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![]() | 21 août 1881 13 juin 1944 | ![]() |
Aubert, Achille, Jules Frère nait à Gévillers le 21 août 1881, il est le sixième des onze enfants d'une famille d'agriculteurs. Il reçoit une solide éducation chrétienne et fait de brillantes études secondaires au collège Saint-Bertin de Saint-Omer. Jeune bachelier à 18 ans, classé quatrième sur cinq cents au concours d'entrée de Saint-Cyr, il intègre l'Ecole militaire en 1900 avec la promotion "du Tchad" (1900-1902).
Les qualités d'Aubert Frère s'imposent déjà: son beau physique, sa prestance, ses yeux bleus exprimant tout à la fois franchise, volonté mais aussi bonté.
Affecté en Algérie à sa sortie de Saint-Cyr, il sert d'abord au 2e tirailleurs algériens dont les unités sont dispersées dans le sud oranais.
De 1902 à 1912, le lieutenant Frère sert aux confins algéro-marocains. Lyautey arrive en septembre 1903 à Aïn-Sefra et applique sa politique: réduire l'occupation dispersée, mettre les populations en confiance, assurer leur sécurité et provoquer leurs ralliements.
Pendant dix ans, le lieutenant Frère, d'abord à la tête d'une section de tirailleurs puis de groupes francs et de forces de police franco-marocaines, parcourt le djebel, le désert et la montagne. Son étonnante vigueur physique lui permet d'être, en permanence, à la tête de ses troupes lors des reconnaissance et des combats. Les opérations de Bou Denib (sud oranais) lui valent la Légion d'honneur.
En 1912, il participe à la pacification du Maroc, au nord et à l'ouest d'Oujda. Fin 1912, il rentre en France, devient capitaine à la suite d'une proposition exceptionnelle, méritée au combat de Debdou en avril 1912.
Ces dix ans d'Afrique ont mûri son esprit et agrandit encore sa foi religieuse, il se plaisait à dire « Quand on a vécu le silence du désert, cet indescriptible silence, ces nuits à la belle étoile, il est impossible de ne pas croire en Dieu ».
Grâce à Lyautey, il rejoint à Cambrai le 1er régiment d'infanterie auquel il restera toujours attaché. Il commande la 8e compagnie en octobre 1913.
Le 5 mai 1914, le capitaine Frère prend pour épouse sa cousine germaine Pauline Legrand, qui partagera la vie de son mari "pour le meilleur mais aussi pour le pire"!
Le 22 août 1914, il est blessé au cou par balle. A peine guéri, il reprend le commandement de sa compagnie en Champagne. Début 1915, il prend le commandement d'un bataillon du 84e régiment d'infanterie qui est engagé en Champagne à Woëvre. En août 1915, nommé chef de bataillon, il commande le 2e bataillon du 1er régiment d'infanterie et reçoit sa 4e citation près de Berry au Bac.
En mars 1916, le commandant Frère conduit son bataillon à Verdun et, en août, il participe avec lui à la bataille de la Somme. Le 24 août, après l'attaque de Maurepas, il est promu Officier de la Légion d'honneur.
En mars 1917, il est nommé chef de corps du 6e bataillon de chasseurs et participe à l'offensive Nivelle de 1917. En août et septembre, les combats du Chemin des Dames, où il est blessé à la cuisse, et l'attaque de Malmaison valent au 6e bataillon de chasseurs deux citations.
Le 21 avril 1918 le commandant Frère conduit son bataillon en Alsace, en Picardie où il est très grièvement blessé par un bombardement aérien.
Avec une volonté extraordinaire, il arrive à remarcher et, appuyé sur une canne, il viendra dire adieu à son bataillon en août 1918.
Promu lieutenant-colonel, fait commandeur de la Légion d'honneur, il est muté à l'État-major de Gouraud et peut ainsi participer à l'entrée triomphale à Strasbourg le 22 novembre 1918.
De 1920 à 1925, le colonel Frère commande à Cambrai son cher 1errégiment d'infanterie (il le retrouvera plus tard dans la résistance).
En 1925, il commande l'École d'application des chars à Versailles qu'il quitte en 1931 pour prendre le commandement de l'École de Saint-Cyr jusqu'en 1935 avec le grade de général.
A la déclaration de guerre, en 1939, le général Frère commande le 8e corps à Strasbourg avec le secteur fortifié des Vosges. Il participe à l'opération "Sarre" destinée à manifester la solidarité avec la Pologne.
Le 17 mai, le général Georges confie au général Frère la VIIe armée formée d'éléments venus de Flandres et complétée d'unités nouvelles en cours de formation. La VIIe armée, formée de douze divisions, a pour mission de tenir le front de l'Aisne et de la Somme entre le Chemin des Dames, le canal de l'Ailette et la vallée de la Somme, à l'est d'Amiens. Elle colmate la brèche ouverte sur Paris et reçoit, à partir du 6 juin, l'attaque des divisions allemandes. Le général Frère lutte sur la Somme puis sur l'Oise, mais doit reculer sous la poussée des divisions de Panzer.
Ayant assuré la retraite de ses forces, le général Frère se retrouve en zone sud après l'armistice. Ne cachant pas sa volonté de préparer la revanche, il prend des contacts avec le 2e Bureau et au sein de l'armée de l'armistice qui compte 100 000 hommes en métropole.
Le général Frère est nommé gouverneur militaire de Lyon et commandant la 14e division, puis en juillet 1941, commandant à Royat du deuxième groupe de divisions militaires, soit la moitié de l'armée d'armistice.
Partout, il affirme sa foi dans le relèvement de la France. Lors de l'invasion de la zone libre, le général Frère sera à l'origine de la création de la résistance militaire clandestine: l'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA) et en prendra la tête. Cette organisation fournira plus de 68000 hommes à l'armée de libération en 1944.
Il participe à toutes les réunions clandestines. Sa haute stature est surveillée et sa vie menacée mais il refuse de partir pour Londres pensant que son devoir est d'être en France.
Le 13 juin 1943, le général et madame Frère sont arrêtés par la gestapo. Suivront les arrestations des généraux Delestraint, Olleris et Gilliot.
Les interrogatoires se poursuivent sans relâche et sans ménagements. Madame Frère sera déportée en juillet 1944 à Ravensbrück (elle en reviendra). Le général Frère sera d'abord mis au secret à Fresnes pendant neuf mois puis le valeureux soldat sera déporté, le 5 mai, au camp d'extermination de Watzweiller-Strüthof qualifié "d'enfer d'Alsace".
La dernière joie du général Frère sera d'apprendre le débarquement en Normandie le 6 juin 1944. Il mourra le 13 juin, terrassé par une angine diphtérique et la dysenterie et sera incinéré.
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