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Le général FRANCESHI-DELONNE

franceshiJean-Baptiste Francesqui dit Franceshi-Delonne
Baron d’Empire
1767 – 1810
armes


Jean Baptiste Franceshi-Delonne est né à Lyon, le 4 septembre 1767. Passionné de sculpture, ayant reçu le prix de Rome, il est pensionnaire à la villa Médicis. De retour à Paris, il s’inscrit à la compagnie des arts en septembre 1792. Elu sous-lieutenant, il intègre le 9e bataillon de volontaires dits "de l’Arsenal" à l’armée de la Moselle. Il devient l’adjoint de l’Adjudant-Général J. Fr. Debelle à l’état-major de l’artillerie du corps d’Hatry. Il est nommé capitaine au 4e hussards en 1797. Il sert en Italie comme aide de camp de Soult. Chef d’escadron en 1799, colonel en 1802, il reçoit le commandement du 8e hussards en février 1805. Le 24 décembre de la même année, il reçoit les étoiles de général de brigade, est fait baron d’Empire et commandeur de la Légion d’Honneur.

En Italie, il est à l’état-major du Prince Eugène de Beauharnais et devient aide de camp du Roi Joseph en 1807. Chevalier de la Couronne de Fer du Royaume d’Italie en décembre 1807, il accompagne le Roi Joseph en Espagne en août 1808 où il commande une brigade de cavalerie légère sous les ordres de Ney. Début 1809, il retrouve Soult qui le place à la tête d’une division de cavalerie légère composée des 1er hussards, 22e chasseurs à cheval, 8e régiment de dragons et du régiment de chasseur à cheval de la Légion Hanovrienne. Ces quatre régiments sont rassemblés à Santiago, le 17 janvier. Soult reçoit l’ordre d’envahir le Portugal. La division Franceschi-Delonne, en avant-garde, pénètre au Portugal, se battant contre les bandes de la Romana. Oporto est occupée le 28 mars.
Les portugais se soulèvent, aidés par les trente mille hommes du général Wellesley. Voyant sa position délicate, Soult ordonne le repli des ses forces sous la protection en arrière-garde de la division de cavalerie légère. C’est le retour en Espagne le 18 mai, et le cantonnement à Lugo le 23. Chargé de rendre compte des dernières opérations au Roi Joseph, le général Franceschi-Delonne quitte le quartier général de Puebla de Sanabria, le 25 juin. Il est accompagné du capitaine Bernard, son officier d’ordonnance et du capitaine Antoine de Saint-Joseph, aide de camp du maréchal Soult. Le 28, ils sont attaqués à Zamora sur la route de Toro à Tordesillas par la bande d’El Capuchino. Faits prisonniers, ils sont emprisonnés à Seville, puis à l’Alhambra de Grenade, enfermés dans les cachots de la tour. Très bon dessinateur, le général réalise sur les murs de sa prison, des esquisses sur les principaux événements historiques, représentant notamment un bivouac du 8e hussards à Austerlitz. Séparé de ses compagnons, il est enfermé, seul, dans une cellule à Carthagène. Atteint par les émanations mortelles qui régnaient dans sa cellule, il meurt le 23 octobre 1810.



Le Colonel FRANCESCHI–DELONNE à Austerlitz

Le 11 novembre 1805, le corps de Soult s’établit à Austerlitz. Sur ordre de Napoléon, il détache toute sa cavalerie sur la Morava, rivière formant la frontière avec la Hongrie. Il s’agit de la brigade légère commandée par le général Margaron, composée des 11e et 16e chasseurs à cheval et du 8e hussards. Chaque régiment, dans son secteur, devra recueillir le maximum de renseignements sur l’ennemi et donner l’alarme. Le 8e hussards est commandé depuis le 1er février 1805 par Jean Baptiste Franceschi-Delonne. Modèle type du chef de cavalerie légère, il sert avec enthousiasme, passion, joie: le devoir accompli lui procure honneur et gloire. Il est plusieurs fois blessé pendant les campagnes du Rhin et de Sambre et Meuse, s’illustrant tout particulièrement pendant le siège subi par Masséna au printemps 1800. Il a mené son régiment dans les combats où pris part le corps de Soult : Ulm, Landsberg et Menningen pour atteindre la Morava dans un état d’épuisement très prononcé. Après une inspection minutieuse des hommes et des chevaux jugés capables de fournir un effort important, il garde auprès de lui, cent quatre vingt hussards. La qualité remplacera la quantité.
Le 25 décembre, il passe la Morava et rejoint le bourg de Goering au centre de son secteur, d’où il lance de nombreuses reconnaissances. Il transmet au quartier général impérial que le corps de l’archiduc Charles remonte le long de la rive gauche avec une importante cavalerie en avant-garde. Les vingt cinq mille hommes de l’archiduc se présentent le 29 devant le régiment. Le colonel juge rapidement la situation et décide d’interdire le passage de la rivière jusqu’au soir, puis de retraiter. Pour cela, les habitants sont contraints de dresser de solides barricades sur les passages donnant à l’est du cours d’eau sécurisant ainsi ses arrières. Au centre du bourg, un groupe à cheval surveille la mise en œuvre de ces dispositions.
Au début de l’après-midi l’avant-garde du régiment se replie, cédant le terrain sous la poussée de la cavalerie ennemie. De nombreux escadrons ennemis surgissent entre la rivière et le bourg, pensant pouvoir y pénétrer facilement. Ce sont des chevaux légers, des Uhlans et des cuirassiers autrichiens et russes et même plusieurs sotnias de cosaques et russes. Les premiers éléments reçus par le feu nourri des hussards se replient rapidement. Tout est calme, le colonel profite de cette tranquillité pour préparer le décrochage. Après une dernière inspection, il donne les ordres suivants: à six heures, tout le régiment monte à cheval, passe la rivière pour prendre position sur la route d’Auspitz, lui permettant de pouvoir rejoindre le gros de l’armée. Lui-même, avec la compagnie d’élite, tient les débouchés du bourg, puis se porte sur Auspitz devenant ainsi arrière-garde du régiment. La nuit est belle mais glaciale, la lune éclaire les rues vides du bourg. Comme prévu, le gros du régiment rejoint son poste. Au moment de quitter le bourg, des éléments ennemis surgissent du côté droit de la Morava et s’avancent sur les barricades protégeant les entrées du bourg. La compagnie d’élite et son colonel sont coupés du reste du régiment.
Rapidement, les cinquante hussards montent en selle. Le sabre à la main, ils prennent au grand trot la rue qui mène au pont sur lequel l’escadron de Uhlans est déja engagé. Au cri de "Vive l’Empereur" les hussards, au grand galop, foncent sur l’ennemi qui est culbuté. Trompés par l’impétuosité de cette attaque et par la nuit, les Uhlans croyant avoir à faire à l’ensemble du régiment se défendent sur le pont. Ne pouvant se dégager à droite et à gauche, ils sont précipités dans la Morava par dessus les parapets de bois. Le colonel suivi de la compagnie se lance au galop vers le point de ralliement sur la route d’Auspitz. Une dizaine de hussards sont blessés dont le capitaine de la compagnie, mais six hussards sont restés sur le pont. A trois cents mètres la route est occupée par une masse de quatre cents cosaques. Derrière, sortant du bourg, les escadrons autrichiens traversent le pont. Franceschi rassemble la compagnie en une colonne serrée, les blessés au centre et charge à nouveau. Au centre, sur la chaussée, les cosaques sont enfoncés. Le reste du régiment chargeant à son tour disperse les cavaliers ennemis. Le régiment est enfin réuni, entouré par la cavalerie ennemie qui ne lâche pas prise. Préférant rester sur une bonne route solide au lieu de se lancer de nuit sur le terrain environnant, détrempé et marécageux , le colonel partage sa troupe en trois détachements de même importance. Le premier, en avant-garde bouscule l’ennemi: le 2ème, en arrière garde, protège la retraite: Au centre, le troisième sert de réserve et se porte au secours de l’un des autres groupes, selon les besoins. Pendant plus de cinq heures, le régiment est attaqué sans répit de tous côtés. Chevaux légers, cosaques, uhlans et même cuirassiers se succèdent pour lui couper la route. Grâce à la prévoyance et à l’énergie de son chef qui passe de l’avant-garde à l’arrière-garde, renforçant les groupes affaiblis, la compagnie poursuit son avance. A minuit, par un froid glacial, l’ennemi, ayant subi des pertes importantes, abandonne la poursuite.
A bout de force, le régiment atteint Auspitz à huit heures. Sur les cent quatre vingt quatre cavaliers en poste à Goeding, la compagnie a eu un lieutenant tué, quatre officiers, et huit sous-officiers blessés ainsi que quarante deux hussards tués ou blessés.
Le 2 décembre à 6 heures, le colonel est devant son régiment rangé en bataille, face à Austerlitz. L’Empereur passant sur le front des troupes, lui crie "Toujours mon hussard ! toujours partout ! toujours intrépide ! toujours prêt à donner un bon coup de sabre !
A trois heures, réduit à cent vingt sabres, le régiment reçoit la mission de couper, de prendre ou de détruire les débris de l’armée ennemie en pleine déroute. Il charge le flanc d’une importante colonne de fantassins russes qui épouvantés jettent leurs armes. Il fait prisonnier quatre généraux, deux colonels, cinq majors, soixante officiers et deux mille cinq cents hommes.

Texte de Robert Alazet – Mars 2009.
Présentation et dossier audio par C.Aïcardi

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