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Le sergent Ignace HOFF


(1836 - 1902)

Le 28 juin 1836, naissait Ignace, de père inconnu à Marmoutiers près de Saverne. Il portera le nom de sa mère, Dietrich jusqu’au mariage de celle-ci avec le sieur Hoff, tisserand de son état, qui l’adoptera.

A 14 ans, il embrasse la carrière de plâtrier qui l’amène à effectuer un tour de France. Le 1er décembre 1857 il est incorporé au 25e régiment d'infanterie. En 1863 il souscrit un rengagement de 7 ans. Sa progression est freinée par sa pratique difficile de la langue française. Il ne devient sergent de 2e classe qu’en 1869. Il ne participera pas aux différents engagements précédant la guerre de 1870-71.

Hoff

A sa demande, il est muté au 7e régiment de marche après avoir appris par un soldat retraitant depuis l’alsace, que son père adoptif avait été fusillé par les prussiens (ce qui se révélera infondé). Le 7e Régiment de marche, rétrograde de Sedan sur le camp retranché de Paris. Il occupe des positions sur l’Est de Paris. Ce régiment, devient par décret du 15 août 1870, le 107e régiment d'infanterie.

Dans la nuit du 29 septembre 1870 le sergent Hoff surprend deux sentinelles prussiennes qu’il tue à coup de sabre et de fusil. Le colonel Tarayre chef de corps, l’autorise à créer un corps franc. Le 1er octobre il tue à plus de 400 mètres, un officier prussien qui observait nos positions. Celui-ci restera sur le terrain toute la journée, les tirs précis de Hoff interdisant tout secours.

Le 5 octobre, à Bry-sur-Marne, il tend une embuscade nocturne à un détachement de cavalerie qui laisse une dizaine de uhlans sur le terrain. Avec ses hommes, il s’infiltre toutes les nuits dans les lignes prussiennes et y sème la panique et l’insécurité leur causant des pertes sensibles. Il reprend à son compte la recommandation du maréchal Bugeaud "la double balle". Il fait rajouter à chaque cartouche de chassepot une charge de chevrotine !

Le 12 octobre 1870 il est nommé sergent de 1ère classe (sergent chef actuel). Le 6 novembre il est élevé à la dignité de chevalier dans l’ordre de la Légion d’Honneur. Le 18 novembre il est cité à l’ordre de l’armée. A cette date, il a tué plus de trente prussiens (homologués).

Le sergent Hoff continue à sévir en franchissant la Marne chaque soir à la nage, en capote d’infanterie avec sabre et chassepot! Entre autres, son groupe tue trente saxons à Neuilly. Il dirige son groupe d’une main de fer et bénéficie d’une "baraka" relative. Il ne se fera extraire une balle de son mollet droit, que deux jours plus tard, il avait reçu le même jour un coup de baïonnette au bras gauche. Il ne sollicitera qu’une seule faveur que sa capote et son képi soient remplacés pour être présenté au ministre de la guerre! Ils étaient percés par balles et baïonnettes en 14 endroits!

Pour soutenir le moral des parisiens assiégés, la presse encense, amplifie, déforme les exploits du sergent Hoff. Les prussiens mettent sa tête à prix (2.000 thalers d’argent), l’accusent d’atrocités et de pratiques de guerre déloyales relevant de la propagande pure. Il reçoit un courrier de vedette lui demandant d’assassiner Bismarck et Guillaume de Prusse...

Le 2 décembre 1870, le sergent Hoff ayant rejoint les rangs de son régiment est fait prisonnier lors de la tentative de sortie de Champigny. Il jette ses papiers et se déclare sous le nom de Wolff. Aucun de ses camarades ne le dénoncera malgré les soupçons des prussiens qui le recherchent toujours.

hoff A la suite de sa disparition, la presse parisienne qui l’avait couvert de louanges le traîne dans la boue, l’accusant de trahison, d’espionnage!

Rapatrié en mars 1871 il est réincorporé dans son régiment qui fait partie de l’armée de Versailles. Il est engagé dans la reconquête de Paris. Il fait preuve d’une grande témérité tant est grande sa désespérance. Il est grièvement blessé au bras gauche lors de l’assaut de la barricade de la rue de Lisbonne.

Le 10 mars 1872 il est réformé avec une maigre pension. La vexation de choisir sa nationalité ne lui sera pas épargnée! Il optera pour la France. Il refusera un brevet d’officier dans une armée étrangère. Auparavant, il fera le tour des rédactions qui l’avaient sali les obligeant à rétablir la vérité.

Il postule au titre des emplois réservés et devient gardien du square des arts et métiers. Le 1er avril 1879 sur intervention du maréchal de Mac Mahon président de la République, il est nommé gardien en chef de l’arc de triomphe, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1902.

hoff Ses obsèques seront payées par le ministère de la guerre, des délégations de tous les régiments de la garnison de Paris accompagneront son cercueil au cimetière du père Lachaise. Son tombeau est surmonté d’une statue sculptée par Bartholdi (financée par souscription publique) dont ce sera la dernière œuvre.

En 1910 le conseil municipal de Paris, donne le nom du sergent hoff à une rue du 17ème arrondissement. La ville de Bry sur Marne, sur souscription publique élèvera également un monument à la gloire du vieux soldat.

Ce soldat d’élite était la modestie même. À un général qui lui demandait comment il avait fait pour tuer autant de prussiens tout seul, il répondit "comme j’ai pu" !
La presse parisienne lui décerna le titre de premier sergent de France titre particulièrement honorifique récompensé par une légion d’honneur plus que méritée (il ne sera jamais décoré de la médaille militaire).





Texte de Georges Martinez, membre de la commission française d’histoire militaire.
Présentation et dossier audio par C.Aïcardi

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