dès le début de la guerre, les mauvaises surprises s’accumulent. Les ordres basés sur l’attaque à outrance, sous-estimant la puissance et l’organisation des
l’armées allemandes, conduisent inévitablement à l’échec de l’offensive en Alsace et à la défaite de la France dans la bataille des frontières.
Joffre organise le repli de l’armée française et face à l’impossibilité d’acheminer rapidement les réservistes sur le front, fait réquisitionner des milliers de taxis
pour palier la déficience des trains. C’est la bataille de la Marne du 6 au 13 septembre 1914 qui verra l’arrêt de la progression des armées allemandes. Ce succès lui
vaut une immense popularité et il est décoré de la Médaille Militaire en décembre 1914.
Jusqu‘en 1916 il se maintient au sommet de l’exécutif militaire, mais son intransigeance et les revers lors de la "course à la mer" en Somme et à Verdun sont exploitées
par ses ennemis de la classe politique qui obtiennent, en décembre 1916, son remplacement par le général Robert Nivelle.
Après le traité de Versailles auquel il ne participe pas et n’apporte aucun commentaire il répète à la ronde, "je suis un militaire, je ne sers que l’armée".
L’heure est toutefois venue de cueillir les lauriers.
Le 14 février 1918, en pleine guerre, il est élu à l’académie française au fauteuil de Jules Claretie. Reçu sous la Coupole le 19 décembre 1918, dispensé d’habit vert,
il se présente en tenue militaire devant le tout-Paris et les présidents Poincaré et Wilson. C’est la seule fois où deux chefs d’Etat assisterons en personne à une
réception d’académicien.
Puis c’est la période des voyages. Après un séjour en 1919 dans son Roussillon natal où il reçoit de nombreux hommages à Rivesaltes et à Perpignan, ce sera la
Roumanie, le Portugal, l’Espagne à Madrid puis le 1er mai 1920 à Barcelone, capitale de la catalogne, où sa présence est récupérée par les catalanistes
qui provoquent des rixes avec les représentants du roi d’Espagne.
Le 9 novembre 1921 il entreprend, à la demande du Président Alexandre Millerand, un voyage autour du monde afin de porter le salut de la République aux chefs des
nations asiatiques. Au passage il inspecte nos possessions en Indochine puis se rend à Bangkok, à Singapour, au Japon le 20 janvier 1922, en Corée, en Chine où il
connait son plus grand et plus bruyant triomphe à Shanghai enfin, le retour par les Etats-Unis où une interminable ovation le salue à Washington.
Après son voyage autour du monde, Joffre retrouve un peu de calme à Paris où il termine ses mémoires qu’il aura mis 8 ans à écrire (1920-1928) et se montre assidu aux
séances de l’académie française. Sa dernière apparition en public est le 21 juin 1930 à l’occasion de l’inauguration de la statue qui lui à été élevée à deux pas de
son ancien Q.G. de Chantilly.
Atteint depuis plusieurs mois d’une artérite des membres inférieurs, il passe ses derniers mois de sa vie cajolé par sa femme et sa fille dans sa propriété de la
Châtaigneraie acquise en 1922.
Le 19 décembre 1930 le maréchal est transporté d’urgence en clinique à Paris où il est amputé d’une jambe. Son état ne cesse d’empirer jusqu'au 2 janvier 1931.
Le samedi 3 janvier 1931 à 8 heures il reçoit l’extrême onction et aura ces dernier mots "j’ai beaucoup aimé ma femme" et "je n’ai jamais...jamais ...fait de mal à
personne". La mort viendra à huit heures vingt-trois, le "Père la Victoire" allait avoir, à 9 jours près, quatre vingt sept ans.
Sa dépouille est exposée dans la chapelle Saint-Louis de l’Ecole Militaire. Le soir même, par l’arc de triomphe, elle est transférée à Notre-Dame où des obsèques
nationales sont décrétées par le gouvernement qui précise : "dans les même conditions que celles de Foch".
Le mercredi 7 janvier 1931, à 14 heures, c'est l’adieu de la France au Maréchal. Il repose dans un mausolée que la Maréchale a pu exceptionnellement faire ériger
dans sa propriété de Louveciennes (Yvelines).