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éditée le 21 août 2012

Louis, Léon, César FAIDHERBE

Général

Faidherbe03/06/1818
28/09/1889
bicorne

Né à Lille le 3 juin 1818, Louis, Léon, César Faidherbe est le cinquième enfant d'un modeste bonnetier lillois.
Obstiné et travailleur, il effectue de brillantes études secondaires qui lui permettent d'intégrer l'Ecole Polytechnique en 1838. A l'issue de sa formation, il choisit l'arme du génie et effectue son application à Metz.
Lieutenant en 1842, il n'aime pas la vie de garnison en France et parvient à se faire affecter en Algérie en 1843. Il va y découvrir la guerre coloniale, apprécier l'oeuvre de Bugeaud et observer attentivement le monde musulman.
Après un bref séjour en Guadeloupe en 1848 il revient en Algérie où ses qualités d'organisateur, sa résistance physique et morale le font remarquer.
De retour en France avec le grade de capitaine, il est hostile coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte qui va à l'encontre de ses convictions républicaines et c'est avec soulagement qu'il s'éloigne de la France lorsqu'il est affecté au Sénégal où il séjournera de 1852 à 1861 et de 1863 à 1865.

Pendant deux ans, il s’efforce de comprendre le pays. Il s’initie aux mœurs des populations, s’informe des problèmes en suspens, étudie l’œuvre de ses devanciers.
La France détient sur la côte deux comptoirs : Saint-Louis, fondé deux siècles plus tôt, en 1659, à l’embouchure du fleuve, et Gorée, une île en face du cap Vert.
Les commerçants européens de Saint-Louis se sont tournés au début du XIXe siècle vers le commerce de la gomme arabique, une sève extraite de l’acacia et très prisée de l’industrie chimique. Ils vivent au milieu d'une population très mélangée: faidherbe

Les Maures prélèvent un tribut sur le commerce de la gomme arabique et régulièrement assaillent les autres populations, voire la ville de Saint-Louis elle-même. Les commerçants de Saint-Louis jugent cette situation insoutenable et réclament la soumission de l’arrière-pays.
Faidherbe, promu chef de bataillon en 1854, prend leur parti, ce qui lui vaut d’être nommé gouverneur de Saint-Louis le 1er novembre 1854 par le ministre de la Marine Théodore Ducos.
Faidherbe va alors profiter des divisions tribales pour mener à bien son projet de création d'une colonie homogène autour du fleuve Sénégal.
Pour mener à bien son entreprise, le nouveau gouverneur dispose seulement d’une compagnie d’artillerie et de quatre compagnies d’infanterie de marine.
C'est avec ces faibles moyens qu'il va entreprendre la conquête des principautés du Sénégal, du Bambouk et du Foutou Toro, campagne durant laquelle, lors du siège de Médine en 1857, il viendra à bout d'un adversaire coriace: El-Hadj Omar, un Toucouleur qui s’est attiré un grand prestige dans l’Afrique musulmane par son pèlerinage à La Mecque et qui projetait de se tailler un royaume sur le fleuve Sénégal.

L’esprit libre, le gouverneur peut dès lors se consacrer à la colonie. Il établit un ambitieux plan d’urbanisme pour la ville de Saint-Louis. Dix ans plus tard, elle sera devenue une cité de quinze mille habitants, plutôt coquette, avec de nombreuses maisons de pierre, des chaussées en dur et un éclairage au gaz.
Pour favoriser l'émergence d'élites locales, il créé une école destinée aux enfants des chefs africains qui lui ont fait leur soumission où ils reçoivent un enseignement classique en langue française mais respectueux de leur religion native .
Il introduit la culture de l'arachide et initie les paysans locaux à cette production qui est exportée vers la France pour être transformée en huile alimentaire.
faidherbe En 1855, il crée la banque du Sénégal et en 1857, il met sur pied le corps de tirailleurs sénégalais sur le modèle des tirailleurs algériens et les dote d'une solde correcte et d'un uniforme rutilant. Ces troupes joueront plus tard un role essentiel dans la soumission de l'Afrique intérieure.
En novembre 1859, sur ordre du ministère de la Marine Faidherbe entreprend l'aménagement d'un nouveau port à l'extrémité de la presqu'île du Cap-Vert en un lieu apppelé Dakar. La nouvelle cité qui deviendra la capitale de la colonie va engendrer le declin de Saint-Louis qui, malgré la voie ferrée qui la relie à Dakar, va s'assoupir dans la nostalgie de son passé métissé.
Faidherbe élargit alors les bases françaises en annexant le royaume du Walo et une partie du Cayor, et en étendant le contrôle français sur le haut Sénégal en direction du Bambouk. Dans le Sud, il impose le protectorat français au royaume du Sine-Saloum, la Petite Côte, la presqu'île du Cap Vert, et poursuit son avancée jusqu'à la Casamance.
Promu général de brigade il va, pour raison de santé, quitter définitivement le Sénégal le 2 mai 1865.
Après une période de convalescence et de disgrâce impériale, il rejoint l'Algérie jusqu'en 1870. Il effectue des recherches ethnologiques et archéologiques et dote l'académie d'Hippone d'une riche bibliothèque. En 1869, ses travaux lui valent d'être fait chevalier de 1re classe de l'ordre du Nichan al-Iftikhar par le Bey de Tunis.
Depuis l'Algérie, il suit avec attention l'évolution du conflit franco-prussien. Après la défaite de Sedan, il adhère au sursaut patriotique du Gouvernement de Gambetta et est affecté le 19 novembre 1870 à l'armée du Nord avec le grade de général de division. De retour en Fance, il prend son commandement le 4 décembre 1870.
faidherbe Faidherbe oppose une résistance farouche aux troupes prusiennes le long de la ligne de front Le Havre - Thionville. Il parvient à les forcer de se retirer de Rouen, et prend le dessus aux combats de Pont-Noyelle, les 23 et 24 décembre 1870, à Péronne-Bapaume et Cambrai-Saint-Quentin en janvier 1871. Cette pugnacité, permet de desserrer l'étau des impériaux autour de Paris.
Après l'armistice, Faidherbe renonce à son commandement pour mieux s'impliquer dans la vie de Lille dont il devient le maire. Elu du Nord, il participe aux grands débats de la Troisième République, préside la Commission centrale des chemins de fer et plublie de nombreux ouvrages. Elevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'Honneur le 28 février 1880, il s'engage une dernière fois aux côtés du général Boulanger qu'il soutient lors de son ascension avant de décéder le 29 septembre 1889 à Paris.
Des funérailles nationales sont organisées le 2 octobre. Une foule nombreuse et une délégation officielle du Sénégal accompagnent le cortège à la chapelle des Invalides. Le lendemain, sa ville natale de Lille organise des obsèques grandioses. Les hommages se succèdent : la même année, le Sénat commande un buste pour le jardin du Luxembourg ; en octobre 1891 la ville de Bapaume inaugure une statue en son honneur ; Lille fait ériger une statue équestre en 1896.
Léopold Sedar Senghor, Président du Sénégal, dira de lui "Si je parle de Faidherbe c’est avec la plus haute estime, jusqu’à l’amitié, parce qu’il a appris à nous connaître..."
A son arrivée au Sénégal, Louis Faidherbe avait épousé "à la façon du pays" une jeune sénégalaise de quinze ans qui lui donnera un fils. En 1858, à 40 ans, il épousera aussi, de façon plus formelle, sa nièce de vingt ans, qui lui donnera trois enfants et les élèvera avec son fils métis.

faidherbe
Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.
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