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Fiche éditée le 24 juin 2011

Noël, Marie-Joseph, Edouard
Vicomte de CURIERES de CASTELNAU

Général

castelnau24 décembre 1851
19 mars 1944
armes

Né le 24 décembre 1851 à Saint-Affrique, dans l'Aveyron, Edouard de Castelnau est le troisième des cinq enfants d'une vieille famille catholique et monarchiste du Rouergue, son père est avocat et maire de la ville. Il fait ses études au collège local de Saint-Gabriel puis à Paris au collège Sainte Geneviève d'où il sort bachelier ès-sciences.
Il intègre l'Ecole militaire de Saint-Cyr en 1869, promotion du 14 août 1870. Affecté, à cette date, comme sous-lieutenant au 31e régiment d'infanterie, la désorganisation des services de l'arrière l'empêche de rejoindre son unité.

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Réaffecté le 2 octobre dans l'armée de la Loire comme lieutenant au 36e régiment de marche, il est promu capitaine le 27 novembre 1870, alors qu'il n'a que dix neuf ans, et va participer aux combats de Tusey, Sainte-Maxime, Chambord, Gué-du-Loir et le Mans puis, sous les ordres du colonel Davout, à la répression de la Commune.
En 1871, reclassé lieutenant par la commission de révision des grades, il sera à nouveau promu capitaine en 1876.
Il entre à l'Ecole de Guerre en 1878 et en sort breveté en 1880 avant d'être muté au 59e régiment d'infanterie à Toulouse. Stagiaire à l'état major du 17e corps, puis à celui de la 34e division, il revient au 17e corps en 1888.
Chef de bataillon le 6 mai 1889, il reçoit la croix de la légion d'honneur en 1891 puis rejoint le général de Miribel en 1893 au premier bureau de l'état-major général à Paris. Lieutenant-colonel le 10 septembre 1896, il est promu sous-chef puis chef du premier bureau, et officier de la légion d'honneur en 1899.
Lors de l'arrivée du général André au ministère de la Guerre, la fidélité de Castelnau à la foi catholique et sa prise de position lors de l'affaire Dreyfus vont le mettre à l'écart des hautes responsabilités et il est relevé de la direction du premier bureau.
Colonel, il part commander le 37e régiment d'infanterie à Nancy entre 1900 et 1905.

Chef d'état-major du général Michal, commandant supérieur de la défense de Belfort, Castelnau est nommé général de brigade le 25 mars 1906, commande la 24e brigade à Sedan puis la 7e brigade à Soissons.
Son militantisme religieux lui vaut encore d'être exclu du tableau d'avancement en 1908, avant d'être promu général de division, le 21 décembre de l'année suivante, où il prend le commandement de la 13e division à Chaumont.

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Le 2 août 1911, appelé à l'état-major par Joffre, il prend les fonctions de premier sous-chef d'état-major. La même année, il est promu commandeur de la légion d'honneur et à la fin de 1913, il entre au Conseil Supérieur de la Guerre.

En 1914, le général de Castelnau commande la 2e armée de Lorraine lors de la bataille de Morhange. Progressant simultanément avec la 1ère armée de Dubail, il atteint le signal de Barouville, au-delà de Dieuze et de la région des étangs.
Le 8 août, il sauve la ville de Nancy, par son héroïque résistance au Grand-Courronné, en arrêtant la marche du prince Ruprecht de Bavière par une attaque de flanc, suivie d'une violente bataille qui durera jusqu'au 12 septembre.
Castelnau prolonge son action vers l'Est et la victoire de la trouée de Charmes empêchera les armées françaises d'être tournées par la droite et rend possible leur redressement.
Ces succès valent au général de Castelnau d'être fait Grand-Officier de la Légion d'honneur le 18 septembre 1914.

Commence alors la "course à la mer" : Castelnau transporte la 2e armée sur l'aile gauche afin d'encercler l'ennemi qui se replie dans les dunes de Nieuport. A Roye et devant Arras, il poursuit avec acharnement la lutte.

En juin 1915, il est nommé au commandement du groupe d'armées du centre et dirige l'offensive de Champagne du 25 septembre 1915. En quelques jours il fait 25000 prisonniers, prend 125 canons et contrôle une zone de plusieurs kilomètres de profondeur en territoire allemand. A la suite de cette victoire il est élevé, le 8 octobre 1915, à la dignité de Grand-Croix de la Légion d'honneur et devient l'adjoint du généralissime Joffre.
Cette promotion est saluée dans la presse française et étrangère, l'Express de Lyon écrira : "...c'est une promotion qu'il ne doit qu'à son mérite incontestable..." ; son adversaire, le général Kluck dira de lui: "L'adversaire français vers lequel sont allées instinctivement nos sympathies, à cause de son grand talent militaire et de sa chevalerie, c'est le général de Castelnau. Et j'aimerais qu'il le sût".

En février 1916, après un voyage à Salonique pour étudier l'organisation éventuelle de la place, ses recommandations concernant la défense de la Meuse influencent la bataille de Verdun et permettent de ne pas abandonner la rive droite à l'ennemi.
Mis en non activité en 1916, lors du remplacement de Joffre par Nivelle, il effectue en janvier 1918 une mission de liaison en Russie. A son retour en mars, rappelé par Foch, il prend le commandement des armées de l'Est, est décoré de la médaille militaire en septembre et participe à la grande offensive de la victoire de 1918, entrant triomphalement à Colmar, puis Strasbourg.

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Maintenu en activité sans limite d'âge, placé hors cadre sans commandement, le général de Castelnau préside la commission nationale des sépultures militaires qui organise les grands cimetières nationaux.

Elu député de l'Aveyron en 1919, il est très actif au sein de la commission de l'armée à la Chambre. Marginalisé en raison de son militantisme de droite et de son bellicisme affirmé, il succède à Barrès en 1923 à la tête de la ligue des patriotes. Battu aux élections de 1924, il fonde l'année suivante la Fédération Nationale Catholique (FNC), afin de mettre en échec le projet anti-clérical du cartel des gauches. Il met en place, en moins d'un an, une vaste organisation pyramidale de 1,5 à 2 millions de membres, organisant des manifestations de masse qui contraindront le gouvernement Herriot à reculer. La FNC est un véritable groupe de pression qui exerçe un rôle d'arbitrage lors des élections, et surveille la vie parlementaire, notamment dans les domaines relatifs à l'éducation, la famille et les libertés religieuses. Le général de Castelnau dispose en plus d'une tribune, "L'Echo de Paris", influent journal de droite, dans lequel il combat l'anticléricalisme ainsi que la politique de réconciliation franco-allemande menée par Briand.
L'influence politique de Castelnau diminuera au cours des années 30. En 1940, retiré dans sa propriété de l'Hérault, bien que favorable aux valeurs républicaines, il manifeste une profonde méfiance à l'égard de Pétain et condamne l'armistice.

Il décède le 19 mars 1944 au château de Lasserre à Montastruc-la-Conseillère et est inhumé, le 21 mars, dans le caveau de famille à Montastruc.
Bien qu'oublié par l'histoire, le général Edouard de Castelnau a figuré au rang des personnalités de son époque. Fin lettré, il était membre de l'Institut, et membre de la société des Sciences, Arts et Lettres de l'Aveyron. Son courage et sa maîtrise de l'art militaire étaient unanimement reconnus par les alliés de la France qui l'ont élevé aux plus hautes dignités.
Cependant, ses idées en matière de politique et religieuse lui valurent l'hostilité de nombreux hommes politique de son époque. De ce fait et en dépit des services rendus à la nation, le général de Castelnau n'accèdera pas au maréchalat.
Une statue, érigée en son honneur dans le jardin public de saint-Affrique, rapelle son souvenir; une rue de sa ville natale et à Strasbourg portent encore son nom, une salle lui est consacrée au musée militaire de Vincey dans les Vosges.


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Texte, présentation et dossier audio par Claude Aïcardi.

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