retour profilsédité le 12 janvier 2010
François, Achille BAZAINE
Maréchal de France
| 1811 - 1888 | Condamné à la dégradation militaire le 10 décembre 1873 |
François Achille Bazaine est né le 13 février 1811 à Versailles. Il est le fils du général Pierre Dominique Bazaine, polytechnicien et ingénieur
émérite de Napoléon 1er, et de Marie Madeleine Josèphe Vasseur.
Ayant échoué en 1830 au concours d'entrée à l'Ecole polytechnique, il s'engage le 28 mars 1831 au 37e régiment d'infanterie puis sert
dans la Légion étrangère où il est nommé sous-lieutenant en novembre 1833.
Lieutenant en 1835, il sert en Espagne avec son régiment, est nommé capitaine à titre espagnol puis à titre français en 1839.
De retour en Algérie de 1840 à 1854, excellemment noté, il est chef de bataillon, chef du bureau arabe de Tlemcen en 1844, participe à la capture
d’Abdelkader en 1947, est nommé lieutenant-colonel en 1848.
De 1850 à 1854, colonel, il sera successivement directeur des affaires arabes de la division d’Oran, chef de corps du 1er régiment
Etranger et commandant de la subdivision de Sidi-bel-Abbes.
Nommé général de brigade en 1854, il participe à la campagne de Crimée à la tête des deux régiments de Légion puis comme commandant militaire
de Sébastopol.
Général de division en septembre 1855, il commande la 2e division du 1er corps d’armée de l’armée d’Orient,
et obtient la reddition de la forteresse de Kinburn.
De retour en France, il occupe le poste d’inspecteur de l’infanterie puis prend le commandement de la 19e Division Militaire à Bourges.
Durant la campagne d’Italie il se distingue à Méléguaono (08/06/1859) et à Solférino (24/06/1859) à la tête d’une division d’infanterie.
En 1862, le général Bazaine commande au Mexique la 1ère division du corps expéditionnaire; il est le principal artisan de la
victoire de Puebla et devient chef du Corps expéditionnaire en 1863 en remplacement de Forey.
Elevé à la dignité de Maréchal de France le 5 septembre 1864 et élu sénateur à la même date, il commande en personne le siège d’Oaxaca, est
félicité par l’Empereur qui lui remet la médaille militaire.
Rentré en France en 1867, il commande le 3e CA de Nancy, le camp de Chalons puis est nommé commandant en chef de la garde Impériale
en 1869.
Durant la guerre de 1870, il est à la tête du 3e CA de l'armée du Rhin, puis des 2, 3 et 4e corps de cette armée et, en plein combats, commandant en chef de l’armée, au lieu de retraiter sur Chalons pour y rejoindre des réserves et faire face aux troupes allemandes il replie, le 16 août, son armée de 180000 hommes sur Metz ou il s'enferme.
Encerclé, après plusieurs tentatives de percée, il capitule le 28 octobre et est fait prisonnier de guerre.
Jugé en conseil de guerre, le 10 décembre 1873, Bazaine est reconnu coupable d'avoir capitulé en rase campagne, d'avoir traité avec l'ennemi et
d'avoir rendu la place de Metz avant d'avoir épuisé tous les moyens de défense dont il disposait. Le tribunal, présidé par le duc d'Aumale, le
condamne à la peine de mort avec dégradation militaire.
Sa peine est commuée en 20 années de prison, sans cérémonie de dégradation, par le nouveau maréchal-président Mac-Mahon, qui lui-même avait été
battu à Sedan.
Bazaine est emprisonné au fort de l'île Sainte-Marguerite, au large de Cannes, d’où il s'évade dans la nuit du 9 au 10 août 1874 et se réfugie
en Espagne à Madrid.
Le 17 avril 1887, Louis Hillairaud, un français qui « voulait venger sa patrie » le blesse d'un coup de poignard au visage.
L'année suivante, le 23 septembre, Bazaine meurt d'une congestion cérébrale.
Il est inhumé au cimetière de San Justo (Patio Millau, niche 1916).
Texte, présentation et dossier audio par C. Aïcardi
ARRET DU CONSEIL DE GUERRE
CONDAMNANT LE MARECHAL BAZAINE
DU CHEF DE CAPITULATION
À huit heures cinquante-cinq minutes, le Conseil rentre en séance.
M. le PRESIDENT se couvre, et prononce le jugement suivant:
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
Ce jourd’hui, 10 décembre 1873, le 1er conseil de guerre permanent de la Ièredivision militaire délibérant à huis clos, le
président a posé les questions suivantes:
- 1ère Question. Le maréchal Bazaine est-il coupable d’avoir, le 28 octobre 1870, comme commandant en chef de l’armée du Rhin,
capitulé en rase campagne ?
- 2e Question. Cette capitulation a-t-elle eu pour résultat de faire poser les armes aux troupes dont le maréchal Bazaine avait le
commandement en chef ?
- 3e Question. Le maréchal Bazaine a-t-il traité verbalement, ou par écrit, avec l’ennemi sans avoir fait préalablement tout ce que
lui prescrivaient le devoir et l’honneur ?
- 4e Question. Le maréchal Bazaine, mis en jugement après avis d’un conseil d’enquête, est-il coupable d’avoir, le 28 octobre 1870,
capitulé avec l’ennemi, et rendu la place de Metz, dont il avait le commandement supérieur, sans avoir épuisé tous les moyens de défense dont il
disposait, et sans avoir fait tout ce que lui prescrivaient le devoir et l’honneur ?
Les voix recueillies séparément, en commençant par le juge le moins ancien en grade, le président ayant émis son opinion le dernier, le 1er
conseil de guerre déclare:
- Sur la 1ère question: OUI, à l’unanimité.
- Sur la 2e question: OUI, à l’unanimité.
- Sur la 3e question: OUI, à l’unanimité.
- Sur la 4e question: OUI, à l’unanimité.
Sur quoi, et attendu les conclusions prises par le Commissaire spécial du gouvernement dans ses réquisitions, le président a lu le texte de la
loi, et a recueilli de nouveau les voix dans la forme indiquée ci-dessus pour l’application de la peine.
En conséquence, le Conseil, vu les dispositions des articles 210 et 209 du Code de justice militaire, ainsi conçus:
- Article 210. - Tout général, tout commandant d’une troupe armée qui capitule en rase campagne est puni:
- 1e De la peine de mort, avec dégradation militaire, si la capitulation a eu pour résultat de faire poser les armes à sa
troupe, ou si, avant de traiter verbalement ou par écrit, il n’a pas fait tout ce que lui prescrivaient le devoir et l’honneur;
- 2e De la destitution dans tous les autres cas.
- Article 209. - Est puni de mort, avec dégradation militaire, tout gouverneur ou commandant qui, mis en jugement après avis d’un conseil
d’enquête, est reconnu coupable d’avoir capitulé avec l’ennemi, et rendu la place qui lui était confiée, sans avoir épuisé tous les moyens de
défense dont il disposait, et sans avoir fait tout ce que lui prescrivaient le devoir et l’honneur.
Condamne, à l’unanimité des voix, François-Achille BAZAINE, maréchal de France, A LA PEINE DE MORT AVEC DEGRADATION MILITAIRE.
Et vu l’article 138 du Code de justice militaire ainsi conçu:
«Si le condamné. est membre de l’ordre de la Légion d’honneur ou décoré de la médaille militaire, le jugement déclare, dans les cas prévus par
les lois, qu’il cesse de faire partie de la Légion d’honneur ou d’être décoré de la médaille militaire.»
Le 1er conseil de guerre déclare que le maréchal Bazaine cesse de faire partie de la Légion d’honneur, et d’être décoré de la médaille
militaire.
Condamne, en outre, le maréchal Bazaine aux frais de la procédure envers l’État, par application de l’article 139 du Code de justice militaire,
ainsi conçu:
«Le jugement qui prononce une peine contre l’accusé le condamne aux frais envers l’État.»
Enjoint au Commissaire spécial du gouvernement de faire donner, immédiatement, en sa présence, lecture du présent jugement au condamné, devant
la garde rassemblée sous les armes, et de l’avertir que la loi lui accorde vingt-quatre heures pour se pourvoir en révision.
Le PRESIDENT. - La séance est levée.
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