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Fiche éditée le 30 septembre 2011

Charles, Eugène de FOUCAULD de Pontbriand

Officier français - Ecclésiastique - Missionnaire

foucauld15 septembre 1858
1er décembre 1916
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Issu d'une famille de la vieille noblesse française originaire du Périgord, Charles de Foucauld est né à Strasbourg le 15 septembre 1858. Son foucauld père, le vicomte Edouard de Foucauld de Ponbriand est inspecteur des forêts, sa mère, Elisabeth de Morlet, est issue de l'aristocratie lorraine.
Après le décès prématuré de ses parents en 1864, Charles et sa jeune soeur Marie, sont recueillis par leur grand-mère paternelle qui décède dans même année, puis par leur grand-père maternel, Charles-Gabriel de Morlet, colonel du génie en retraite qui va éduquer avec beaucoup d'affection ses petits enfants.
Après une scolarité primaire à l'école épiscopale de Saint-Arbogast, Charles entre au lycée de Strasbourg en 1868. Il suit l'exode de la famille de Morlet qui se réfugie à Berne pendant la guerre de 1870 puis se réinstalle à Nancy en 1871. Au terme de ses études secondaires, Charles obtient son baccalauréat en 1874 avec la mention "bien".

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Envoyé au collège des Jésuites de Sainte-Geneviève à Versailles pour y préparer le concours d'entrée à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr, Charles mène alors une vie dissipée qui lui vaut d'être exclu de cet établissement en mai 1876.
De retour à Nancy, ce sont les cours d'un précepteur qui lui permettront d'intégrer Saint-Cyr en juin 1876, admis 82ème sur 412. A l’école de Saint-Cyr, il cultive un genre de vie dissolue en compagnie de ses camarades de promotion. Il rejoint l'école de cavalerie de Saumur où la mort de son grand-père, en mars 1878, le touche profondément. L'héritage qu'il reçoit lui fournit cependant des revenus confortables qu'il dépense sans compter dans des soirées agitées et libertines. Fêtard impénitent, indiscipliné, peu assidu aux cours il totalise de nombreuses punitions pour ces motifs et quitte Saumur, classé 87ème sur 87 aux examens de sortie, pour être affecté en qualité de sous-lieutenant à Sézanne, dans la Marne.

La vie de garnison dans cette ville provinciale ne lui convient évidement pas, il demande à être muté et est affecté, en 1880, au 4ème chasseurs à Pont-à-Mousson, autre ville provinciale où il vit en concubinage avec une actrice parisienne et va mener la période la plus dissolue de son existence.
Faisant mouvement avec son régiment qui est désigné pour l'Algérie ou il deviendra le 4ème chasseurs d'Afrique, il emmène sa concubine avec lui malgré l'interdiction formelle qu'il avait reçu. Condamné à trente jours d'arrêts puis à la prison, il est mis temporairement hors cadres pour indiscipline en février 1881.
Réintégré sur sa demande quelques mois plus tard, Charles de Foucault rejoint alors son régiment qui combat l'insurrection de la tribu des Kroumirs dans le sud de l’Oranais. C'est au cours de cette campagne qu'il se liera d'amitié avec François-Henry Laperrine qui aura sans doute une bonne influence morale sur lui. Cette période marque la fin de sa vie de débauche et la révélation d'un chef militaire au comportement responsable, soucieux de ses hommes; elle va également l'amener à découvrir la langue arabe et l'Islam et l'inciter à connaître davantage cette civilisation qui le passionnera.

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Il projete un, voyage en Orient et son choix se fixe sur le Maroc qui est encore mal connu. A cet effet, il demande un congé qui lui est refusé. Il démissionne de l'armée et s'installe à Alger en mai 1882 pour préparer son expédition. Il étudie l'arabe et l'hébreu et le 10 juin 1883 il entreprend son périple accompagné du rabbin Mardochée Aby Serour qui lui sert de guide, se faisant passer lui même pour un juif afin de passer inaperçu dans ce pays alors interdit aux chrétiens.
Pendant un an, jusqu'au mois de mai 1884, il explore l'est marocain jusqu'à Meknès avant d'aller plus au sud, atteint le haut Atlas, progresse dans le désert jusqu'à Tissint avant de faire demi-tour face aux dangers encourus et au manque d'argent. Charles de Foucauld sera l'un des premiers européens à explorer cette partie du Maroc.
La masse considérable de renseignements ethnologiques accumulée au cours de ce voyage est récompensée par la médaille de la Société Géographique de Paris et les palmes académiques qui lui sont remises à la Sorbonne.
De retour à Alger, il s'éprend de la fille d'un officier géographe, Marie-Marguerite Titre, puis devant l'opposition de sa famille, il renonce à cette union, entreprend une expédition dans le Sahara de septembre 1885 à février 1886 et rentre en France.

A Paris, sa rencontre avec l'abbé Huvelin, vicaire de la paroisse de Saint Augustin, va l'amener à entrer en religion.
Après un pélerinage en Terre Sainte en 1888, il lègue tous ses biens à sa jeune soeur Marie et entre, le 16 janvier 1890, à la trappe du monastère de Notre Dame des Neiges. En juin 1890, il rejoint, à sa demande, la trappe cistercienne de Cheikhlé, la plus pauvre de l'ordre, près d'Alexandrette en Syrie, en plein territoire musulman. Il prononce ses voeux monastiques le 2 février 1892 sous le nom de "frère Marie-Albéric" et restera six ans dans ce monastère.
Cependant, le moine se sent de plus en plus attiré vers une expérience érémitique que lui refuse ses supérieurs de la Trappe qui l'envoient le 10 septembre 1896 au monastère de Staouéli en Algérie puis à Rome pour y suivre des cours de théologie. Mais, enfin convaincu de la vocation personnelle de Charles, l'abbé général des trapistes le dispense de ses voeux le 23 janvier 1897 et lui permet de se rendre en palestine où il menera de mars 1897 à mars 1900 une vie d'ermite, installé dans une modeste cabane chez les Clarisses de Nazareth qui l'emploient comme jardinier.
Ce séjour sera sa plus grande période mystique et le fondement de sa spiritualité durant laquelle il écrira plus de trois mille pages en trois ans.
De retour au monastère de Notre Dame des Neiges, il se prépare au sacerdoce et est ordonné prêtre au grand séminaire de Viviers le 9 juin 1901.

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Au mois d'octobre 1901, le "Père de Foucauld" s'installe à Béni-Abbés, une oasis située sur la rive gauche de la Saoura, au sud de l'Oranie, dans le Sahara occidental. Accueilli avec chaleur par les soldats qui voient en Charles de Foucauld l'un des leurs du fait de son passé militaire, l'aumonier privilégie aussi les contacts avec les populations musulmanes locales; il va également participer aux tournées d'approvisionnement organisées par le commandant Laperrine avec qui il avait sympathisé lors de sa première expérience militaire algérienne en 1881.
Ses tournées dans le sud algérien vont permettre à Charles de noter tous les lieux possibles d'installation, de collecter des informations sur la langue touarègue et de se lier d'amitié avec le chef de tribu Moussa Ag Agamastan qui l'autorise à s'installer dans le Hoggar.

Charles arrive à Tamanrasset le 13 août 1905, accompagné de Paul, un ancien esclave. Il se construit une maison en pierre et terre séchée et se fixe pour objectif de mieux connaître la culture touarègue afin de les évangéliser, et de rédiger un dictionnaire touareg-français qui sera publié en 1915 après dix années de recherches et d'études.
foucauld En 1907 et 1908, il vit un épisode difficile où il est profondément seul et subit la famine qui sévissait dans le Hoggar. Charles de Foucauld qui sort de cette épreuve épuisé et amaigri a changé radicalement sa manière de voir: il ne pense plus à convertir mais à aimer.
Après de courts séjours en France où il pose les bases de la "confrérie des frères et soeurs du sacré-coeur de Jésus" et d'une asociation de laïcs, il est de retour à Tamanrasset.
En 1914, la déclaration de guerre en Europe va entrainer plus d'insécurité dans le Hoggar avec la multiplication des "rezzous" opérant à partir du Maroc et le soulèvement des populations locales fomenté par la confrérie Senoussiste.

foucauld Charles de Foucauld réfuse de quitter son ermitage et de se réfugier à fort Motylinski mais l'a cependant sécurisé en construisant un fortin.
Le 1er décembre 1916, c'est là que, trahit par un touareg qu'il connaissait, il sera tué d'une balle dans la tempe par des pilleurs senoussistes qui avaient réussi à investir le fortin.

Charles de Foucauld est enterré le soir même par ses amis touaregs, à quelques mètres de la porte où il avait été abattu.
Son corps sera déplacé par le général Laperrine arrivé sur les lieux puis, à nouveau déplacé le 26 avril 1929, pour reposer dans le tombeau construit à El-Goléa, aujourd'hui appelé El- Méniaa.



Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.

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